Michael Schumacher: les accidents graves de ski ressemblent de plus en plus à ceux de la route
Michael Schumacher, 44 ans, est actuellement dans un «état critique». Il a été victime d’un accident de ski survenu dans la fin de matinée du dimanche 29 décembre alors qu’il skiait en dehors des pistes balisées de la station de Méribel (Savoie). Transporté par hélicoptère à l’hôpital de Moûtiers il a ensuite été rapidement hospitalisé au CHU de Grenoble. A son arrivée, le diagnostic porté a été celui de «traumatisme crânien grave avec coma». Le Pr Gérard Saillant, ancien chef de service orthopédique et traumatologique du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière (dont le sextuple champion du monde de F1 avait été un patient pour une blessure aux jambes) est arrivé à l’hôpital dans une voiture de la gendarmerie nationale.
Le service de presse de la station savoyarde a précisé que l’accident s’était produit dans un secteur non balisé entre les pistes Georges Mauduit et de la Biche. A l’arrivée des secours, il était conscient mais un peu agité. Dans une déclaration écrite diffusée par l’agence allemande SID, Sabine Kehm, l’agent de l’ancien pilote a indiqué que l’accident est survenu au cours d’un séjour au ski d’ordre privé, que Michael Schumacher portait bien un casque et qu’il n’était pas seul.
Cet accident survient après une récente série d’autres, souvent mortels, dont ont également été victimes des skieurs pratiquant le hors piste.
Les membres de l’association Médecins de Montagne (soixante médecins dans trente-quatre stations) observent que depuis les années 1980, les accidents graves de ski s’apparentent de plus en plus à ceux de la circulation routière: traumatismes crâniens et vertébraux, fractures du bassin et du fémur. Dans la période précédente (durant les années 1960-70), il s’agissait pour l’essentiel des fractures de jambes par torsion dues à l’absence de fixations de sécurité. Puis, progressivement, les lésions graves se sont déplacées vers le haut du corps avec une épidémie de lésions ligamentaires du genou et des traumatismes des membres supérieurs.
L’augmentation du nombre des traumatismes crâniens résultent de la recrudescence de chocs violents. Ce phénomène est la conséquence directe de l’augmentation de la vitesse, de la croissance de la fréquentation des pistes et du développement du ski hors pistes. Toujours selon l’association Médecins de Montagne, environ le tiers des blessures à la tête diagnostiquées chez des skieurs sont la conséquence de collisions entre skieurs. Le paradoxe veut que ce soit souvent pour éviter la foule des pistes (et les possibles collisions) que les skieurs continuent à s’aventurer dans des domaines neigeux non balisés où ils s’exposent (et exposent autrui) à d’autres risques.
Les spécialistes recensent 3% de traumatismes crâniens sur les 140.000 accidents dont sont victimes un peu plus de sept millions de pratiquants. Ils ont toutefois observé une diminution du pourcentage de traumatismes crâniens chez les enfants après la première campagne de prévention lancée menée en 1993. En 1998, près de 30% des enfants étaient équipés de casques. Les lésions potentiellement les plus dangereuses restent le fait d’adultes jeunes, qu’il s’agisse de ski alpin comme de surf. Sur les 7,7 millions de pratiquants de la saison 2010-2011, on a compté 140.000 accidentés soit une incidence de 2,68 blessés pour 1.000. Près de 5% des blessés ont dû être immédiatement hospitalisés et un sur mille a été victime de traumatismes graves. Tout comme en 2009 et 2010, le nombre de traumatismes crâniens a augmenté pour atteindre 3,3% du total.
L’accident grave de Michael Schumacher va relancer la controverse sur l’ambiguïté d’une pratique (le ski hors piste), à la fois dangereuse et tolérée. En France, de nombreuses stations font la promotion de cette pratique dans laquelle elles voient un argument important de vente auprès d’une clientèle croissante.
En janvier 2010 après une série d’accidents mortels causés par des avalanches, la justice avait demandé aux moniteurs et guides de montagne de mieux encadrer la pratique du ski hors-piste. «Il n’y a pas de fatalité dans ces accidents dramatiques. Il faut que les guides et les moniteurs apprennent à renoncer, ou à refuser une sortie, si les conditions sont défavorables», avait alors publiquement déclaré le procureur général de Chambéry, Denis Robert-Charrerau. «Il y a cinq ans seulement, nous étions toujours sûrs de trouver une pente vierge en arrivant de bon matin au sommet, déclarait alors au Figaro Roland Georges, guide de montagne à Courchevel, en Savoie. Aujourd’hui, une foule se rue dès l’ouverture des remontées mécaniques. Les guides sont obligés de se retrancher dans des endroits moins accessibles pour trouver de la poudreuse intacte.»
Pour sa part, le Syndicat national des guides de montagne incite les professionnels à ajuster leurs pratiques tout en rappelant que le nombre de morts dans des avalanches reste stable –une trentaine environ chaque année.
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