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Critères diagnostiques du trouble d’utilisation du cannabis (DSM-5)

Voici les critères diagnostiques du DSM-5 (1) pour le trouble d’utilisation du cannabis et de substances apparentées incluant le hashish et les composés cannabinoïdes synthétiques.

Le DSM-5, la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, combine les anciens diagnostics d’abus de substance et de dépendance à une substance du DSM-IV en un seul nouveau trouble d’utilisation d’une substance.

Critères diagnostiques du trouble d’utilisation du cannabis :

  1. Mode problématique d’utilisation du cannabis conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance qui sont cliniquement significatives, comme en témoignent au moins 2 des éléments suivants survenant dans une période de 12 mois :

    1. Le cannabis est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus longue que prévu.

    2. Il y a un désir persistant de diminuer ou de contrôler l’utilisation du cannabis ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler l’utilisation.

    3. Beaucoup de temps est consacré à des activités nécessaires pour obtenir du cannabis, utiliser le cannabis et récupérer de ses effets.

    4. Forte envie, désir ou besoin de consommer du cannabis.

    5. L’usage du cannabis a pour conséquence des manquements récurrents à des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.

    6. Poursuite de l’utilisation du cannabis malgré des problèmes sociaux ou interpersonnels, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets du cannabis.

    7. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’usage du cannabis.

    8. Usage récurrent du cannabis dans des situations où c’est physiquement dangereux.

    9. L’usage du cannabis est poursuivi bien que la personne soit consciente d’avoir un problème physique ou psychologique persistant ou récurrent qui est susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par le cannabis.

    10. Tolérance, telle que définie par l’un des éléments suivants :

      1. Besoin de quantités notablement plus grandes de cannabis pour obtenir une intoxication ou l’effet souhaité.
      2. Effet notablement diminué avec l’utilisation continue de la même quantité de cannabis.
    11. Sevrage, tel que manifesté par un des éléments suivants :

      1. Le syndrome de sevrage caractéristique du cannabis.
      2. Le cannabis (ou une substance proche) est pris pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

Niveaux de sévérité :

  • Léger : présence de 2-3 symptômes.
  • Modéré : présence de 4-5 symptômes.
  • Sévère : présence de 6 symptômes ou plus.

Sevrage du cannabis : symptômes et critères diagnostiques du DSM-5

Pour plus d’informations sur l’utilisation du cannabis, voyez les liens plus bas.

(1) DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (« Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders »), publié par l’American Psychiatric Association en 2013.

Psychomédia avec source : DSM-5.
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Critères diagnostiques de l’état de stress aigu du DSM-5

L’état de stress aigu est un ensemble de symptômes caractéristiques qui se développe en réaction à l’exposition à un ou des événement(s) traumatique(s). Il implique généralement une réponse d’anxiété qui inclut certaines formes de reviviscence ou de réactivité à l’événement traumatique.

Le diagnostic d’état de stress aigu peut être posé, selon les critères du DSM-5 (1), de 3 jours à 1 mois après l’exposition à un ou des événement(s) traumatique(s). Après un mois, le diagnostic d’état de stress post-traumatique doit plutôt être considéré.

Voici les critères diagnostiques de l’état de stress aigu du DSM-5 (traduction libre de Psychomédia) :

L’expression « événement traumatique », plutôt qu’« un ou plusieurs événement(s) traumatique(s) », est utilisée afin d’alléger le texte.

  1. Exposition à la mort, à des blessures graves, ou à la violence sexuelle, effectives ou potentielles, d’une (ou plusieurs) des façons suivantes :

    1. Vivre directement l’événement traumatique.
    2. Être témoin, en personne, de l’événement vécu par d’autres.
    3. Apprendre que l’événement traumatique a été vécu par un membre de la famille proche ou un ami proche. Note : En cas de décès ou de danger de décès d’un membre de la famille ou d’un ami, l’événement doit avoir été violent ou accidentel.
    4. Vivre une exposition répétée ou extrême aux détails aversifs de l’événement traumatique (par exemple, les premiers intervenants ou les policiers). Note : Le critère A4 ne s’applique pas à l’exposition par le biais des médias électroniques, de la télévision, de films ou de photos, à moins que cette exposition soit liée au travail.
  2. Présence de 9 (ou plus) des symptômes suivants, de n’importe laquelle des 5 catégories d’intrusion, d’humeur négative, de dissociation, d’évitement et de niveau d’activation élevé, qui ont débuté ou se sont aggravés après la survenue d’un événement traumatique :

    Symptômes d’intrusion :

    1. Souvenirs pénibles récurrents, involontaires, et envahissants de l’événement traumatique. Note : Chez les enfants, il peut s’agir d’un jeu répétitif dans lequel des thèmes ou des aspects de l’événement traumatique sont exprimés.
    2. Rêves répétitifs pénibles dans lesquels le contenu et/ou l’affect sont liés à l’événement traumatique. Note : Chez les enfants, il peut s’agir de rêves effrayants sans contenu reconnaissable.
    3. Réactions dissociatives (ex. flash-backs) dans lesquelles l’individu se sent ou agit comme si l’événement traumatique se reproduisait. (De telles réactions peuvent survenir sur un continuum, l’expression la plus extrême étant une perte totale de conscience de l’environnement actuel.) Note : Chez les enfants, des reconstitutions du traumatisme peuvent se produire dans le jeu.
    4. Détresse psychologique intense ou prolongée ou réactions physiologiques marquées en réponse à des indices internes ou externes symbolisant ou ressemblant à un aspect de l’événement traumatique.

    Humeur négative :

    1. Incapacité persistante de ressentir des émotions positives (par exemple, incapacité à éprouver du bonheur, de la satisfaction ou des sentiments affectueux).

    Symptômes dissociatifs :

    1. Altération du sens la réalité de son environnement ou de soi-même (par exemple, se voir à partir de la perspective de quelqu’un d’autre, être dans un état second, ralentissement du temps).
    2. Incapacité de se rappeler un aspect important de l’événement traumatique (typiquement en raison d’une amnésie dissociative et non d’autres facteurs tels que blessure à la tête, alcool ou drogues).

    Symptômes d’évitement :

    1. Efforts pour éviter les souvenirs, les pensées ou les sentiments pénibles à propos de, ou étroitement associés à l’événement traumatique.
    2. Efforts pour éviter les rappels externes (personnes, lieux, conversations, activités, objets, situations) qui éveillent des souvenirs, des pensées ou des sentiments pénibles à propos de, ou étroitement associés à l’événement traumatique.

    Symptômes d’activation :

    1. Perturbation du sommeil (par exemple, difficulté à s’endormir ou à rester endormi ou sommeil agité).
    2. Comportement irritable et crises de colère (avec peu ou pas de provocation), généralement exprimés sous forme d’agression verbale ou physique envers des personnes ou des objets.
    3. Hypervigilance.
    4. Problèmes de concentration.
    5. Réaction de sursaut exagérée.
  3. La durée de la perturbation (symptômes du critère B) est de 3 jours à 1 mois après l’exposition au traumatisme. Note : Les symptômes commencent généralement immédiatement après le traumatisme, mais leur persistance au moins 3 jours et jusqu’à un mois est nécessaire pour répondre aux critères du trouble.

  4. La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement dans les domaines sociaux, professionnels, ou autres domaines importants.

  5. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (par exemple, médicaments ou alcool) ou à une autre condition médicale (par exemple, une légère lésion cérébrale traumatique) et n’est pas mieux expliquée par un trouble psychotique bref.

Diagnostics de stress aigu et de trouble de l’adaptation

Un diagnostic d’état de stress post-traumatique est considéré si les symptômes persistent plus d’un mois.

Un diagnostic de trouble de l’adaptation est considéré,

  • lorsque la réponse à un événement traumatique ne rencontre pas tous les critères de l’état de stress aigu ;
  • ou lorsque l’exposition à un événement stressant ne correspond pas aux critères de l’exposition à un événement traumatique.

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Critères diagnostiques du stress post-traumatique du DSM-5

Le stress post-traumatique est un ensemble de symptômes caractéristiques qui se développe suite à l’exposition à un ou des événements traumatiques.

Selon les critères diagnostiques du DSM-5, la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ces symptômes sont de quatre types : la reviviscence, l’évitement, les altérations négatives persistantes dans les cognitions et l’humeur ainsi que l’hyper-réactivité.

Voici ces critères diagnostiques (traduction libre de Psychomédia). Ils s’appliquent aux enfants plus vieux que 6 ans, aux adolescents et aux adultes. Le manuel décrit des critères spécifiques pour les enfants plus jeunes.

L’expression « événement traumatique », plutôt que « un ou plusieurs événement(s) traumatique(s) », est utilisée afin d’alléger le texte.

Critères diagnostiques

  1. Exposition à la mort, à des blessures graves, ou à la violence sexuelle, effectives ou potentielles, d’une (ou plusieurs) des façons suivantes :

    1. Vivre directement l’événement traumatique.
    2. Être témoin, en personne, de l’événement vécu par d’autres.
    3. Apprendre que l’événement traumatique a été vécu par un membre de la famille proche ou un ami proche. En cas de décès ou de danger de décès d’un membre de la famille ou d’un ami, l’événement doit avoir été violent ou accidentel.
    4. Vivre une exposition répétée ou extrême aux détails aversifs de l’événement traumatique (par exemple, les premiers intervenants ou les policiers). Note : Le critère A4 ne s’applique pas à l’exposition par le biais des médias électroniques, de la télévision, de films ou de photos, à moins que cette exposition soit liée au travail.
  2. Présence d’un (ou plusieurs) des symptômes envahissants suivants associés à l’événement traumatique, ayant débuté après ce dernier :

    1. Souvenirs récurrents, involontaires, et envahissants de l’événement traumatique provoquant un sentiment de détresse. Note : Chez les enfants âgés de plus de 6 ans, il peut s’agir d’un jeu répétitif dans lequel des thèmes ou des aspects de l’événement traumatique sont exprimés.
    2. Rêves répétitifs angoissants dans lesquels le contenu et/ou l’affect sont liés à l’événement traumatique. Note : Chez les enfants, il peut s’agir de rêves effrayants sans contenu reconnaissable.
    3. Réactions dissociatives (flash-backs, par exemple) dans lesquelles l’individu se sent ou agit comme si l’événement traumatique se reproduisait. (De telles réactions peuvent survenir sur un continuum, l’expression la plus extrême étant une perte totale de conscience de l’environnement actuel.) Note : Chez les enfants, des reconstitutions du traumatisme peuvent se produire dans le jeu.
    4. Détresse psychologique intense ou prolongée à l’exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un aspect de l’événement traumatique.
    5. Réactions physiologiques marquées à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un aspect de l’événement traumatique.
  3. Évitement persistant des stimuli associés à l’événement traumatique ayant débuté après ce dernier, comme en témoigne(nt) une ou les deux manifestations suivantes :

    1. Évitement ou efforts pour éviter les souvenirs, les pensées ou les sentiments pénibles à propos de, ou étroitement associés à, l’événement traumatique.
    2. Évitement ou efforts pour éviter les rappels externes (personnes, lieux, conversations, activités, objets, situations) qui éveillent des souvenirs, des pensées ou des sentiments pénibles à propos de, ou étroitement associés à, l’événement traumatique.
  4. Altérations négatives des cognitions et de l’humeur associées à l’événement traumatique, ayant débuté ou s’étant aggravées après ce dernier, comme en témoignent deux (ou plus) des manifestations suivantes :

    1. Incapacité de se rappeler un aspect important de l’événement traumatique (typiquement en raison d’une amnésie dissociative et non d’autres facteurs tels que blessure à la tête, alcool ou drogues).
    2. Croyances ou attentes négatives persistantes ou exagérées à propos de soi-même, des autres, ou du monde (par exemple, « Je suis mauvais », « On ne peut faire confiance à personne », « Le monde est complètement dangereux », « Mon système nerveux entier est définitivement ruiné ».
    3. Cognitions persistantes et déformées concernant la cause ou les conséquences de l’événement traumatique qui amènent l’individu à se blâmer ou à blâmer autrui.
    4. État émotionnel négatif persistant (par exemple, peur, horreur, colère, culpabilité ou honte).
    5. Diminution marquée de l’intérêt ou de la participation à des activités significatives.
    6. Sentiment de détachement ou d’éloignement des autres.
    7. Incapacité persistante d’éprouver des émotions positives (par exemple, incapacité à éprouver du bonheur, de la satisfaction ou des sentiments amoureux).
  5. Altérations marquées dans l’activation et la réactivité associées à l’événement traumatique, ayant débuté ou s’étant aggravées après ce dernier, comme en témoignent deux (ou plus) des manifestations suivantes :

    1. Comportement irritable et crises de colère (avec peu ou pas de provocation) généralement sous forme d’agression verbale ou physique envers des personnes ou des objets.
    2. Comportement imprudent ou autodestructeur.
    3. Hypervigilance.
    4. Réaction de sursaut exagérée.
    5. Problèmes de concentration.
    6. Troubles du sommeil (par exemple, difficultés à s’endormir ou à rester endormi ou sommeil agité).
  6. La durée de la perturbation (critères B, C, D, et E) est de plus que 1 mois.

  7. La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération dans les domaines sociaux, professionnels, ou autres domaines importants du fonctionnement.

  8. La perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (par exemple, médicaments, alcool) ou d’une autre condition médicale.

Spécificateurs :

Avec symptômes dissociatifs

Les symptômes rencontrent les critères d’un trouble de stress post-traumatique, et en plus, en réponse au stress, la personne vit des symptômes persistants et récurrents tels que l’une des manifestations suivantes :

  1. Dépersonnalisation : expériences persistantes ou récurrentes d’un sentiment de détachement, et d’être un observateur extérieur de ses processus mentaux ou corporels (par exemple, sentiment d’être dans un rêve ; sentiment d’irréalité de soi ou de son corps ou que le temps se déroule lentement).
  2. Déréalisation : expériences persistantes ou récurrentes d’irréalité de l’environnement (par exemple, l’environnement immédiat est vécu comme irréel, onirique, lointain, ou déformé).

Note : Pour utiliser ce sous-type, les symptômes dissociatifs ne doivent pas être imputables aux effets physiologiques d’une substance (par exemple, intoxication alcoolique) ou à une autre condition médicale (par exemple, crises épileptiques partielles).

Avec expression retardée

Ce spécificateur est utilisé si tous les critères diagnostiques ne sont remplis que 6 mois après l’événement (bien que l’apparition et l’expression de certains symptômes puissent être immédiates).

Diagnostics de stress aigu et de trouble de l’adaptation

Un diagnostic de « trouble de stress aigu » est posé si, de 3 jours à 1 mois après l’événement traumatique, tous les symptômes du stress post-traumatique sont rencontrés. Ce diagnostic est remplacé par celui de stress post-traumatique après un mois.

Un diagnostic de trouble de l’adaptation est porté lorsque la réponse à un événement traumatique qui rencontre les critères A ne rencontre pas tous les autres critères du stress post-traumatique ou lorsque les symptômes de stress post-traumatique se produisent en réponse à un événement qui ne rencontre pas le critère A.

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Maladie d’Alzheimer : un diagnostic simplifié, avec les critères les plus fiables

Crédit photo : ©National Institutes of Health

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Combien de patients ont un diagnostic erroné de la maladie d’Alzheimer ? La réponse surprend par son importance : plus d’un tiers !

Pour limiter les erreurs, les critères de diagnostic doivent être les plus fiables possibles, en particulier au stade très précoce de la maladie. C’est ce sur quoi planche, depuis une dizaine d’années, une équipe internationale de neurologues, coordonnée par Bruno Dubois (UMRS 975 Inserm/Université Pierre et Marie-Curie/AP-HP). Dans la revue The Lancet Neurology de juin, les chercheurs sont parvenus à un diagnostic simplifié avec les critères les plus spécifiques de la maladie. Un enjeu principalement pour la recherche, mais aussi pour la clinique.

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative. C’est la plus fréquente (70%) des démences. En France, le nombre de personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et d’autres démences est estimé entre 750.000 et un million et devrait atteindre 1,29 à 1,40 million de patients en 2030. La maladie d’Alzheimer est due à une perte de neurones. C’est l’accumulation de certaines protéines cérébrales qui est à l’origine des lésions. La pathologie commence par des troubles de la mémoire. Puis viennent des difficultés à s’orienter dans l’espace et le temps, des troubles du comportement et une perte d’autonomie. Mais ces symptômes ne sont pas spécifiques de la maladie d’Alzheimer. Et tout l’enjeu est de savoir distinguer cette pathologie d’autres démences, de poser le diagnostic le plus fiable et le plus précoce possible.

En 2005, un groupe international de neurologues, coordonné par Bruno Dubois à l’Inserm, s’est réuni pour redéfinir les critères diagnostiques établis en 1984. Jusqu’alors, il fallait attendre la mort d’un patient pour pouvoir établir avec certitude le diagnostic de maladie d’Alzheimer, après l’examen des lésions dans son cerveau. Et de son vivant, on ne pouvait évoquer qu’une probabilité de pathologie et seulement à un stade tardif, à partir d’un certain seuil de sévérité de démence.

En 2007, l’équipe internationale a fait voler en éclats ces concepts. Les chercheurs ont introduit de nouveaux critères diagnostiques, en particulier des biomarqueurs. Il s’agit de véritables signatures de la pathologie, présentes dès les premiers symptômes (stade prodromal).

La publication de ces résultats a constitué une révolution. Des chercheurs se sont alors aperçus qu’avec ces nouveaux critères, « 36% de leurs patients inclus dans un essai thérapeutique sur la base d’anciens critères cliniques n’avaient pas la maladie d’Alzheimer », rapporte Bruno Dubois. Et même si cette analyse n’a porté que sur un sous-groupe de patients, l’enjeu est important. Des patients n’ont pas reçu le bon traitement et/ou la bonne prise en charge. Et la mauvaise sélection des patients a peut-être eu un impact sur l’absence d’efficacité du nouveau traitement qui a été observée.

Depuis 2007, beaucoup d’études ont été publiées. Et le groupe international a décidé d’analyser cette littérature pour rendre plus simple et plus fiable l’algorithme de diagnostic de la maladie d’Alzheimer.

« On est au bout du chemin, on arrive à l’essentiel, à quelque chose d’épuré, émanant d’un consensus international», indique le Pr Dubois. Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose désormais sur « un seul couple de critère clinico-biologique pour tous les stades de la pathologie » (cf encadré).

Cet algorithme plus simple et plus fiable est important, tout d’abord pour la recherche (essais thérapeutiques, caractérisation de la pathologie, suivi de cohortes de patients…). En dehors de la recherche, l’utilisation des biomarqueurs, qui est onéreuse et/ou invasive, reste pour l’instant limitée aux patients jeunes ou aux cas difficiles ou complexes dans des centres experts.

Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose la plupart du temps d’abord sur un profil clinique évocateur. Il est ensuite confirmé ou infirmé par un biomarqueur.

Pour le profil clinique, trois situations existent :

– cas typiques (80 à 85% de tous les cas): troubles de la mémoire épisodique à long terme (appelés syndrome amnésique de type hippocampique et correspondant par exemple à la difficulté de se rappeler d’une liste de mots même avec des indices)

– cas atypiques (15 à 20% des cas): atrophie de la partie arrière du cortex cérébral ou aphasie logopénique (trouble de la mémoire verbale où le patient répète un mot en inversant les syllabes par exemple) ou atteinte de la partie avant du cerveau (qui donne des troubles du comportement)

– états précliniques: asymptomatiques à risque (patients sans symptôme mais pour lesquels on découvre fortuitement dans le cadre d’études scientifiques qu’ils ont des biomarqueurs positifs) et présymptomatiques (ayant une mutation génétique)

L’un des deux biomarqueurs suivants est nécessaire :

– dans le liquide céphalorachidien (issu d’une ponction lombaire) : teneurs anormales de protéines cérébrales (en baisse pour la protéine bêta amyloïde et en hausse pour la protéine tau)

– dans le cerveau par neuro-imagerie TEP (tomographie par émission de positons) : rétention élevée du traceur amyloïde

Ceci est un communiqué de presse de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale)


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