Comment une alimentation trop salée favoriserait l’Alzheimer
Une alimentation riche en sel peut affecter le fonctionnement cognitif en causant une carence en oxyde nitrique, un composé essentiel au maintien de la santé vasculaire du cerveau, montre une étude publiée en octobre dans la revue Nature.
Lorsque les niveaux d’oxyde nitrique sont trop bas, des changements chimiques affectant la protéine tau se produisent dans le cerveau, ce qui contribue à la démence.
L’accumulation de dépôts de tau est impliquée dans le développement de la maladie d’Alzheimer chez l’humain.
Giuseppe Faraco du Weill Cornell Medicine et ses collègues avaient déjà montré en 2018 qu’une alimentation riche en sel causait la démence chez la souris. Un régime à haute teneur en sel, avait montré l’équipe, provoque la libération par les cellules de l’intestin grêle d’interleukine-17 (IL-17) qui favorise l’inflammation.
L’IL-17 entre ensuite dans la circulation sanguine et empêche les cellules des parois des vaisseaux sanguins alimentant le cerveau de produire de l’oxyde nitrique. Ce composé agit en relaxant et élargissant les vaisseaux sanguins, ce qui permet au sang de mieux circuler. Inversement, une carence en monoxyde d’azote peut limiter la circulation sanguine.
Faraco et ses collègues ont émis l’hypothèse que le sel cause probablement la démence chez la souris parce qu’il contribue à restreindre la circulation sanguine vers le cerveau. Mais ils se sont rendu compte que la restriction de la circulation sanguine n’était pas assez sévère pour empêcher le cerveau de fonctionner correctement.
Dans cette nouvelle étude, ils ont constaté que la diminution d’oxyde nitrique dans les vaisseaux sanguins affecte la stabilité des protéines tau dans les neurones. Cette protéine fait partie de la structure des neurones. Celle-ci, appelée cytosquelette, aide à transporter les matériaux et les nutriments à travers les neurones.
La protéine devenant instable et se détachant du cytosquelette, elle cause des problèmes, explique le chercheur. La tau n’est pas censée être libre dans la cellule. Une fois qu’elle se détache du cytosquelette, elle peut s’accumuler et causer des problèmes cognitifs.
Les chercheurs ont constaté que des niveaux sains d’oxyde nitrique maintiennent la protéine tau sous contrôle. « Ils freinent l’activité causée par une série d’enzymes qui conduit aux taupathies ».
Dans l’ensemble, cette étude souligne l’importance de la santé vasculaire pour le cerveau.
Bien que des recherches sur l’apport en sel et la cognition chez les humains soient nécessaires, l’étude actuelle sur la souris est un rappel à réguler la consommation de sel, souligne le chercheur. « Et ce qui est mauvais pour nous ne vient pas de la salière, mais d’aliments transformés et d’aliments servis au restaurant
», rappelle-t-il.
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