Tabac : la rechute pourrait être inscrite dans les gènes
Le 5 octobre 2018.
Une équipe de chercheurs français a démontré, dans une récente étude, que les porteurs d’une certaine mutation génétique auraient plus de risques de reprendre la cigarette et de ne pas pouvoir s’arrêter de fumer.
Une mutation génétique à l’origine de l’addiction à la nicotine pourrait aussi expliquer la rechute
Si vous faites partie de ces fumeurs qui n’arrivent pas à arrêter définitivement la cigarette, vous êtes peut-être porteur d’un gène qui en serait la cause. « Une mutation présente dans le gène CHRNA5 codant pour la sous-unité a5 des récepteurs nicotiniques » est impliquée dans le comportement de rechute du tabagisme. C’est la conclusion d’une récente étude publiée dans la revue Current Biology. En d’autres termes, les personnes porteuses de cette mutation génétique auraient ainsi plus de risques de reprendre le tabac.
Pour mener leurs travaux et parvenir à cette conclusion, les chercheurs français de l’Institut Pasteur de Paris et du CNRS sont partis des résultats d’études génétiques antérieures qui avaient démontré que cette mutation, présente dans le gène CHRNA5 codant pour la sous-unité a5 des récepteurs nicotiniques, augmente le risque d’addiction à la nicotine. Les chercheurs ont voulu savoir précisément quelle phase de l’addiction à la nicotine était affectée par cette mutation et quel était son mode d’action, pour comprendre pourquoi certaines personnes arrivaient plus facilement que d’autres à arrêter de fumer.
Un médicament pourrait être mis au point pour éviter les rechutes
Les chercheurs ont introduit dans le génome de rats de laboratoire cette fameuse mutation favorisant l’addiction à la nicotine, découverte chez les humains, dont 35% des Européens et près de 50% de la population du Moyen-Orient seraient porteurs. Ils ont pu constater que la mutation génétique provoquait chez les rats « une plus forte consommation de nicotine à des doses élevées, et découvert qu’elle induisait une proportion plus élevée de rechute après sevrage nicotinique ».
Les chercheurs ont également remarqué que « sous l’influence de la mutation génétique, la forte rechute est liée à une réduction de l’activation des neurones du noyau interpédonculaire », une zone spécifique du cerveau qui présente la plus forte concentration en « sous-unités α5 » des récepteurs nicotiniques sur lesquels vient se fixer la nicotine lorsqu’on fume. En diminuant l’activité de cette région du cerveau, « la mutation génétique pourrait participer à l’activation d’autres structures cérébrales impliquées dans la rechute et donc conduire le fumeur sevré à retomber dans l’addiction lorsqu’il est exposé de nouveau à une cigarette », expliquent les chercheurs.
Ainsi, « un médicament capable d’augmenter l’activité des récepteurs nicotiniques contenant la sous-unité α5 pourrait permettre de réduire la consommation de tabac et le risque de rechute après sevrage », concluent les scientifiques.
Aurélie Giraud
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