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En France, on a 37 fois plus de risque de mourir d’un cancer que d’un accident de la route

Dans une étude relayée par le site The Atlantic et réalisée par deux chercheurs du Transportation Research Institute de l’université du Michigan, Michael Sivak et Brandon Schoettle, ont répertorié le nombre d’accidents de la route dans 193 pays, et ont comparé les chiffres avec les causes principales de décès dans le monde: le cancer, les maladies cardio-vasculaires et celles cérébrovasculaires. Pour réaliser cette comparaison, les chercheurs se sont appuyés sur des données de l’Organisation mondiale de la santé datant de 2008.

Chaque année dans le monde, le nombre de personnes tuées dans des accidents de la route s’élève à 1,24 million.

Les chiffres sont encore trop importants mais les victimes d’accidents de la route restent, du moins pour la France, moins nombreuses que celles du cancer et des maladies cardio-vasculaires et cérébrovasculaires: pour 100.000 personnes, 259 meurent du cancer, quand 7 sont victimes d’accidents de la route.

A l’échelle mondiale, les données récoltées par les chercheurs indiquent que pour 100.000 habitants, le nombre de victimes de la route s’élève à 18, le nombre de victimes du cancer à 113, le nombre d’accidents cardio-vasculaires à 108, et les accidents vasculaires cérébraux à 91. 

Cette constatation n’est pas identique pour tous les pays puisqu’aux Emirats arabes unis, le nombre de victimes de la route s’élève à 25 pour 100.000 habitants alors que les Emirats comptent 19 victimes du cancer. Simplement parce que le nombre de décès (toutes causes confondues) est un des plus bas au monde.

Dans le monde, le nombre de victimes de la route représente 15,9% du nombre des victimes du cancer. En Namibie, pays qui comptabilise le plus grand nombre d’accidents de la route, ce taux est de 153%, en France 2,6%, et aux Maldives qui compte 2 morts pour 100.000 habitants, le taux est de 1,7%. 

Voici la carte des taux d’accidents de la route mortels par nombre d’habitants, avec en rouge, les taux les plus élevés.

Cliquez sur l’image pour la voir en plus grand

The Atlantic en conclut que ces données sont un indicateur de notre mode de vie. Dans les pays en développement, où le revenu par habitant est faible, les accidents de la route sont élevés, plus que les cancers et les maladies cardiaques. 

En 2013, en France, 3.250 personnes sont mortes sur les routes, contre 3.653 en 2012. Selon le site Association prévention routière, «il s’agit de la plus forte baisse de la mortalité constatée depuis 2006.» Même si l’objectif en 2012 était de faire baisser le nombre de tués à 3.000, expliquait Gilles Bridier sur Slate.

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Cancer du sein : Trop de mammographies inutiles ?

« Cancer du sein : Trop de mammographies inutiles ? » par le Docteur Erard de Hemricourt.

Comme on le dit très souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions et la médecine n’y échappe pas avec par exemple le dosage routinier du taux de PSA sanguin permettant de détecter précocement les cancers de la prostate (ce dosage reste selon de nombreuses instances officielles et experts de peu de valeur et conduit surtout à des traitements inutiles pour les patients).

Une autre technique de dépistage qui pourrait se révéler trop belle pour être vraie concerne le cancer du sein et la mammographie. Cette semaine paraît un article qui, de nouveau risque de mettre le feu au lac, en annonçant tout simplement que le dépistage de masse du cancer du sein par la technique de la mammographie est inutile, nuisible et surtout conduit à des surdiagnostics pouvant atteindre 20 à 30%.

Pour rappel, le surdiagnostic consiste à détecter une tumeur qui soit est inexistante (erreur de diagnostic) soit n’évoluera pas sur le plan clinique. Nous savons en effet que certaines tumeurs de petite taille resteront continuellement dans un état de pseudo-léthargie et ne progresseront pas. Pire ! Certaines petites tumeurs pourront également disparaître, comme par magie. Toute la problématique du surdiagnostic est donc centrée in fine sur des traitements inutiles, qui n’ont pas lieu d’être.

L’étude parue cette semaine, la Canadian National Breast Screening Study, a suivi près de 90 000 femmes pendant plus de 25 ans. Toutes ces femmes ont été réparties au hasard dans deux groupes distincts comprenant pour l’un un dépistage systématique par mammographie et pour l’autre, rien.

Et les résultats publiés cette semaine dans le British Medical Journal (Twenty five year follow-up for breast cancer incidence and mortality of the Canadian National Breast Screening Study: randomised screening trial. Anthony B. Miller et al. BMJ. 2014; 348:g366) confirment que la mortalité pour les deux groupes au bout de 25 années de suivi reste quasi identique.

Parmi les 89 835 femmes âgées de 40 à 59 ans, 666 cas de cancers du sein invasifs ont pu être mis en évidence dans le groupe des patientes avec mammographie et 524 dans le groupe contrôle (sans mammographie). Ces tumeurs du sein ont mené au décès des patientes dans 180 cas pour le groupe ‘mammographie’et dans 171 cas pour le groupe contrôle. Autant dire que la différence à cette échelle reste quasi insignifiante.

Selon la conclusion de l’article, la mammographie annuelle réalisée chez les femmes âgées de 40 à 59 ans au-delà d’un examen physique bien réalisé ne produirait donc aucun bénéfice en terme de réduction de la mortalité. Par contre, cette technique de dépistage entraîne un surdiagnostic de près de 22% concernant les tumeurs dites invasives (1 patiente sur 424) avec des traitements inutiles à la clé.

Au lendemain de cette publication, de nombreuses voix se sont fait entendre tant en Europe qu’aux États-Unis pour affirmer que cette étude était en contradiction flagrante avec d’autres études qui, elles, rapportaient un bénéfice net de près de 15% en terme de survie globale. Comme souvent, le simple quidam risque ici d’assister à une bataille de chiffres, de statistiques et surtout d’experts qui vont commencer à se contredire.

Sachant que tous stades confondus, les traitements du cancer du sein ne cessent de s’améliorer avec des chiffres de survie globale dépassant actuellement les 85%, les détracteurs de cette étude sont les premiers à dire que les conclusions des données présentées cette semaine sont d’interprétation difficile puisque, quel que soit le stade clinique, avec les nouveaux traitements actuellement disponibles, le cancer du sein qu’il se trouve à un stade extrêmement précoce ou à un stade plus avancé n’est plus une fatalité absolue.

Par contre, comme le dit très pertinemment le Docteur Laura Kruper, directeur du Rita Cooper Finkel Women’s Health Center, cette étude ne regarde que la mortalité et non pas la morbidité. En effet, nous sommes arrivés à un stade où, grâce aux moyens thérapeutiques actuels, nous pouvons nous permettre de ‘pinailler’ non sur l’efficacité de telle ou telle mesure mais sur la nécessité et le choix de telle ou telle mesure eu égard au confort de la patiente et non à sa survie.

Ainsi est-il plus intéressant de diagnostiquer plus précocement une tumeur qui sera facilement retirée par chirurgie sans obligation de passer par la case ‘chimiothérapie’. Mais cela n’enlève toujours pas l’épineux problème des cas de surdiagnostics et des traitements inutiles.

Et comme le rappelle le Professeur Otis Brawley, vice-président de la Société Américaine du Cancer : « Je peux comprendre la frustration des individus mais la vérité est que la médecine n’est pas une science exacte et que c’est pour cette raison que la recherche reste importante car elle nous permet d’approcher et de trouver la vérité ».

Docteur Erard de Hemricourt pour News Santé – Tous droits réservés-
 » Ne restez plus jamais seul face à votre cancer » avec Esperity, premier site multilingue destiné aux patients touchés par le cancer  »

3ème Plan Cancer 2014-2018

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Le troisième Plan Cancer annoncé mardi 4 février par le président François Hollande, qui s’étendra sur la période 2014 – 2018. Il visera à renforcer la prévention contre le tabac et le développement du dépistage, à accentuer la lutte contre les inégalités sociales et territoriales face à la maladie mais également à améliorer la vie des patients principalement durant mais aussi après le cancer avec le retour à la vie active.

Le cancer est en France avec 148 000 décès par an, la première cause de mortalité, mais également la principale cause de mortalité prématurée, une des causes majeures de mortalité évitable, et la principale cause des inégalités sociales en terme de mortalité, ce que ce 3ème Plan souhaite voire réduire dans les dix années qui viennent.

Pour y parvenir, les moyens seront de mettre l’accent sur le développement d’une prévention réellement efficace, qui ciblerait plus particulièrement les populations les plus exposées à des facteurs de risque ou réticentes à s’astreindre à des mesures de prévention et de dépistages.

Il conviendra ainsi d’accentuer le développement de l’éducation à la prévention notamment en milieu scolaire, de cibler les populations à risque et les plus défavorisées notamment. Le deuxième aspect de cette prévention est la lutte contre l’exposition au tabac, à l’alcool et à la surcharge pondérale. La lutte contre l’exposition aux risques professionnels ou encore la détection du risque génétique de cancer font également partie de cette accentuation de la prévention voulue dans ce 3ème Plan Cancer.

L’accentuation des dépistages, quelque soit par ailleurs le type de cancer est partie intégrante des propositions pour lutter contre le cancer.

Une autre grande orientation du 3ème Plan Cancer 2014 – 2018 concerne la vie pendant et après le cancer. Les moyens mis en place permettront d’appréhender de façon plus juste la vie, pendant et après le cancer en augmentant le nombre des travaux de recherche sur tout ce qui constitue la vie pendant et après le cancer, notamment dans les sciences humaines et sociales.

Il conviendra aussi d’approfondir la connaissance des situations des personnes concernées par le cancer en poursuivant les travaux d’observation deux ans après le diagnostic.

Pour permettre un meilleur suivi des personnes pendant et après le cancer, le 3ème Plan vise à assurer une meilleure prise en charge de la douleur, à
améliorer les modalités du recours à la démarche palliative. L’accent sera également porté sur l’accompagnement psychologique des patients et de leur entourage, de l’importance d’encourager à une activité physique après le cancer et à la continuité de la prise en charge nutritionelle.

Un autre aspect est important dans ce qu’a annoncé le Président concernant le 3ème Plan Cancer, c’est de permettre la reprise du travail en faisant progresser les situations de reprise de l’activité professionnelle.

3ème Plan Cancer : lutter contre les inégalités et améliorer la prise en charge pendant et après

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Plan cancer: en France, il y a une fatalité du tabagisme

Un scandale à l’état pur –ou presque. Le tabac tue massivement et il continuera de tuer, prématurément.

Résumons. Les cancers tuent en France près de 150.000 personnes chaque année. Le principal tueur est connu. C’est le tabac, premier «acteur de risque évitable». C’est aussi une drogue légale hautement fiscalisée au pouvoir addictif considérable.

Le tabac est responsable de près de 30% des décès par cancer et à l’origine de près de 90% des cancers du poumon, plus de 50% des cancers des voies aérodigestives supérieures selon la localisation (bouche, larynx, pharynx, oesophage), 40% des cancers de la vessie et 30% des cancers du pancréas. Il est aussi impliqué dans les cancers des voies urinaires et du rein, du col de l’utérus, de l’estomac, de certaines leucémies, des cancers de l’ovaire, du côlon et du rectum et du sein.

Tambours et cigarette électronique

Le tabac est également responsable de nombre de maladies cardiovasculaires et pulmonaires. Au total 66.000 décès prématurés par an sont imputables au tabac en France –dont 44.000 par cancer.

On annonce à grands renforts de tambours républicains le lancement de la troisième version d’un Plan Cancer qui courra de 2014 à 2018. Ce lancement vient d’avoir lieu. Que croyez-vous que le président de la République annonça le 4 février 2014? Rien contre le tabac. La preuve (disponible ici sur le site le l’Institut national du cancer). On observera que François Hollande n’a pas dit un mot sur la cigarette électronique, cette révolution anti-tabagique en marche.

Triplement

On ne commentera pas, pour ne pas s’indigner, le «triplement» (de 50 euros à 150 euros) du montant annuel de prise en charge du forfait de sevrage tabagique «pour trois populations particulièrement exposées et souhaitant s’arrêter de fumer»: les jeunes de 20 ans à 30 ans; les bénéficiaires de la CMU; les patients atteints de cancer.

Vous avez bien lu. On n’en dira pas plus. Si: notre collectivité aidera désormais les cancéreux à ne plus fumer.

Au cas où des hausses de prix du tabac seraient décidées, une fraction de l’argent récolté sera «destiné à la recherche sur le cancer, à sa prévention et à l’amélioration de sa prise en charge». On pourra voir là une incitation parmi d’autres à ne pas cesser de fumer.

Fatalité française

Le Monde rappelle qu’Agnès Buzyn, présidente de l’Institut du cancer avait appelé à une «hausse drastique» des prix du tabac. La présidente n’a pas été entendue par le président. Démissionnera-t-elle? Attendra-t-elle des jours meilleurs?

«Il n’y a pourtant aucune fatalité liée au tabagisme: les Etats‐Unis, pays grand producteur de tabac, sont passés sous la barre symbolique des 20% de fumeurs, les Anglais en sont proches et les Australiens, qui ont instauré récemment les paquets neutres, sont à 16%», peut-on lire dans le texte du Plan cancer.

Ici le pourtant est terrible. Il sonne comme sonnent parfois les lapsus. Il dit la vérité: en France, il y a une fatalité du tabagisme.

Jean-Yves Nau

(Article republié du blog de Jean-Yves Nau)

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Et si la viande grillée devenait une cause de cancer aussi répandue que le tabac?


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Et si la viande grillée devenait une cause de cancer aussi répandue que le tabac?

La viande grillée au barbecue est loin d’être la chose la plus saine à avaler. De plus en plus d’études établissent un lien entre cancer et cuisson de la viande à la flamme. La combustion du bois, du gaz ou du charbon libère des substances chimiques appelées hydrocarbures polycycliques aromatiques.

On sait que l’exposition à ces HAP provoque des cancers de la peau, du foie ou encore de l’estomac chez des animaux de laboratoire. Chez les humains, des études épidémiologiques lient cancer et exposition régulière aux HAP. Quand les HAP d’une flamme se mélangent avec l’azote contenu, par exemple, dans une tranche de viande, ils se transforment en HAP nitrés, ou NHAP. Les NHAP sont, en laboratoire, encore plus carcinogènes que les HAP. Une conséquence raisonnable serait de dire que la viande grillée peut s’avérer dangereuse pour votre santé.

Les preuves d’un lien entre cancer et viande cuite sur une source de combustion se renforcent depuis des décennies. Dans les années 1960, des épidémiologistes observèrent pour la première fois une corrélation entre cancer et consommation d’aliments fumés. Le Japon, la Russie et l’Europe de l’Est, où le fumage est un moyen courant de conserver de la viande et du poisson, devinrent les laboratoires de la recherche sur les cancers gastriques.

Des études plus récentes laissent même entendre que la consommation de viande fumée pourrait provoquer d’autres cancers, pas uniquement dans le tractus gastro-intestinal. Une étude de 2012, par exemple, établit un lien entre consommation de viande fumée et cancer du sein.

Ces dernières décennies, on a même compris que le fumage n’était pas la seule méthode de cuisson problématique. Le bacon frit, par exemple, produit lui aussi d’importants taux de HAP, sans doute à cause de la volatilisation du carbone contenu dans le lard. Une étude iranienne, publiée l’an dernier, remarquait que les gens développant certains types de cancers gastro-intestinaux avaient davantage tendance à avoir un régime plus riche en aliments frits que bouillis. (Les chercheurs ont lié les cancers au niveau de brunissement des aliments, réduisant ainsi la probabilité que le coupable soit la consommation d’huile).

Aucune étude n’est définitive mais…

La FDA et l’OMS se préoccupent aussi de la présence d’acrylamides dans les aliments, un carcinogène connu qui se forme à partir des sucres et des acides aminés lors de cuissons à hautes températures. Des études sur le long-terme sont actuellement en cours. Ce qui voudrait dire que les aliments cuits à haute température, même sans combustion, pourraient être dangereux.

Aucune de ces études n’est évidemment définitive. Il est possible que d’autres facteurs contribuent aux corrélations entre cancer et cuisson sur une flamme ou à haute température, voire que le caractère carcinogène des HAP observé chez les animaux surestime le risque. Mais c’est un risque qui mérite d’être pris au sérieux.

Alors, que faire? Abandonner la cuisson à haute température est une idée radicale. La cuisson sur flamme est une pratique ancienne, antérieure même à l’émergence de notre espèce. Il est même possible qu’elle ait, littéralement, créé les humains modernes. L’odeur et le goût de la viande grillée parlent à notre nature ancestrale; un barbecue évoque la sécurité et la convivialité des anciennes veillées autour du feu.

On a sans doute davantage affaire à un instinct qu’à une tradition. Mêmes les chercheurs qui travaillent sur les HAP hésitent à prescrire une interdiction pure et simple des cuissons à haute température. Ou, pour reprendre les termes de Staci Simonich, une toxicologue de l’Université d’État de l’Oregon qui vient tout juste d’identifier plusieurs nouveaux types d’HAP: «tout est dans la modération».

Au début de la prise de conscience des risques du tabac

Mais les faits nous disent que se rassembler autour d’une source de chaleur et d’y calciner nos aliments est une habitude que nous devrions, a mimima, envisager de laisser tomber. Avant de m’accuser de folie ou de subversion, laissez-moi m’expliquer. Cet argument, comme tant d’autres discussions autour du cancer, débute avec le tabac.

Entre le milieu et la fin du XIXe siècle, des médecins établissent que l’incidence des cancers de la langue et de la bouche étaient plus élevée chez les fumeurs de pipes et de cigares. En dépit d’un tel lien, les principales publications médicales se moquent des opposants au tabac. The Lancet, l’une des revues les plus importantes de l’époque, et qui l’est toujours aujourd’hui, écrit ainsi en 1879: «Nous n’avons aucune sympathie pour les préjugés contre (…) le tabac, utilisé sous d’appropriées restrictions quant au moment et à la quantité de la consommation. (…) Un cigare quand l’humeur et les circonstances sont propices [doit] non seulement être toléré, mais approuvé». L’ordre du jour était à la modération, pas à l’abstinence.

Les statisticiens des compagnies d’assurance furent les premiers à remarquer un lien entre tabac et cancer du poumon dans les années 1930, suivis de près par des médecins nazis, chez qui une telle connexion fut établie à la fin de la décennie. Hitler s’opposa avec véhémence au tabac comme risque majeur de santé publique, bien avant ses Alliés d’adversaires. (Étant Hitler, il réussit à en faire une question raciale. Il voyait dans le tabac «La vengeance de l’homme rouge sur l’homme blanc pour lui avoir fait découvrir l’alcool fort»).

Deux médecins britanniques réussirent enfin à convaincre la hiérarchie médicale anglo-américaine du lien causal entre tabac et cancer du poumon grâce à un article fondamental du British Medical Journal, publié en 1950. Si les statistiques s’empilèrent ensuite rapidement, aussi bien aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne, le consensus général estima pendant encore plusieurs années que quelques cigarettes quotidiennes étaient inoffensives.

Des décennies de politique de modération

Dans un article de 1951 sur le tabac pendant la grossesse, un article publié dans le magazine de décoration Better Homes and Gardens estimait que «si vous êtes une grosse fumeuse, les médecins conseillent de réduire considérablement votre consommation, sans pour autant l’arrêter totalement». En 1957, on pouvait lire dans le Consumer Reports: «il pourrait sembler prudent de réduire la consommation de cigarettes à moins d’un paquet par jour».

Il fallut attendre 1964, et un rapport du Surgeon General, pour que le tabac soit finalement et fermement déclaré comme indiscutablement lié à l’explosion des cancers du poumon. A cette époque-là, les épidémiologistes avaient un panorama complet des effets à long-terme de la consommation de cigarettes, qui avait commencé à se populariser peu avant la Première Guerre Mondiale. Les conclusions se tiraient quasiment toutes seules. Et pourtant, les spécialistes de la santé publique mirent des décennies avant de comprendre que fumer avec modération était une idée épouvantable.

Pour autant, le rapport coût/bénéfice du tabac n’est pas le même que celui des grillades ou de la friture. L’alimentation est un fait vital et la viande grillée et frite contribue pour beaucoup au régime américain moyen. Sans compter que les liens entre cancer et HAP, ou autres substances similaires, sont loin d’être aussi établis qu’ils ne le sont pour le tabac.

Mais en se replaçant dans l’optique des années 1950, les cigarettes n’étaient pas si différentes. La consommation annuelle de tabac avoisinait les 6 kilos par personne, et 80% des hommes étaient fumeurs, au moins occasionnels. Le tabagisme était une pratique sociale de premier plan et, pour beaucoup, un moyen de se décharger du stress. Qu’importe que les liens entre cancer et tabac soient déjà évidents à la fin de la décennie, peu de gens imaginaient que le tabac allait devenir la première cause de décès évitables aux États-Unis. L’arrêt total du tabac semblait inutile et imprudent, voire complètement incompréhensible.

Arrêter la viande grillée, fumée ou frite pourrait sembler tout aussi bizarre aujourd’hui, mais des changements diététiques à l’échelle d’une population ont déjà grandement joué sur l’incidence des cancers dans d’autres régions du monde. Au début des années 1970, le cancer du foie tuait quasiment un adulte sur 10 à Qidong, en Chine, une région située à l’embouchure du fleuve Yangtzi.

«Je vous l’avais bien dit»

Deux facteurs contribuaient à cette prévalence aussi extraordinairement élevée: un important taux d’infection au virus de l’hépatite B, et des aliments contaminés par l’aflatoxine. Les terres de Qidong ne supportent pas la riziculture, et ses populations se nourrissaient donc principalement de maïs. Les conditions de culture et de stockage du maïs favorisaient la prolifération de moisissures produisant ce puissant carcinogène.

Dès que les échanges commerciaux furent possibles avec d’autres régions chinoises, les habitants de Qidong passèrent largement au riz. A la fin des années 1980, l’exposition à l’aflatoxine était plus de 100 fois inférieure à ce qu’elle était auparavant, et l’incidence des cancers avait été divisée par deux. 

Alors, faut-il balancer votre barbecue aux ordures? Les preuves en faveur d’une telle stratégie ne sont pas là – du moins, pas encore. L’EPA est en train de mettre au point des facteurs permettant de rendre précisément compte des risques cancérigènes de l’exposition aux HAP, mais difficile de savoir si une activité comme la consommation de grillades est réellement carcinogène.

Bombarder de carcinogènes des lignées de souris modifiées génétiquement est assez facile à aire en laboratoire, mais l’exposition humaine aux HAP est un phénomène que les températures de cuisson et les modes de ventilation, entre autres variables, rendent complexe, et les effets des HAP sont aussi certainement modulés par d’autres facteurs comme les autres types d’aliments consommés et la diversité génétique.

Vous n’avez peut-être as envie de devenir une Cassandre aux yeux de vos voisins. En même temps, si elle n’est pas populaire, Cassandre reste un personnage visionnaire. Tout ce que je dis, c’est si vous êtes le genre de personne à aimer répéter «Je vous l’avais bien dit», vous tenez peut-être là une occasion en or.

Brian Palmer

Traduit par Peggy Sastre

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Mieux prédire le risque de développer un cancer du sein

MArqueur du cancer du sein © Inserm, H. Rochefort

MArqueur du cancer du sein © Inserm, H. Rochefort

« Mieux prédire le risque de développer un cancer du sein » par le Docteur Erard de Hemricourt.

En cancérologie comme pour le reste des affections médicales, mieux vaut prévenir que subir. Il est en effet plus logique d’éviter certains comportements à risque qui pourront conduire à terme au développement de certaines tumeurs – surtout, lorsqu’on sait que, près de 40 % de tous les cancers résultent de causes dites ‘évitables (obésité, alcoolisme, tabagisme, sédentarité). Malheureusement, pour des raisons complexes (et pas toujours très logiques), la prévention et les conseils de prévention n’ont que peu d’emprise sur l’être humain.

Reste alors la prédiction. En effet, si on ne peut prévenir le risque de tomber malade, pouvons-nous au moins l’anticiper et nous y préparer ? Et là, il semble que certains modèles scientifiques montrent quelque robustesse en particulier dans le domaine de la cardiologie (affections coronariennes) et de la cancérologie.

Tel est ainsi le cas pour un modèle prédictif développé par le Dr Colditz de l’Université de Washington aux États-Unis et destiné aux patientes à haut risque de développer un cancer du sein. Ce modèle a par ailleurs fait l’objet d’une publication dans le numéro de novembre de la revue Breast Cancer Research and Treatment (Rosner BA et al. Validation of Rosner-Colditz breast cancer incidence model using an independent data set, the California Teachers Study. Breast Cancer Res Treat. 2013 Nov;142(1):187-202).

Les épidémiologistes de l’équipe du Dr Colditz ont mis au point et peaufiné un modèle statistique appelé ‘Modèle de Rosner-Colditz’ qui permet, mieux que les autres modèles existants, de prédire le risque pour une femme de développer un cancer du sein endéans les cinq prochaines années.

Grâce à ce modèle, les spécialistes américains espèrent pouvoir mieux cibler les patientes à haut risque de développer un cancer du sein qui pourraient ainsi bénéficier d’une approche médicale plus appropriée.

Ce modèle particulier, tout en combinant les critères classiquement retenus comme l’âge des premières règles, la présence d’une obésité, la consommation d’alcool, tient compte également du type de ménopause (naturelle ou induite – chirurgie des ovaires) ou de l’âge d’apparition de la dite ménopause. Grâce à une analyse statistique poussée, les résultats obtenus avec le modèle de Rosner-Colditz ont une validité supérieure de 3 à 5 % par rapport aux autres modèles existants.

Ainsi, ce modèle fournit les meilleurs résultats pour des patientes ayant entre 47 et 69 ans pour un risque compris endéans les 5 prochaines années. Comme pour les autres modèles, la validité de ce test se réduit dès que la patiente dépasse l’âge de 70 ans où que l’on regarde à plus long terme.

Selon le Dr Colditz : « ce modèle est surtout intéressant pour stratifier le risque et identifier les patientes qui présentent un risque plus élevé par rapport au reste de la population ».

Toujours selon lui : « si on se projette à 5 ans, 25 % de tous les cas de cancer du sein à venir seront diagnostiqués au sein des 10 % de femmes le plus à risque. Ce sont ces femmes qui pourraient bénéficier le plus de conseils de prévention pour abaisser ce risque ».

Des conseils comme par exemple la perte de poids, la pratique d’une activité physique régulière et le cas échéant la prévention du cancer par certains médicaments comme les inhibiteurs de l’aromatase.

Docteur Erard de Hemricourt pour News Santé – Tous droits réservés-
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Comment estimer le pronostic d’un patient confronté au cancer en se basant sur son état général  ?

« Comment estimer le pronostic d’un patient confronté au cancer en se basant sur son état général ? » par le Docteur Erard de Hemricourt. S’il est une question très souvent posée par un patient touché par un cancer et qui trouve très difficilement une réponse précise, c’est celle concernant sa survie et le pronostic de sa maladie cancéreuse : « combien de temps me reste-t-il encore ? ».

En effet, il est extrêmement compliqué et parfois réducteur de se baser sur des statistiques globales pour évaluer l’état actuel ou à venir d’un seul patient. On ne peut pas généraliser face à un seul patient. Cependant, pour mieux comprendre l’évolution d’une maladie particulière, les médecins font de plus en plus souvent appel aux données fournies par les individus eux-mêmes.

Il s’agit dans ce cas non plus de données objectives, facilement mesurables mais de données tout à fait subjectives, provenant du patient lui-même et que les spécialistes appellent ‘Patient-Reported Outcome’ (PRO) ou ‘Résultats Rapportés par le Patient’. L’avantage de ces données est justement qu’elles sont subjectives et donnent un aspect beaucoup plus représentatif de l’état général du patient tel que ressenti par lui-même.

L’un des experts concernant les PRO est le groupe européen EORTC (European Organization for Research and Treatment of Cancer) qui, depuis de nombreuses années, étudie les données objectives et surtout subjectives des patients au moyen de questionnaires validés. L’un de ces questionnaires, le QLC-C30 a justement été utilisé pour tenter de savoir s’il était possible de relier certains aspects du patient à sa survie face au cancer (A global analysis of multitrial data investigating quality of life and symptoms as prognostic factors for survival in different tumor sites. Chantal Quinten et al. Cancer 2013 Oct 11. doi: 10.1002/cncr.28382).

Esperity, 1er réseau social

Esperity, 1er réseau social destiné aux patients touchés par le cancer

Pour cela et afin d’étudier de manière rigoureuse la qualité de vie de chaque patient, les chercheurs de l’EORTC ont utilisé le QLC-C30, questionnaire général qui comprend une série de questions classées en différents groupes ou échelles de valeurs : cinq sous-échelles de l’état fonctionnel (physique, rôle, social, émotionnel et social), trois sous-échelles de symptômes (fatigue, douleur, nausée et vomissement), une sous-échelle globale de la qualité de vie et de l’état de santé.

Les chercheurs ont repris une trentaine d’études cliniques réalisées entre 1986 et 2004 incluant plus de 7 400 patients. Un total de 11 types différents de tumeur a pu être répertorié. L’analyse statistique relative à chaque type de cancer a pu effectivement montrer qu’il existait au moins un indicateur de qualité de vie statistiquement représentatif pouvant être relié à la survie des patients, et cela, indépendamment des données objectives généralement étudiées dans les études de cancérologie clinique.

Ainsi, pour le cancer du cerveau (gliome de haut grade), l’état cognitif était l’élément prédictif de la survie ; pour le cancer du sein, c’était l’état physique, l’état émotionnel, la qualité de vie générale et la présence de nausées ou vomissements. Face au cancer colorectal, il s’agissait de l’état physique, de la nausée et vomissement, de la perte d’appétit et de la douleur. Finalement pour le cancer pulmonaire, l’état physique et la douleur ressortaient comme des éléments à considérer concernant le devenir du patient.

Il est important de bien comprendre qu’il s’agit ici d’une association et non d’une corrélation. Il ne suffit pas d’être de bonne humeur ou de garder un bon appétit pour augmenter sa survie. Par contre, globalement, le fait d’être en mauvais état général ou de souffrir de douleurs importantes était associé à une moindre survie.

Ces résultats doivent nous rappeler que le moral et l’état général du patient sont des éléments importants face au cancer et que, comme nous l’ont montré plusieurs autres études scientifiques, de ‘simples’ éléments subjectifs, non facilement investigables, peuvent être des éléments très importants à ne pas négliger lorsque l’on se retrouve face à un patient touché par un cancer.

Docteur Erard de Hemricourt pour News Santé – Tous droits réservés-
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La pollution atmosphérique classée cancérogène par le Centre de recherche sur le cancer

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Les travaux du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) viennent de révéler que la pollution atmosphérique serait cancérogène pour l’homme. Telles sont les conclusions de cette agence de l’Organisation mondiale de la santé qui ont été faites le jeudi 17 octobre. Si les particules fines et le diesel avaient déjà été classées dans cette catégorie de composants susceptibles d’entraîner un cancer, les recherches du groupe de travail du CIRC ont permis d’établir que l’exposition à un air pollué par un mélange de substances est aussi dangereux.

En 2010, ce seraient ainsi 223 000 personnes qui seraient mortes d’un cancer du poumon après avoir respiré les substances toxiques contenues dans l’air ambiant.
Gaz d’échappement liés aux moteurs diesels, pollution conséquentes aux activités industrielles et agricoles, production d’énergie pour se chauffer constituent les principales sources de pollution extérieure et impactent négativement sur la santé. La pollution de l’air constituerait ainsi un risque pour certaines maladies respiratoires comme l’asthme, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives ou encore les maladies cardiovasculaires.

L’étude du CIRC permet de mettre en évidence un nouvel effet délétère de la pollution atmosphérique sur la santé. C’est l’inhalation du mélange de substances contenues dans l’air que nous respirons qui provoquerait le cancer.

Si l’ensemble des régions du monde est concerné, il existe des variations importantes de la pollutions de l’air en fonction des endroits du globe. Des concentrations particulièrement importantes sont observées en Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique.

A Pékin, par exemple, la concentration de particules ultrafines est 40 fois plus élevée que les normes fixées par l’OMS. Pour rassurer les touristes et la population et lutter contre la pollution, les autorités ont décidé de tout mettre en oeuvre pour réduire de 25 % la pollution de l’air d’ici à 2017.

Le CIRC espère conduire la communauté internationale à une vraie prise de conscience en classant la pollution atmosphérique en cancérogène certain. Car jusqqu’alors, aucune action visant par exemple, à réduire la pollution de l’air en réduisant le développement du trafic routier n’a été mise en place. En France, la qualité de l’air n’est jusqu’alors pas à l’ordre du jour, et elle accuse un retard important dans l’application des directives européennes…

En Europe, 22 pays ne respectent pas les normes en terme d’émissions de particules fines, et la France en fait partie. L’agence européenne pour l’environnement aurait ainsi déterminé au cours d’une étude que 90 % des urbains européens sont soumis à une pollution aux particules et à l’azote nocive pour la santé.
Il y a pourtant urgence, car la prise en charge des maladies liées à la pollution de l’air pèse lourd dans les dépenses de santé en Europe.

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Esperity : premier réseau social multilingue destiné aux patients touchés par le cancer

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« Esperity : premier réseau social multilingue destiné aux patients touchés par le cancer » par le Docteur Erard de Hemricourt

« Vous avez un cancer ! », Voilà une phrase qu’on ne voudrait jamais entendre de la bouche de son médecin. Une phrase qui a la capacité d’ébranler le roc le plus solide, de faire douter de soi-même et de laisser sur son passage le désarroi le plus complet.

Malheureusement, selon les chiffres officiels, plus de 40 % des hommes et près d’un tiers des femmes seront touchés par cette maladie au cours de leur vie. Et même si, depuis quelques années, les spécialistes observent un très timide recul du taux de mortalité liée au cancer, il n’y a pas de quoi pavoiser.

Pour mieux faire face à cette maladie et à son impact psychologique, de plus en plus de patients utilisent les moyens technologiques disponibles pour chercher des compléments d’informations. Ces patients deviennent peu à peu des acteurs de cette nouvelle médecine dont peu de gens connaissent le nom. En effet, qui a déjà entendu parler de ‘Santé 2.0’ ou de ‘Médecine 2.0’ ? Peu de gens. Voire même quasiment personne. Et pourtant, nombreux d’entre nous font déjà partie de ce mouvement enclenché par l’arrivée des smartphones, des tablettes et autres outils qui nous empêchent de nous déconnecter du réseau mondial.

D’après les statistiques américaines de 2012 et 2013 (rapport Pew Internet Project’s research related to health and health care), 72 % des individus interrogés signalent avoir au moins une fois dans l’année écoulée été rechercher des informations médicales. Et plus de 50 % des utilisateurs de smartphone l’ont utilisé pour rechercher des compléments d’information sur leur santé.

Oui, sans le savoir, nous sommes de plus en plus nombreux à adopter cette nouvelle médecine, plus moderne, plus participative et plus sociale. Une médecine qui peut parfois faire peur à certains, surtout les médecins qui n’ont pas vu venir le coup et ne sont pas préparés à cette révolution en marche. Et pourtant la demande est là, surtout lorsque les patients sont touchés par des maladies chroniques ou des maladies aussi terrifiantes que le cancer.

Très souvent, trop souvent, le patient cancéreux est laissé à lui-même, à ses doutes. Même s’il reçoit les meilleurs soins, les meilleurs traitements avec les meilleurs médecins, de nombreuses questions restent sans réponse. En effet, le médecin spécialiste s’occupe avant tout de la maladie. Et il est naturel et logique de se concentrer sur l’efficacité d’un traitement, sur l’évolution de la maladie.

Mais trop souvent, le médecin et le patient ne parlent pas le même langage. Que retient un patient au sortir d’une consultation médicale ? Pas grand-chose !

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Oui, le cancer touche aussi l’individu, dans sa chair, dans sa qualité de vie tant physique que psychologique. Combien de patients soignés aux anti-androgènes pour un cancer de la prostate parleront librement de leur libido sexuelle avec leur médecin ? Combien de femmes traitées pour un cancer du sein discuteront de leur image corporelle anéantie à jamais. On comprend mieux pourquoi de plus en plus de patients se tournent vers d’autres patients souffrant de la même maladie pour interagir et trouver des réponses à leurs questions spécifiques.

C’est un peu dans cette optique qu’a été lancé très récemment le site Esperity, afin de laisser plus de poids et surtout une plus grande liberté de parole et d’échanges aux patients touchés par le cancer. Esperity est le premier réseau social multilingue au monde destiné à tous les patients touchés par le cancer, quelle que soit leur langue ou leur localisation géographique. En effet, que l’on soit en France, en Allemagne, en Russie ou en Argentine, la situation reste identique. Un cancer reste un cancer et un patient passera par les mêmes épreuves quelle que soit sa langue, sa religion ou sa culture.

En proposant une approche multilingue (actuellement www.esperity.com est disponible en 3 langues et d’ici quelques semaines en plus de 10 langues), ce site permettra à tous les patients d’interagir et de discuter de leur vécu, de leurs doutes et de poser leurs questions. Avec Esperity, chaque patient pourra trouver son ‘jumeau médical’ c’est-à-dire le patient qui lui correspond le plus en fonction de critères présélectionnés.

Avec Esperity, les patients disposeront également des outils pour mieux suivre au cours du temps l’évolution de leur qualité de vie (sommeil, appétit, interactions sociales par ex.) ou l’évolution des effets secondaires associés à leur traitement. À terme, s’ils le souhaitent, ils pourront partager toute une série d’informations avec d’autres patients et même leur médecin qui, lors de la visite médicale, aura une vision dynamique et non plus statique du patient.

Il est temps de replacer le patient au centre de l’échiquier et de lui redonner le rôle central qu’il a perdu lors de l’annonce de sa maladie. Un rôle qui lui permettra de mieux comprendre le langage de son médecin avec une gestion plus active de sa santé et de sa qualité de vie.

Docteur Erard de Hemricourt pour News Santé et Esperity ©2013 – Tous droits réservés
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La dépression ne serait pas liée à la survenue ultérieure d’un cancer

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Selon une nouvelle étude de l’Inserm, il n y aurait pas de lien significatif entre le vécu de symptômes dépressifs au cours de sa vie et la survenue ultérieure d’un cancer. Voici les conclusions d’une recherche réalisée auprès de 14 203 personnes qui ont été suivie entre 1994 et 2009 et dont 1119 ont développé un cancer.

S’il existait des hypothèses consistant à établir un lien entre le vécu d’une dépression dans une vie et la survenue d’un cancer ultérieurement, aucune étude à grande échelle n’avait jusqu’à présent permis d’infirmer ou de confirmer cette association. Afin de répondre à ce questionnement, Cédric Lemogne dans l’équipe de Marie Zins Inserm de l’Université Versailles Saint-Quentin a mené une large étude épidémiologique pour explorer les liens entre dépression et cancer. Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont travaillé auprès de 14 203 personnes qui ont été suivies entre 1994 et 2009. Ils se sont appuyés, pour valider la survenue d’une dépression, sur les absences pour dépression (arrêt de travail) certifiées par des médecins mais ont également collecté des questionnaires spécifiques remplis tous les 3 ans pendant 15 ans permettant de mesurer l’humeur dépressive. En ce qui concerne l’apparition d’un cancer, des données très précises comme le fait de la validation du cancer par un médecin, des dates de diagnostic certifiés, des données d’incidence ont également été recueillies.

Les résultats montrent que 1119 personnes sur la cohorte ont développé un cancer diagnostiqué par un médecin mais il n’a pu être établi aucune association significative entre le vécu de symptômes dépressifs au cours de sa vie et l’apparition ultérieure d’un cancer. Certaines idées reçues qui font le lien entre l’apparition d’un cancer et le vécu d’une histoire personnelle douloureuse seraient étayées par certaines études scientifiques. Aucune méta-analyse n’avait pourtant jusqu’à présent permis de confirmer ou d’infirmer cette association.

Les résultats de l’étude des scientifiques de l’Inserm à paraitre dans The American Journal of Epidemiology viennent donc apporter un solide et sérieux éclairage sur cette question. Il n y aurait pas d’association entre le développement d’une dépression au cours de son existence et la survenue postérieure d’un cancer. Les auteurs de l’étude rendent cependant attentif au fait que l’annonce d’un cancer, par contre, peut susciter des symptômes dépressifs.

Il n y aurait aucun lien significatif entre le vécu d'une dépression au cours de la vie et la survenue d'un cancer ultérieur

Il n y aurait aucun lien significatif entre le vécu d’une dépression au cours de la vie et la survenue d’un cancer ultérieur

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