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Décalage horaire : des cellules de l’œil responsables du jet lag

Décalage horaire : des cellules de l’œil responsables du jet lag

Le 21 avril 2017.

Selon une étude menée par une équipe de chercheurs de l’université d’Edimbourg, au Royaume-Uni, un groupe de cellules de la rétine serait responsable du syndrome du décalage horaire.

L’origine du décalage horaire se trouve dans l’œil

Les voyageurs qui changent de fuseau horaire peuvent être atteints du syndrome dit de « jet lag », qui se caractérise par une grande fatigue, une perte d’appétit et un malaise général. Jusqu’à présent, on ne savait pas exactement d’où venait ce mal-être, mais des chercheurs britanniques viennent de trouver son origine. Dans une étude publiée dans le Journal of Physiology, ils expliquent qu’il viendrait d’un groupe de cellules situé dans la rétine.

Selon ces travaux, certaines cellules de l’œil agissent directement sur l’horloge biologique. Ce sont elles en effet qui envoient des signes à la zone du cerveau qui est chargée de coordonner les rythmes circadiens, notre mécanisme temporel interne. Cette communication se fait grâce à des molécules dont la vasopressine. En contrôlant les niveaux de vasopressine, les cellules rétiniennes modifient les rythmes circadiens.

Intervenir sur le mécanisme temporel interne

Cette découverte ouvre la voie à la mise en place de nouveaux traitements qui agiraient sur les niveaux de vasopressine. « Nos travaux montrent qu’il existe une solution pharmacologique potentiellement nouvelle pour modifier notre horloge biologique interne », explique le Professeur Mike Ludwig qui a dirigé ces travaux. Les futures recherches porteront notamment sur la mise au point de gouttes oculaires capables d’éliminer le décalage horaire.

Ce nouveau traitement ne serait pas utile uniquement pour les personnes qui passent beaucoup de temps dans les avions. Il pourrait s’avérer aussi utile pour celles qui travaillent en horaires décalés et qui finissent par souffrir des mêmes symptômes que ceux du jet lag. À terme, le décalage horaire peut conduire à l’émergence de maladies cardiovasculaires, métaboliques ou encore à l’apparition de certains cancers.

Marine Rondot

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Cancer du sein : identification d’un interrupteur moléculaire contrôlant les cellules souches cancéreuses

Certaines cellules cancéreuses, qui sont des cellules souches, « sont résistantes au traitement et persistent. Si elles ont la capacité de proliférer à nouveau, même un très petit nombre de ces cellules peut suffire à reconstituer une tumeur après ou malgré le traitement. »

Pour éliminer ces cellules, « différentes approches ont été tentées au cours des dernières années : thérapies ciblées, vaccination, privation d’alimentation des tumeurs ».

Des chercheurs français de l’Inserm, dont les travaux sont publiés dans la revue Cell Reports, ont identifié une molécule d’ARN particulier qui joue le rôle d’interrupteur moléculaire capable « d’éteindre » ou « d’allumer » la prolifération des cellules souches cancéreuses (CSC) dans les cancers du sein.

Des travaux ont montré que les CSC « ont la capacité, quand elles sont isolées puis injectées dans des modèles animaux, de former une tumeur identique à celle d’origine. Ces cellules (…) peuvent proliférer (et ainsi s’auto-renouveler), se différencier (et ainsi donner naissance aux différentes populations qui composent la tumeur), ou encore entrer en dormance de façon momentanée, ce qui leur permet d’échapper à la plupart des traitements, puisque ceux-ci ciblent majoritairement des cellules en cours de division ».

Pour éliminer complètement la tumeur de façon à ce qu’elle ne puisse plus croître à nouveau, il faut neutraliser les CSC.

Or les micro ARNs ont été décrits comme des régulateurs capables d’orienter le « destin cellulaire » des cellules souches en général (notamment au cours de l’embryogenèse). Les chercheurs ont donc fait l’hypothèse qu’ils pourraient représenter des acteurs majeurs de la biologie des cellules souches cancéreuses.

« Les micro ARNs sont de petites molécules d’ARN qui, contrairement aux ARN messagers, ne servent pas d’intermédiaires dans la production d’une protéine à partir de l’information encodée dans les gènes, mais qui régulent l’activité d’autres ARNs ou de protéines. »

Christophe Ginestier et Emmanuelle Charafe-Jauffret de l’Inserm et leurs collègues ont criblé l’ensemble des micro ARNs présents dans le génome afin d’identifier des microARNs capables d’orienter le choix pour une CSC entre auto-renouvèlement ou différentiation.

« Ils ont ainsi observé que l’inactivation d’un micro ARN particulier, appelé miR-600 provoque une augmentation des CSC, alors que sa surexpression réduit la tumorigénicité. »

« Ils ont ensuite montré que le miR-600 fonctionne en agissant sur une enzyme nécessaire à l’activation d’une protéine (WNT) connue pour activer une cascade de signalisation impliquée dans l’embryogenèse. Quand ils inactivent le miR-600, les chercheurs observent l’expansion des CSC. A l’inverse, en augmentant la production de miR-600, la différenciation des CSC est favorisée aux dépens de leur prolifération : la progression tumorale est stoppée.

Ce mécanisme mis en évidence de façon expérimentale semble bien jouer un rôle dans le développement des cancers du sein, puisque les chercheurs ont aussi pu montrer, en analysant un panel de 120 tumeurs mammaires humaines, qu’un faible niveau de miR-600 est retrouvé associé à une forte activation de la protéine WNT et à un mauvais pronostic des patientes dont les tumeurs présentent ces caractéristiques.

“Si miR-600 est un interrupteur de l’agressivité tumorale, il peut donc constituer une excellente cible thérapeutique”, concluent les chercheurs. “Nos données tendent aussi à prouver que la résistance au traitement et la rechute après traitement pourraient être dues au fait que les thérapies utilisées ne ciblent pas les bonnes cellules cancéreuses”. »

Psychomédia avec sources : Inserm, Cell Reports.
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Syndrome de fatigue chronique : un trouble métabolique de la production d’énergie dans les cellules

Une étude norvégienne, publiée dans le Journal of Clinical Investigation en décembre 2016, s’ajoute à plusieurs autres qui suggèrent que le syndrome de fatigue chronique (SFC) serait, dans plusieurs cas, dû à la perte de capacité de brûler le glucose de façon normale afin de générer l’énergie des cellules, rapporte Andy Coghlan dans le New Scientist.

Les cellules utiliseraient davantage des carburants à faible rendement, tels que les acides aminés et les graisses.

Ce qui entraînerait la production de lactate, lequel peut causer de la douleur quand il s’accumule dans les muscles.

Øystein Fluge de l’Université Haukeland (Bergen) et ses collègues ont étudié les acides aminés chez 200 personnes atteintes du syndrome et 102 personnes sans le syndrome. Les niveaux sanguins de certains acides aminés chez les femmes atteintes étaient anormalement faibles – particulièrement les types pouvant être utilisés comme une source de carburant de remplacement.

Ce qui n’était pas observé chez les hommes atteints de SFC, mais cela pourrait s’expliquer par le fait que les hommes ont davantage tendance à extraire les acides aminés de leurs muscles au lieu du sang. Des niveaux plus élevés d’un acide aminé qui est le signe d’un tel processus étaient constatés.

« Il semble que les hommes et les femmes atteints du SFC peuvent avoir la même perturbation du métabolisme des glucides, mais qu’ils compensent différemment », explique Fluge.

Les hommes et les femmes avaient des niveaux élevés de plusieurs enzymes connues pour supprimer la pyruvate déshydrogénase (PDH), une enzyme vitale pour le déplacement des glucides et des sucres dans les mitochondries des cellules, une étape clé pour exploiter le sucre comme source d’énergie.

« Nous ne pensons pas que seule la PDH soit en cause », explique Chris Armstrong de l’Université de Melbourne (Australie), dont les travaux ont également montré des anomalies dans les niveaux d’acides aminés chez les personnes atteintes du syndrome. « Globalement, nous pensons que c’est un problème avec le métabolisme du sucre en général. »

Le résultat n’est pas différent de la famine, dit-il. « Lorsque les gens sont confrontés à la famine, le corps utilise des acides aminés et des acides gras pour alimenter en énergie la plupart des cellules du corps, afin de maintenir les niveaux de glucose vital pour le cerveau et les muscles aussi élevés que possible. »

« Nous pensons qu’aucune enzyme du métabolisme ne sera la réponse au SFC, de même qu’aucune enzyme seule n’est la ‘cause’ de quelque chose comme l’hibernation », dit Robert Naviaux de l’Université de Californie à San Diego, dont les travaux ont permis d’observer un épuisement des acides gras chez les personnes atteintes du syndrome suggérant qu’ils sont détournés comme combustible.

Alors qu’est-ce qui pourrait actionner le commutateur vers une autre méthode de métabolisme ? L’équipe de Fluge pense que le système immunitaire, probablement déclenché par une infection légère, pourrait empêcher l’enzyme PDH de fonctionner.

Son équipe a déjà montré que la suppression d’un type de globules blancs, les lymphocytes B, chez les personnes atteintes du syndrome semble soulager la maladie. Ces globules blancs produisent des anticorps, et Fluge soupçonne que certains anticorps produits pour combattre les infections peuvent aussi reconnaître un antigène sur la PDH et la désactiver.

L’équipe mène actuellement un essai en Norvège avec le médicament anticancéreux rituximab qui supprime les cellules produisant des anticorps. Les résultats sont attendus l’année prochaine.

Le syndrome de fatigue chronique serait un état d’hypométabolisme comparable à l’hibernation

Pour plus d’informations sur le syndrome de fatigue chronique (SFC), voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : New Scientist, JIC Insight.
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Des cellules souches pour soigner le cœur

Le 13 octobre 2016.

Une équipe de chercheurs de l’université Shinshu de Matsumoto au Japon est parvenue à greffer à des singes des cellules souches de cœur issues d’autres primates. Une première.

Pas de rejet par le système immunitaire

Régénérer des cœurs endommagés de singes en leur greffant des cellules cardiaques dérivées de cellules souches d’un autre primate. Telle est la prouesse scientifique que viennent d’accomplir des chercheurs japonais. Selon leurs travaux, parus dans la revue Nature, cette greffe n’entraînerait pas de rejet par le système immunitaire des singes.

Cette expérience ouvre de belles perspectives pour les scientifiques. Certains envisagent en effet déjà le développement de banques de cellules souches humaines, compatibles avec la majorité de la population pour réparer un cœur après un infarctus, par exemple. Cette découverte permettrait, par ailleurs, d’éviter « le long processus qui consiste à reprogrammer les cellules du patient », selon le Pr Sian Harding, un spécialiste de la médecine régénératrice de l’Imperial College de Londres.

Le cœur pompait en moyenne 8 % de sang en plus

Dans le détail, les chercheurs ont prélevé des cellules de peau chez un singe, qu’ils ont reprogrammées pour obtenir des cellules de muscle cardiaque. Ces cellules ont été ensuite « implantées dans le cœur de cinq macaques souffrant d’un infarctus artificiellement provoqué ». 12 jours après la greffe, le cœur des singes était en meilleure santé et pompait en moyenne 8 % de sang en plus. Petite ombre au tableau : des tachycardies ont été observées chez les animaux greffés.

Il est encore trop tôt pour espérer voir se développer ces banques de cellules souches humaines, cependant les chercheurs japonais espèrent pouvoir tester leur découverte chez l’homme d’ici quelques années. « Nous avons encore quelques obstacles, comme le risque de formation d’une tumeur ou encore d’arythmie (rythme cardiaque irrégulier) », a fait savoir le Pr Yuji Shiba, l’un des co-auteurs de l’étude.

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Vers des transplantations de cellules adipeuses brunes pour traiter l’obésité

Des chercheurs français, dont les travaux sont publiés dans la revue Scientific Reports, ont réussi à produire, en laboratoire, des cellules adipeuses (adipocytes) brunes, au moyen de cellules souches.

Les cellules adipeuses brunes, qui sont présentes en très faible quantité dans l’organisme, brûlent beaucoup d’énergie pour produire de la chaleur contrairement aux cellules adipeuses blanches qui stockent l’énergie.

Le but est de pouvoir tester si la transplantation de ces cellules chez des personnes obèses pourrait accroitre leurs dépenses caloriques et les aider à perdre du poids.

Christian Dani de l’Inserm/CNRS/Université Côte d’Azur et ses collègues ont utilisé des cellules adultes reprogrammées en cellules souches pluripotentes, capables de se différencier en n’importe quelle sorte de cellules de l’organisme.

Mais dans un milieu de culture classique, si ces cellules se différencient bien en cellules neuronales ou encore en cellules osseuses, les chercheurs ont curieusement du mal à obtenir des adipocytes, qu’ils soient blancs ou bruns.

Ils ont testé de nombreuses voies de signalisation moléculaires afin de trouver celles qui devaient être activées ou au contraire inhibées pour obtenir une différenciation des précurseurs d’adipocytes en adipocytes bruns. « Nous avions quelques pistes, précise le chercheur, mais nous avons aussi beaucoup travaillé à l’aveugle, en testant des dizaines de voies et de molécules et en regardant l’effet obtenu ».

Les chercheurs souhaitent maintenant à passer à la preuve de concept. L’objectif est de montrer qu’en transplantant ces cellules brunes humaines bien différenciées chez un animal obèse, les paramètres métaboliques associés à l’obésité s’améliorent et qu’il existe un effet thérapeutique. Chez la souris, cela fonctionne. De précédents travaux ont montré que la transplantation d’adipocytes bruns d’un rongeur à un autre rongeur obèse entraîne des améliorations.

Psychomédia avec source : Inserm.
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Cancer : il peut être combattu avec les cellules d’une autre personne

Le 24 mai 2016.

C’est une étude, publiée dans la revue de référence Science, qui devrait faire du bruit. Des chercheurs néerlandais ont démontré que des cellules immunitaires de donneurs sains pouvaient être utilisées pour lutter contre le cancer de certains malades.

Cancer : renforcer le système immunitaire du malade

Oui, il est possible de donner à un patient atteint d’un cancer les moyens de lutter contre la maladie, sans passer forcément par la chimiothérapie et l’exposition aux rayons. Des chercheurs de l’Institut national du Cancer néerlandais ont démontré, dans une étude, que le système immunitaire d’une personne atteinte d’un cancer pouvait être stimulé par l’injection de l’ADN provenant de cellules immunitaires d’un donneur sain. 

Bien entendu, il ne s’agit pas de n’importe quel donneur, mais des donneurs dont les lymphocytes T sont porteurs d’anticorps spécifiques, capables de lutter contre les cellules cancéreuses du malade. 

Les lymphocites T apprennent aux autres à lutter contre le cancer

Que se passe-t-il avec cet ADN, une fois introduit dans les cellules immunitaires du malade ? Il leur permet tout simplement de détecter, et de détruire, les cellules cancéreuses ! En effet, le système immunitaire d’une personne atteinte d’un cancer souffre de deux carences. Soit il ne détecte pas les cellules malignes, soit il ne parvient pas à les combattre. Avec cette manipulation génétique, qui reprogramme les lymphocites du malade, les cellules cancéreuses sont détectées, et détruites. 

L’étude en question ne porte que sur trois malades, mais suscite beaucoup d’espoirs. La technique devrait être expérimentée prochainement lors d’une étude clinique de plus large ampleur. Il faudra notamment identifier quels sont les anticorps qui permettent aux cellules du malade de « sentir » les cellules cancéreuses, pour pouvoir ensuite les détruire.

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Un aveugle retrouve partiellement la vue grâce à une autogreffe de cellules de peau

Lundi 9 mai 2016.

Une équipe de chirurgiens et de généticiens japonais vient de réaliser une nouvelle prouesse, en termes de thérapie génique. Ils ont réussi à créer des cellules souches capables de restaurer partiellement la vue d’une malade, à partir de simples cellules de peau !

Des cellules de peau utilisées pour restaurer la vue d’une malade

Les cellules en question ont été prélevées sur son bras. Un petit carré de peau de 4 mm de diamètre ! Mais ce petit carré de peau a ensuite été cultivé, puis reprogrammé en cellules souches immatures, celles qui ne sont pas encore destinées à une fonction précise. 

Les chercheurs japonais ont ensuite implanté ces cellules souches dans l’oeil d’une femme âgée de 70 ans, atteinte de dégénérescence maculaire (DMLA). Ils ont attendu deux ans avant de communiquer les résultats de leur expérience.

DMLA : la patiente a récupéré en partie la vue

Les cellules souches implantées dans l’oeil de la malade se sont déterminées, et ont reconstitué une partie de l’épithelium de la rétine. La DMLA détruit en effet progressivement la rétine, située au fond de l’oeil et sur laquelle se forment les images, en partant du centre. Cela provoque un « trou noir » dans la vision, qui s’agrandit au fur et à mesure, et devient de plus en plus handicapant. Dans le cas de cette expérience, non seulement le système immunitaire de la malade n’a pas rejeté la greffe de cellules souches, mais sa vue s’est significativement améliorée. 

D’autres expériences destinées à améliorer la vue, en se servant de cellules souches, ont donné également des résultats assez probants dans le monde, ce qui laisse espérer que cette technique puisse devenir non plus seulement expérimentale, mais banale, dans quelques années. 

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Les cellules souches pour le traitement des maladies auto-immunes

Un nouveau traitement contre les maladies auto-immunes, développé par des chercheurs de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’AP-HP est en cours d’essai clinique de phase 1 chez l’homme, rapporte un communiqué de l’Inserm.

Les maladies auto-immunes peuvent toucher de nombreux organes et tissus : articulations, pancréas, peau, œil… Dans ces maladies, des lymphocytes T (des cellules du système immunitaire) attaquent spécifiquement des cellules de l’organisme. Ce qui entraîne un processus inflammatoire et la destruction progressive des cellules ciblées.

Ces maladies sont traitées avec des anti-inflammatoires ou des biothérapies permettant de limiter l’inflammation. Mais les échecs thérapeutiques et les rechutes sont fréquents.

La nouvelle approche, fondée sur l’utilisation de la thérapie cellulaire pour corriger la réponse immunitaire anormale, utilise les cellules T régulatrices (Treg).

« Il s’agit d’un type particulier de lymphocytes T qui régulent l’amplitude des réponses immunitaires et inflammatoires. Pour être efficaces, les Treg doivent reconnaitre des antigènes spécifiques à la surface des cellules d’un organe donné, afin de s’infiltrer dans le tissu inflammatoire et y être activées, explique Benoit Salomon, responsable de la validation préclinique de ces travaux. »

Les cellules Treg circulent naturellement dans le sang et les organes lymphoïdes. Mais elles s’y trouvent sous forme polyclonale, c’est-à-dire sous la forme d’un mixte de cellules Treg qui reconnaissent différents antigènes très variés.

Afin d’obtenir des Treg spécifiques du tissu cible, les chercheurs ont testé une stratégie consistant à court-circuiter les étapes d’activation et de recirculation des Tregs spécifiques qui ont physiologiquement lieu dans l’organisme. L’idée, précise le chercheur, est d’activer des Treg polyclonaux ex vivo pour mettre en route leur fonction régulatrice, puis de les réinjecter directement dans le tissu malade.

Les chercheurs ont choisi de travailler sur l’uvéite auto-immune, une inflammation de l’uvée, tunique intermédiaire de l’œil comprenant l’iris, le corps ciliaire et la choroïde, située en arrière de la rétine. « Il est plus facile de tester notre concept sur ce modèle car les cellules Treg activées sont injectées dans la cavité oculaire. Confinée et petite, la cavité permet de contenir les cellules injectées et de ne devoir recourir qu’à de faibles doses de cellules ».

Après avoir injecté des cellules Treg activées dans le corps vitré de souris souffrant d’uvéites, une nette amélioration du niveau d’inflammation de l’œil et des signes de la maladie a été constatée et s’est maintenue trois semaines après l’injection.

Un essai clinique de phase I/II a démarré chez des personnes présentant une forme très avancée d’uvéite. « L’objectif est pour l’instant de vérifier l’innocuité des cellules Treg préactivées. Si un effet bénéfique est observé, on pourrait envisager de tester cette nouvelle approche thérapeutique dans d’autres maladies auto-immunes, en espérant soulager durablement les patients », conclut le chercheur.

Psychomédia avec source : Inserm.
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1ère mondiale : des cellules souches pour réparer le coeur

Un espoir pour les insuffisants cardiaques. Le 21 octobre 2014, le Professeur Philippe Menasché et son équipe du service de chirurgie cardio-vasculaire de l’hôpital européen Georges Pompidou, AP-HP ont pratiqué une greffe de cellules cardiaques dérivées de cellules souches embryonnaires humaines*, selon un procédé développé par le Département de Biothérapies Cellulaires et Tissulaires de l’hôpital Saint-Louis, dirigé par le Pr Jérôme Larghero et grâce aux recherches menées par ce groupe au sein de l’Inserm. L’opération, couplée à un pontage coronaire* a été pratiquée chez une femme de 68 ans atteinte d’insuffisance cardiaque sévère. Dix semaines après l’intervention, la patiente se porte bien, son état s’est nettement amélioré, sans qu’aucune complication n’ait été observée. Cette avancée prometteuse a été présentée ce vendredi 16 janvier 2015 aux 25èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie. .

La greffe a été réalisée dans le cadre d’un essai clinique promu par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et grâce au travail d’équipes de l’AP-HP, de l’Inserm et des universités Paris-Descartes et Paris-Diderot. Les cellules cardiaques ont été préparées selon une technique mise au point par le Département de Biothérapies Cellulaires et Tissulaires de l’hôpital Saint-Louis. Le laboratoire de cytogénétique de l’hôpital Antoine Béclère et l’Agence Générale des Equipements et Produits de Santé, AGEPS de l’AP-HP ont également contribué à la préparation de cet essai de phase I, qui doit permettre de vérifier la sécurité et la faisabilité de la procédure.

Depuis 20 ans, le Professeur Menasché, aujourd’hui co-directeur d’une équipe Inserm au sein du PARCC (Paris-Centre de recherche Cardiovasculaire) et ses collaborateurs sont impliqués dans la thérapie cellulaire* de l’insuffisance cardiaque.
L’équipe a d’abord testé en laboratoire l’implantation de cellules souches de muscle squelettique dans des zones nécrosées du cœur. Le 15 Juin 2000, ces cellules ont été pour la première fois au monde greffées dans le cœur d’un patient insuffisant cardiaque. A la suite d’une première série de ces greffes, toujours couplées à des pontages coronaires, l’équipe a coordonné un essai multicentrique européen, randomisé et contre placebo dont les résultats n’ont toutefois pas permis d’établir un bénéfice significatif de ces cellules sur la fonction contractile du cœur des patients.

L’une des conclusions tirées de cet essai a été que pour être pleinement efficaces, les cellules greffées devaient ressembler autant que possible à celles du tissu à réparer, en l’occurrence le tissu cardiaque. Il a alors été décidé d’explorer la piste des cellules souches embryonnaires.
Issues d’embryons conçus dans le cadre d’une fécondation in vitro, ces cellules ont en effet la propriété d’être pluripotentes, c’est-à-dire qu’elles peuvent donner naissance à tous les types cellulaires de l’organisme, y compris naturellement les cellules cardiaques, dès lors qu’elles reçoivent les signaux appropriés pendant une période de culture au laboratoire.

En 2007, l’équipe alors composée entre autres, de Michel Pucéat, Directeur de Recherche Inserm et Philippe Menasché, montrait que des cellules souches embryonnaires humaines pouvaient se différencier en cellules cardiaques après leur implantation dans des cœurs défaillants de rats.
Depuis, de multiples expérimentations ont été conduites dans diverses espèces animales pour valider l’efficacité de ces cellules et optimiser les conditions permettant d’en garantir la sécurité maximale. Au terme de cette étape, une banque de cellules souches embryonnaires pluripotentes a été constituée dans des conditions satisfaisant à toutes les contraintes réglementaires qui s’appliquent aux produits biologiques à usage humain.
Puis, le Département de Biothérapies Cellulaires et Tissulaires de l’hôpital Saint-Louis toujours en lien avec des équipes Inserm a développé et testé les procédures de « spécialisation » de ces cellules pour en faire de « jeunes » cellules cardiaques.
La mise au point a ensuite porté sur la purification des cellules ainsi orientées afin de s’assurer que le produit final est expurgé de cellules qui auraient pu rester pluripotentes et seraient donc potentiellement tumorigènes.

L’expérience initiale avec les cellules souches musculaires ayant aussi montré les limites de l’administration des cellules sous forme d’injections multiples, leur transfert est désormais effectué sous forme d’un patch au sein duquel les cellules sont incorporées. Ce patch est alors déposé sur la zone de l’infarctus. A cette fin, après l’étape de purification, les cellules cardiaques sont incluses dans un gel circulaire de fibrine qui est appliqué, au cours de l’intervention chirurgicale, sur la région nécrosée et dont l’ancrage au tissu cardiaque est simplement assuré par quelques sutures.

« Ce type d’opération s’adresse aux insuffisants cardiaques graves qui ne répondent pas aux traitements médicamenteux habituels mais ne sont pas au stade d’un remplacement complet du cœur. Il s’agit d’une avancée prometteuse, dont nous espérons qu’elle enrichira l’arsenal thérapeutique aujourd’hui disponible pour traiter l’insuffisance cardiaque » explique le Pr Menasché. « Nous poursuivons l’essai clinique, qui nous autorise encore à pratiquer quatre autres greffes. D’ores et déjà, il semblerait que les bénéfices des cellules sont principalement liés aux substances qu’elles sécrètent. L’administration directe de ces substances, sans passer par une greffe des cellules productrices, est une piste à explorer ».

* Glossaire

Thérapie cellulaire : elle désigne les greffes de cellules visant à restaurer les fonctions d’un tissu ou d’un organe lorsqu’elles sont altérées par un accident, une pathologie ou le vieillissement. Ces thérapies ont bénéficié des avancées scientifiques récentes sur les cellules souches et nourrissent chez des millions de patients l’espoir d’une médecine régénérative.

Cellules souches embryonnaires ou pluripotentes : elles peuvent se répliquer indéfiniment (autorenouvellement), proliférer en culture et se différencier en plus de 200 types de cellules. Au cours du développement, elles ont vocation à former tous les tissus de l’organisme.

Pontage coronaire : technique qui permet de rediriger la circulation du sang vers le muscle cardiaque, en utilisant un greffon (provenant de la veine saphène, d’une artère du thorax…).L’une des extrémités du greffon est raccordée à l’aorte, la grande artère qui alimente les artères coronaires ; l’autre extrémité est raccordée à un endroit de l’artère coronaire, situé juste après le site d’obstruction. Ceci crée un détour permettant au sang chargé en oxygène de circuler vers le cœur.

Communiqué de presse de l’AP-HP
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