Le vaccin antigrippal protège le cœur
Selon une étude présentée au congrès canadien de santé cardio-vasculaire, se faire vacciner contre la grippe aurait un effet protecteur sur le cœur. «Le vaccin antigrippal permet de réduire le risque de développer un événement cardiaque majeur, comme un infarctus», conclut le Dr Jacob Udell, cardiologue à l’université de Toronto, après avoir compilé quatre recherches cliniques menées sur le sujet entre 1998 et 2004.
Dans cette méta-analyse incluant 3227 patients atteints ou non de pathologies cardiaques, la moitié des participants ont été vaccinés, tandis que l’autre moitié a reçu un placebo. Après un an, les patients protégés contre la grippe avaient un risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral réduit de moitié. Le risque de décès, toutes causes confondues, était diminué de 40 %.
Ces résultats sont cependant à prendre avec précautions, car ils n’ont pas été soumis à une relecture scientifique, comme le souligne le Pr Antoine Flahault, directeur de l’École des hautes études en santé publique: «Sur ce sujet très débattu, il faudrait conduire un vaste essai randomisé qui n’a toujours pas été réalisé à ce jour.» Une étude publiée en juin par une équipe taïwanaise avait déjà mis en évidence une diminution du risque de décès et du nombre d’hospitalisations, chez les personnes âgées de plus de 65 ans avec antécédents cardiaques, en cas de vaccination contre la grippe. Mais d’autres travaux se sont révélés non concluants.
Ces études remettent toutefois en lumière l’intérêt de la vaccination en cas d’insuffisance cardiaque grave ou d’antécédents cardiaques. «En cas d’agression pulmonaire, les sujets fragiles risquent une décompensation qui peut leur être fatale. D’où l’importance de les protéger d’une infection virale», rappelle le Pr Hervé Douard, cardiologue au CHU de Bordeaux. En France, le vaccin contre la grippe est ainsi recommandé chez les plus de 65 ans, les femmes enceintes et les obèses, mais aussi chez les personnes fragilisées par une affection chronique (maladie cardiaque, pulmonaire, métabolique, immunologique, cancéreuse). Le vaccin est également conseillé à leur entourage.
Pourtant, le taux de couverture vaccinale est en forte baisse. Moins de la moitié des personnes à risque se sont fait vacciner l’hiver dernier. «Alors que la grippe saisonnière entraîne une mortalité et une surmortalité induite de plusieurs milliers de cas, le nombre de personnes vaccinées reste nettement inférieur aux objectifs de santé publique», regrette le Pr Bruno Lina, responsable du centre national de référence de la grippe, à Lyon.
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