Extension de la PMA : les évêques de France s’y opposent
Le 24 septembre 2018
C’était une promesse électorale du président Macron : étendre la PMA aux femmes célibataires et aux couples de lesbiennes. Le projet de loi devrait être présenté d’ici la fin de l’année mais déjà, les opposants montent au créneau, notamment les évêques de France, qui viennent d’exprimer leur inquiétude dans une déclaration publiée le 20 septembre.
L’épiscopat évoque « 5 obstacles éthiques majeurs à l’extension de la PMA »
Dans le cadre de la révision de la loi sur la bioéthique, qui sera discutée au Parlement début 2019, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a été invité à débattre, lors des États généraux de la bioéthique, de l’ensemble des sujets concernant cette révision, notamment le projet d’étendre la PMA. Si le Conseil national de l’Ordre des médecins a annoncé mercredi 19 septembre au journal La Croix ne pas être hostile à l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes, la Conférence des évêques de France (CEF) a déclaré y être opposée.
Dans une longue déclaration commune intitulée « La dignité de la procréation » et publiée jeudi 20 septembre, la Conférence des évêques de France (CEF) a confirmé sa position claire concernant la PMA étendue aux femmes célibataires et aux couples de lesbiennes : l’ensemble des évêques de France s’y opposent. « L’Église catholique, soucieuse de la valeur de la fraternité, tient à faire connaître son inquiétude sur la société que préparerait une évolution législative étendant l’usage des techniques » de PMA, estiment les évêques. Une telle extension de la PMA pose selon eux « cinq obstacles éthiques majeurs ».
Les évêques de France redoutent « l’éviction des responsabilités du père » et la « légalisation de la GPA »
Selon la CEF, l’extension de la PMA telle qu’elle est envisagée « écarte dès le principe la référence biologique et sociale à un père ». « Pourrions-nous accepter collectivement que l’homme soit considéré comme un simple fournisseur de matériaux génétiques et que la procréation humaine s’apparente ainsi à une fabrication ? » s’interroge l’épiscopat. « La suppression juridique de la généalogie paternelle porterait atteinte au bien de l’enfant qui serait privé de sa référence à une double filiation », estiment par ailleurs les évêques. Cela « encouragerait socialement la diminution, voire l’éviction des responsabilités du père ».
Les évêques de France redoutent par ailleurs que la prochaine étape soit la légalisation de la GPA. « Si l’argument d’égalité est brandi au bénéfice des femmes, alors l’ouverture de[la PMA] ‘pour toutes les femmes’ conduira à la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) », car « la référence à l’égalité, indissociable de la dignité, s’applique tout autant aux femmes qu’aux hommes ». Une impensable marchandisation du corps humain, selon les évêques, notamment en cas de rémunération du don de sperme. Le CCNE devrait rendre son avis mardi 25 septembre, mais il s’était déjà prononcé en 2017 pour l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Les débats sur la révision de la loi sur la bioéthique à l’Assemblée promettent d’être houleux.
Aurélie Giraud
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Les Nouvelles de PasseportSanté.net
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