L’élément du corps humain resté caché 134 ans explique les genoux qui se dérobent
L’anatomie n’est pas une science morte. Un groupe de six médecins et chirurgiens belges viennent de découvrir l’existence d’une nouvelle structure au sein des genoux humains. Tous les sportifs ou presque connaissent les fameux ligaments du genou. Il faudra désormais y associer le ligament antéro-latéral (LAL).
Cette étonnante découverte est annoncée dans le dernier numéro de Journal of Anatomy. Elle y est signée d’une équipe dirigée par Steven Claes et Johan Bellemans (Université catholique de Louvain). Les autres signataires (Evie Vereecke, Michael Maes, Jan Victor, Peter Verdonk) travaillent au centre hospitalier universitaire de Gand et au Centre orthopédique d’Anvers.
Ils cherchaient à comprendre pourquoi certains de leurs patients continuaient à souffrir de dérobements (ou d’une instabilité chronique) du genou et ce en dépit d’une réparation réussie des ligaments croisés. Ces praticiens ont pris comme point de départ un article publié en 1879 par Paul Segond, célèbre chirurgien français.
Spécialiste des interventions dans la sphère uro-génitale, cet expérimentateur-inventeur s’était aussi intéressé à l’articulation du genou. Le Dr Second en était alors arrivé à postuler l’existence d’un ligament supplémentaire antérieur. Il avait notamment décrit une structure nacrée de nature fibreuse et résistante à la face antéro-externe du genou humain. Cette région est aujourd’hui perçue de différente manière mais aucune description anatomique claire n’en a été faite, pas plus que sa fonction n’était comprise. Tel n’est plus désormais le cas.
134 ans plus tard, le postulat du chirurgien français est vérifié. Et la découverte belge vient éclairer ce qui restait une énigme de la chirurgie orthopédique de l’articulation centrale du membre inférieur – et tout particulièrement de la déchirure du croisé antérieur. Il aura fallu 41 cadavres et la mise en œuvre d’une technique de dissection macroscopique.
Les chirurgiens orthopédistes belges sont aujourd’hui formels: leur ligament antéro-latéral (LAL) est présent au sein de 97% de genoux humains. Ils en décrivent les attaches (sur le fémur et le tibia), le parcours (face antéro-interne du tibia) et les rapports avec les structures anatomiques voisines.
Et tout laisse penser qu’il a pour fonction de participer à la rotation interne du tibia. Déchiré, il expliquerait cette situation bien particulière qu’est le «dérobement résiduel du genou» (que l’on peut voir ici au travers de la positivé du «pivot shift test »).
Les auteurs espèrent que leur découverte permettra de mieux traiter les blessures conduisant à des lésions des croisés. Ils travaillent d’ores et déjà à mettre au point des techniques chirurgicales de réparation du LAL. Reste à lui donner un nom. Rien n’interdit de penser que les chirurgiens belges donneront, en hommage confraternel, à ce sixième ligament, le nom du Dr Second.
J.Y.N
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