L’inquiétante vague anti-vaccin américaine
«Depuis la fin des années 1990, un nombre croissant de parents américains s’est convaincue–à l’encontre de toutes les preuves scientifiques– que les risques de l’immunisation dépassaient ses bénéfices», écrit The Week. Une peur qui prend racine dans une étude aujourd’hui discréditée du médecin Andrew Wakefield, selon lequel des cas d’autisme qu’il a étudiés en Grande-Bretagne sont dus au vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole.
L’exemption pour croyance personnelle, qui permet aux parents qui le souhaitent de ne pas vacciner leur enfant pour des raisons religieuses ou philosophiques, serait utilisée par 5 à 8% d’entre eux dans certains Etats.
En 2012, la coqueluche a touché 50.000 personnes dans le pays, causant la mort de 18 d’entre elles. Une ampleur inédite depuis un demi-siècle pour cette infection respiratoire qui avait été pratiquement annihilée par la vaccination. Selon des statistiques fédérales, 128.000 Américains ont contracté des maladies dues à une absence de vaccination depuis 2007, et 1.336 en sont décédés.
Cette vague inquiète donc les autorités de santé, puisque le choix de ne pas se vacciner, au-delà de la décision personnelle, rend plus vulnérable l’ensemble de la population si un nombre trop important de personnes agit de la sorte.
Ces «anti-vaxxers» se trouvent dans des milieux sociaux et des zones géographiques très diverses: des progressistes urbains souhaitant le retour à la terre, des communautés rurales, regilieuses et conservatrices se méfiant de la science, ou encore des libertariens qui ne font pas confiance au gouvernement.
Comme le notait Le quotidien du médecin en mars 2013, cette tendance à la baisse de la vaccination touche aussi la France. Selon les chiffres d’IMS Health, une entreprise qui fait des études et du conseil dans domaine de la santé, la période 2008-2012 a vu les ventes d’unités de vaccins baisser de 12% toutes catégories confondues, et jusqu’à -40% pour la rougeole.
Là encore, «la surmédiatisation des effets secondaires éventuels liés aux vaccins pourrait faire oublier les risques des maladies en question».
Mais le contexte de l’épidémie H1N1 a aussi joué un rôle dans cette défiance. Comme l’écrivait en 2010 sur Slate Jean-Yves Nau, un rapport du Sénat sur «le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe A (H1N1)» critiquait sévèrement le plan du gouvernement, indiquant que les erreurs d’estimation sur l’ampleur de l’épidémie comme les liens des experts avec l’industrie ont «été l’occasion d’une remise en cause sévère de l’expertise publique dans l’opinion.»
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