Les médecins prescrivent trop d’antidépresseurs
Une nouvelle étude montre que les médecins américains prescrivent trop souvent des antidépresseurs, et ont tendance à diagnostiquer les dépressions trop facilement, nous apprend le New York Times. En interrogeant 5.639 patients, diagnostiqués comme dépressifs au cours de l’année 2009, le docteur Ramin Motjabai a découvert que seulement un tiers d’entre eux (38,4%) présentaient des signes cliniques de dépression.
Ces symptômes, établis par le DSM, ou Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, comprennent la fatigue, une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes, un sentiment de culpabilité et des pensées morbides.
Le problème, c’est que la majorité des personnes interrogées, qu’elles soient bien ou mal diagnostiquées, se sont vues prescrire des antidépresseurs –alors même que plusieurs praticiens recommandent de ne recourir à ce genre de prescription qu’en cas de dépression sévère.
Selon le docteur Motjabai, «ce ne sont pas seulement les docteurs qui prescrivent de plus en plus, ce sont les patients qui les sollicitent de plus en plus. Les sensations de tristesse, le stress de la vie quotidienne et les problèmes de relations peuvent causer un sentiment de défaite qui peut très bien être passager. Mais les Américains souhaitent de plus en plus s’en débarrasser à l’aide de médicaments».
Malgré tout, le docteur encourage ses pairs à améliorer leurs capacités de diagnostic, et à résister à la tentation de «sortir leur carnet pour noter un nom d’antidépresseur et le tendre à leur patient».
Dans Planète Santé en mars dernier, Marina Casselyn faisait la différence entre dépression légère ou sévère, et mettait elle aussi en garde contre l’usage trop fréquent des antidépresseurs, en France cette fois-ci:
«Pour les dépressions de sévérités légère et moyenne, les approches psychothérapeutiques sont tout aussi efficaces que les approches pharmacologiques. Pour les dépressions sévères par contre, le traitement médicamenteux s’avère nécessaire pour corriger un déséquilibre important sur le plan neurobiologique, combiné à un traitement psychothérapeutique pour avoir le meilleur effet sur l’humeur.
Nous sommes très sensibles à cet aspect-là en Suisse, ce qui n’est pas le cas de pays limitrophes comme la France, où la prescription de psychotropes se fait trop facilement, sans toujours proposer cet accompagnement psychologique.»
Ce lundi, Margaret McCartney, médecin britannique, expliquait quant à elle dans The Guardian que les généralistes n’ont parfois pas d’autre choix que de prescrire des antidépresseurs:
«De toute évidence, il arrive aux docteurs de se tromper dans leur diagnostic. Je prescris moi-même plus d’antidépresseurs que je ne le souhaiterais –mais quand la liste d’attente pour une thérapie comportementale est de quatre à six mois, combien de patients en détresse peuvent se permettre d’attendre patiemment?»
Avant d’avoir recours aux antidépresseurs, il existe des facteurs permettant de réduire les risques de dépression: à Slate, nous vous conseillons en particulier de moins travailler, de vous coucher tôt (si vous êtes un ado), ou de vous mettre à la pâtisserie.
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