Non, Hannibal Lecter n’est pas le meilleur psychopathe de cinéma
On se fait sûrement une mauvaise idée des psychopathes, raconte Quartz dans un article au titre évocateur: «Hannibal Lecter n’est pas un psychopathe, mais vous peut-être». Parce que les images véhiculées dans les films ne sont pas toujours fidèles à la réalité. Une équipe de dix psychiatres, dont Samuel Leistedt et Paul Linkowski, et de critiques de cinéma ont analysé 126 films, qui dressent des portraits de 105 hommes et 21 femmes «psychopathes». Une analyse qui a permis de dresser un historique de la manière dont sont perçus les psychopathes à travers le temps, précise Science News.
Les résultats de cette étude permettront de «développer des outils pour enseigner la psychiatrie aux étudiants», signale Samuel Leistedt.
«Apprendre à diagnostiquer un psychopathe n’est pas facile, non seulement les définitions et les traits de caractère des psychopathes sont contestés, mais les étudiants ont des chances très limitées d’interviewer des psychopathes.»
Science News donne quelques exemples de films où l’on retrouve des personnalités psychopathes proches de la réalité et d’autres plus éloignées.
Javier Bardem dans No Country for Old Men, Paramount Pictures France
No Country for Old Men des frères Coen est un des films qui colle le mieux à la réalité avec le personnage d’Anton Chigurh, un tueur à gage armé d’un fusil à pompé équipé d’un compresseur d’air, campé par Javier Bardem. Pour Samuel Leistedt, qui a déjà rencontré des tueurs à gage, c’est le profil parfait du psychopathe: «Ils étaient comme ça: froids, intelligents, déculpabilisés, pas anxiété, ni dépressifs.»
Etonnamment, Hannibal Lecter, personnage principal du Silence des Agneaux, incarné par ANthony Hopkins, est loin d’avoir un profil proche des vrais psychopathes. Son intelligence supérieure, son ingéniosité et ses goûts sophistiqués (il boit du chianti avec du foie et des fèves au beurre) ne sont pas des caractéristiques du comportement psychopathe.
Les études comportementales des psychopathes restent encore floues, signale Quartz, puisque les experts n’arrivent pas à s’accorder sur leur bagage génétique.
Certaines études ont montré que le dysfonctionnement de certaines régions du cerveau pourraient être responsables de la psychopathie, telles que les amygdales (zone associée aux émotions, à la peur et à l’agression) et le cortex orbitofrontal relié aux prises de décisions.
Des psychiatres s’efforcent tout de même de répondre à la question «Qu’est-ce qu’un psychopathe?» C’est le cas de William Hirstein qui a dressé la liste de leurs traits de caractère, publiée sur Psychology Today: émotions superficielles, insensibilité, arrogance, égoïsme, violence, incapacité à organiser son futur, etc.
Le film Le Loup de Wall Street pourrait bien faire l’objet d’une analyse psychatrique pour comprendre une nouvelle tendance de «psychopathes brillants», rajoute Science News. Slate a d’ailleurs déjà évoqué plusieurs fois des liens entre Wall Street et les psychopathes.
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