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La méditation de pleine conscience réduit la douleur en la séparant du soi

La méditation de pleine conscience réduit la perception de la douleur en la « séparant du soi », selon une étude publiée en juillet 2022 dans la revue PAIN.

« Depuis des siècles, les gens ont recours à la méditation de pleine conscience pour tenter de soulager leur douleur, mais ce n’est que récemment que les neuroscientifiques ont pu vérifier si et comment cela fonctionne réellement », souligne le communiqué des chercheurs.

Dans l’une de ces études, Fadel Zeidan, professeur associé d’anesthésiologie à la faculté de médecine de l’université de Californie à San Diego, et ses collègues (1) ont mesuré les effets de la pratique de la pleine conscience sur la perception de la douleur et l’activité cérébrale.

Ils ont montré qu’elle interrompt la communication entre les zones du cerveau impliquées dans la sensation de douleur et celles qui produisent le sentiment du soi.

Dans le mécanisme proposé, les signaux de douleur se déplacent toujours du corps vers le cerveau, mais la personne ne se sent pas autant propriétaire de ces sensations, de sorte que sa douleur et sa souffrance sont réduites.

« L’un des principes centraux de la pleine conscience est celui selon lequel vous n’êtes pas vos expériences. Vous vous entraînez à faire l’expérience des pensées et des sensations sans y attacher votre ego ou votre sens du moi, et cette expérience montre enfin comment cela se joue dans le cerveau pendant l’expérience de la douleur aiguë. » (Méditation de pleine conscience : 4 exercices pour s’initier)

Zeidan et ses collègues ont mené cette expérience avec 40 participants. Un scan du cerveau a d’abord été réalisé pendant qu’une chaleur douloureuse était appliquée sur leur jambe et qu’ils évaluaient leur niveau de douleur.

Les participants ont ensuite été répartis en deux groupes. Un groupe a suivi quatre séances de 20 minutes de formation à la pleine conscience durant lesquelles ils ont reçu pour instruction de se concentrer sur leur respiration et de réduire le fonctionnement autoréférentiel en reconnaissant d’abord leurs pensées, leurs sensations et leurs émotions, puis en les laissant être sans les juger ni y réagir. Les membres du groupe témoin ont passé leurs quatre séances à écouter un livre audio.

Le dernier jour de l’étude, l’activité cérébrale des deux groupes a de nouveau été mesurée, mais les participants du groupe « pleine conscience » avaient désormais pour consigne de méditer pendant la chaleur douloureuse, tandis que les membres du groupe témoin se reposaient les yeux fermés.

Les participants qui méditaient ont rapporté une réduction de 32 % de l’intensité de la douleur et de 33 % du caractère désagréable de la douleur.

« Nous avons été très heureux de confirmer qu’il n’est pas nécessaire d’être un méditant expert pour ressentir ces effets analgésiques », a déclaré le chercheur. « C’est une découverte vraiment importante pour les millions de personnes qui recherchent un traitement rapide et non pharmacologique de la douleur. »

Le soulagement de la douleur induit par la pleine conscience était associé à une synchronisation réduite entre le thalamus (une zone du cerveau qui relaie les informations sensorielles entrantes au reste du cerveau) et des parties du réseau du mode par défaut (un ensemble de zones du cerveau les plus actives lorsqu’une personne est en train de laisser son esprit vagabonder ou de traiter ses propres pensées et sentiments par opposition au monde extérieur).

L’une de ces régions du mode par défaut est le précuneus, une zone impliquée dans les caractéristiques fondamentales de la conscience de soi, et l’une des premières régions à se déconnecter lorsqu’une personne perd conscience. Une autre région est le cortex préfrontal ventromédial, qui comprend plusieurs sous-régions qui travaillent ensemble pour traiter la façon dont vous accordez de l’importance aux expériences. Plus ces zones étaient découplées ou désactivées, plus le participant signalait un soulagement de la douleur.

« Pour de nombreuses personnes souffrant de douleurs chroniques, ce qui affecte le plus leur qualité de vie n’est pas la douleur elle-même, mais la souffrance mentale et la frustration qui l’accompagnent », souligne Zeidan. « Leur douleur devient une partie de leur identité en tant qu’individu – une chose à laquelle ils ne peuvent échapper – et cela exacerbe leur souffrance. »

En atténuant l’évaluation autoréférentielle de la douleur, la méditation de pleine conscience pourrait constituer une nouvelle méthode de traitement de la douleur, estime le communiqué des chercheurs. Elle est également gratuite et peut être pratiquée partout. Néanmoins, Zeidan espère que les formations pourront être rendues encore plus accessibles et intégrées aux procédures ambulatoires standard.

« Nous avons le sentiment d’être sur le point de découvrir un nouveau mécanisme non opioïde de traitement de la douleur dans lequel le réseau du mode par défaut joue un rôle essentiel dans la production de l’analgésie. Nous sommes enthousiastes à l’idée de continuer à explorer la neurobiologie de la pleine conscience et son potentiel clinique dans divers troubles. »

(1) Gabriel Riegner, Valeria Oliva, William Mobley, Grace Posey et Youngkyoo Jung.

Quelle est l’efficacité du botox contre la douleur de l’arthrose du pouce

L’injection de Botox (toxine botulique de type A) dans l’articulation permet une certaine réduction de la douleur de l’arthrose de la base du pouce, selon une étude française publiée en juillet 2022 dans le Lancet Rheumatology.

En dehors de l’orthèse de repos rigide sur mesure, aucun traitement médicamenteux ou non médicamenteux n’a démontré son efficacité avec un haut niveau de preuve dans le traitement de l’arthrose de la base du pouce, indique le communiqué de l’Inserm.

 Pour les phases aigüe et subaiguë de la maladie, les injections intra-articulaires de corticoïdes peuvent être proposées, mais sont moins efficaces que dans le genou.La toxine botulique de type A est utilisée en neurologie et en médecine esthétique pour ses propriétés parésiantes. Les études précliniques et cliniques ont montré que la toxine botulique de type A avait également des propriétés analgésiques par inhibition de certains neurotransmetteurs de la douleur (substance P, glutamate, peptide relié au gène calcitonine) à la fois au niveau périphérique et central. L’équipe de recherche a donc émis l’hypothèse que son injection intra-articulaire pourrait réduire la douleur à court terme. »Des chercheurs de l’hôpital Cochin-Port Royal AP-HP, de l’Inserm et de l’Université Paris Cité, coordonnée par la professeure Christelle Nguyen, ont mené un essai randomisé contrôlé en double aveugle comparant l’injection de Botox à celle d’un placebo (sérum salé) chez des personnes souffrant d’arthrose douloureuse de la base du pouce (rhizarthrose).L’étude a inclus 60 participants dont la moitié a reçu une injection d’1 ml de Botox (50 unités d’Allergan dans l’articulation trapézo-métacarpienne) et l’autre moitié a reçu le placebo. Les participants des deux groupes avaient une orthèse de repos rigide sur mesure.À l’inclusion, l’âge moyen était de 64,9 ans, la douleur moyenne était de 60 points sur 100 et 80 % des participants étaient des femmes.À 3 mois, la réduction moyenne de la douleur de la base du pouce a été de 25,7 points sur 100 dans le groupe ayant reçu le traitement contre 9,7 dans le groupe témoin (placebo), soit une différence absolue de 16 points sur 100.Aucune différence n’a été détectée dans la douleur à 1 et à 6 mois et, à 3 et 6 mois, dans les limitations d’activité spécifiques à la main et dans la consommation d’antalgiques et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Aucun effet indésirable considéré comme sévère n’a été observé. La moitié (47 %) des participants du groupe de traitement et 7 % des participants du groupe témoin ont signalé un léger déficit moteur transitoire du muscle thénar.« L’injection intra-articulaire de 50 unités de Botox associée au port d’une orthèse de repos rigide sur mesure permet de réduire la douleur à 3 mois chez les patients ayant une arthrose douloureuse de la base du pouce », concluent les chercheurs qui comptent poursuivre les travaux pour optimiser la dose de Botox et le schéma d’injection.

Arthrite : 15 min/jour d’exercice réduit la douleur et l’inflammation grâce aux endocannabinoïdes

L’exercice augmente les substances semblables au cannabis produites par l’organisme, ce qui contribue à réduire l’inflammation et pourrait potentiellement aider à traiter certaines maladies comme l’arthrite, le cancer et les maladies cardiaques, selon une étude britannique publiée en novembre 2021 dans la revue Gut Microbes.

L’étude montre, chez des personnes souffrant d’arthrite, que l’exercice réduit non seulement la douleur, mais aussi les niveaux de cytokines, des molécules inflammatoires.

Il augmente également les niveaux de substances semblables au cannabis produites par le propre corps, les endocannabinoïdes. L’exercice entraînait ces changements en modifiant les microbes intestinaux (le microbiote) notamment.

« On sait que l’exercice physique réduit l’inflammation chronique, qui est à l’origine de nombreuses maladies, dont le cancer, l’arthrite et les maladies cardiaques, mais on sait peu de choses sur la manière dont il le fait », souligne le communiqué des chercheurs.

Ana Valdes de Nottingham (Royaume-Uni) et ses collègues ont mené cette étude avec 78 personnes souffrant d’arthrite. Trente-huit d’entre elles ont effectué 15 minutes d’exercices de renforcement musculaire chaque jour pendant six semaines, et 40 ne faisaient pas d’exercice.

À la fin de l’étude, les participants qui avaient fait l’exercice avaient non seulement réduit leur douleur, mais ils avaient aussi plus de microbes intestinaux produisant des substances anti-inflammatoires, des niveaux plus faibles de cytokines et des niveaux plus élevés d’endocannabinoïdes.

L’augmentation des endocannabinoïdes était fortement liée à des modifications du microbiote et des substances anti-inflammatoires qu’il produit appelées SCFAS (pour short-chain fatty acids). Au moins un tiers des effets anti-inflammatoires du microbiote était dû à l’augmentation des endocannabinoïdes.

« Alors que l’intérêt pour l’huile de cannabidiol et d’autres compléments augmente, il est important de savoir que de simples modifications du mode de vie comme l’exercice peuvent moduler les endocannabinoïdes », souligne Amrita Vijay, coauteur.

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : University of Nottingham, Gut Microbes.
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Placebo : comment les attentes peuvent diminuer ou amplifier la douleur

La perception de la douleur peut être fortement influencée par les attentes et les croyances.

Alors que les circuits du cortex responsables de la modulation de la douleur ont fait l’objet d’études approfondies, les voies du tronc cérébral impliquées dans les phénomènes d’analgésie apportée par un placebo et d’hyperalgésie apportée par un nocebo sont moins connues, expliquent les auteurs d’une étude publiée en octobre 2021 dans le Journal of Neuroscience.

Lewis Crawford de l’Université de Sydney (Australie) et ses collègues ont mesuré l’activité du tronc cérébral au moyen de l’imagerie par résonance magnétique haute résolution alors que les participants évaluaient l’intensité de la douleur provoquée par une source de chaleur appliquée sur leur bras.

Les participants pensaient que trois types de crème avaient été appliqués sur leur bras : une crème antidouleur avec de la lidocaïne, une crème intensifiant la chaleur avec de la capsaïcine, et de la vaseline. En réalité, les trois crèmes étaient de la vaseline, et toute différence perçue dans la douleur provenait des effets placebo ou nocebo.

Les informations relatives aux attentes, qui sont à l’origine de ces effets, passent du cortex (siège de la pensée notamment) à des groupes de cellules du tronc cérébral, qui modulent ensuite les signaux de douleur dans la moelle épinière.

Les effets placebo et nocebo influencaient l’activité du même circuit du tronc cérébral, de manière opposée. « L’intensité de l’effet placebo était liée à une augmentation de l’activité dans une zone appelée médullaire ventromédiane rostrale et à une diminution de l’activité dans un noyau appelé gris périaqueducal ; l’effet nocebo induisait le changement inverse. »

Ces résultats révèlent le rôle du tronc cérébral dans la modulation de la douleur et pourraient constituer une piste pour de futurs traitements de la douleur aiguë et chronique, concluent les chercheurs.

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

(1) Amplification et inhibition de la douleur : Les impulsions nerveuses périphériques provenant des récepteurs dans les tissus subissent une modification dans les neurones de la moelle épinière qui peuvent résulter en une inhibition ou une facilitation de la douleur. L’expérience de la douleur dépend du traitement complexe fait par le système nerveux central des signaux ascendants (provenant des tissus périphériques) qui sont puissamment modulés par des mécanismes inhibiteurs et facilitateurs descendants (provenant du système nerveux central).

Psychomédia avec sources : Society for Neuroscience, Journal of Neuroscience.
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Fibromyalgie et autres douleurs chroniques : quels sont les traitements psychologiques ?

Dans un article publié en septembre 2021 dans la revue Psychological Science in the Public Interest, des chercheurs des universités Yale et Harvard passent en revue les interventions psychologiques pour le traitement de la douleur chronique.

Dans de nombreux cas, les mécanismes biologiques qui sous-tendent la douleur chronique sont inconnus, et le recours à des interventions médicales (par exemple, l’utilisation d’analgésiques, la chirurgie) pourrait ne pas être bénéfique, soulignent Mary A. Driscoll de l’Université Yale et ses collègues (1).

Dans des conditions telles que la fibromyalgie ou la lombalgie non spécifique, la douleur chronique peut être conçue comme une maladie en soi, expliquent-ils. Autrement, elle est généralement considérée comme un symptôme d’une affection sous-jacente.

Driscoll et ses collègues (1) se basent sur le modèle biopsychosocial de la douleur chronique. Proposé en 1978 par Engel, ce modèle souligne l’interdépendance des facteurs biologiques (par ex., lésions tissulaires, santé physique, vulnérabilités génétiques), des facteurs psychologiques (par ex., attention, attitudes, catastrophisme) et des facteurs sociaux (par ex., influences culturelles, apprentissage social).

Ils énumèrent une série de facteurs, jouant un rôle dans l’apparition, le maintien et l’exacerbation de la douleur chronique, sur lesquels les interventions psychologiques peuvent agir.

Traitements psychologiques

Ils décrivent les interventions psychologiques les plus largement acceptées. Pour chacune, ils discutent des théories et des mécanismes sous-jacents, examinent les données probantes et les résultats attendus (p. ex. réduction de l’utilisation des analgésiques, effets sur l’humeur, réduction de la détresse…).

Les interventions examinées sont les suivantes :

  • Psychothérapie de soutienMet l’accent sur l’acceptation inconditionnelle et la compréhension empathique.
  • Entraînement à la relaxationUtilise la respiration, la relaxation musculaire et l’imagerie visuelle pour contrer la réponse du corps au stress.
  • BiofeedbackUtilise un équipement de biofeedback pour surveiller les réponses physiologiques au stress et à la douleur (par exemple, le rythme cardiaque, la transpiration) et enseigne comment réguler à la baisse les réponses physiologiques du corps.
  • HypnoseConsiste en une suggestion hypnotique du clinicien pour réduire la douleur et intègre un entraînement à la relaxation.
  • Thérapie comportementale opéranteCherche à remplacer les comportements inadaptés correspondant au rôle de « malade » par des comportements plus sains correspondant au rôle de « bien portant ».
  • Thérapie cognitivo-comportementaleIdentifie et cherche à modifier les pensées mésadaptées concernant la douleur qui provoquent de la détresse et des comportements inutiles, comme l’isolement et le repli sur soi ; encourage le développement de stratégies comportementales utiles pour faire face à la situation (par exemple, la relaxation).
  • Thérapie d’acceptation et d’engagementEncourage l’acceptation de la douleur chronique et se concentre sur les stratégies d’identification et de renforcement des comportements cohérents avec les objectifs souhaités.
  • Interventions basées sur la pleine conscienceVise à dissocier la douleur physique de la douleur émotionnelle par une prise de conscience accrue du corps, de la respiration et de l’activité.
  • Thérapie par la conscience et l’expression des émotionsMet en évidence l’interconnexion des régions du cerveau responsables du traitement de la douleur physique et des émotions ; encourage la confrontation des émotions évitées pour réduire le lien entre les émotions et la douleur.
  • Physiothérapie psychologiquement informéeIntègre la thérapie physique et la thérapie cognitivo-comportementale.

Pour une description plus détaillée de certaines de ces interventions, voyez :

Soins intégrés de la douleur

En 2016, le ministère américain de la Santé et des Services sociaux a publié sa « stratégie nationale contre la douleur » qui mettait en évidence les insuffisances et les lacunes des approches actuelles des soins de la douleur chronique, souvent limitées aux médicaments ou aux procédures médicales invasives.

Pour combler ces lacunes, et conformément au modèle biopsychosocial, la stratégie recommandait « un traitement intégré, fondé sur des données probantes, centré sur le patient, multimodal et interdisciplinaire comme norme de soins de la douleur chronique ». Elle définissait les soins intégrés de la douleur comme étant « la coordination systématique des aspects médicaux, psychologiques et sociaux des soins de santé ».

Dans un commentaire accompagnant l’article, Beth D. Darnall (Université de Stanford) soutient que les traitements psychologiques devraient être des traitements de première ligne, appliqués tôt, et pas seulement recommandés après l’échec des traitements pharmacologiques et/ou physiques.

De plus, « plutôt que de décrire le traitement psychologique comme des “compétences d’adaptation à la douleur”, ce que les patients entendent comme “apprendre à faire face à la douleur”, le traitement psychologique peut être décrit plus précisément comme réduisant directement l’intensité de la douleur et orientant favorablement le système nerveux vers le soulagement », écrit-elle. Mme Darnall souligne également la nécessité de comprendre l’hétérogénéité de la douleur, les avantages des approches centrées sur le patient.

Il est à noter que le modèle biopsychosocial n’implique pas que l’origine ou la cause de la douleur chronique puisse être psychologique (psychosomatique) ; la douleur est définitivement d’origine biologique, soulignent des chercheurs : Diagnostiquer les douleurs et maladies comme étant d’origine psychologique est non fondé et dépassé.

(1) Robert R. Edwards, William C. Becker, Ted J. Kaptchuk, Robert D. Kerns.

Arthrite rhumatoïde : l’alimentation pourrait aider à réduire la douleur

Une alimentation à base de plantes (végétalienne) pourrait soulager les symptômes douloureux de la polyarthrite rhumatoïde, selon une analyse publiée dans la revue Frontiers in Nutrition.

La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune caractérisée par une inflammation qui cause de la douleur et de l’enflure.

Bien que les facteurs génétiques soient importants, des études montrent que des facteurs liés au mode de vie, dont l’alimentation, jouent un rôle.

Jihad Alwarith et ses collègues du Physicians Committee for Responsible Medicine (PCRM, basé à Washington) ont passé en revue les études observationnelles et les essais cliniques publiés sur le sujet.

Ils concluent que des données probantes montrent qu’une alimentation à base de plantes peut réduire l’inflammation et améliorer les symptômes de la maladie.

  • Réduction de l’inflammation

    L’alimentation peut jouer un rôle déclencheur dans le processus auto-immun, et une barrière intestinale compromise peut permettre à des composants alimentaires ou à des micro-organismes d’entrer dans la circulation sanguine, provoquant une inflammation, expliquent les chercheurs.

    Une étude publiée en 2015, cite le communiqué des chercheurs, a montré que des participants assignés au hasard à une intervention alimentaire à base de plantes de deux mois ont connu une réduction de leurs scores inflammatoires, comparativement à ceux qui avaient suivi un régime alimentaire plus riche en gras et en produits animaux.

    D’autres études ont montré que les régimes riches en gras et en viande transformée sont associés à des marqueurs inflammatoires, dont la protéine C-réactive (PCR). Les régimes à base de plantes et ceux à haute teneur en fibres ont été associés à des niveaux plus faibles de PCR.

  • Réduction de la douleur et de l’enflure

    Un essai clinique randomisé portant sur les effets d’un régime végétalien faible en gras chez des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde modérée à sévère a montré, après seulement quatre semaines, une amélioration de la raideur matinale, de la douleur, de la sensibilité et de l’enflure des articulations. Les auteurs de l’étude soulignaient que les régimes à base de plantes sont généralement faibles en gras et riches en fibres, ce qui peut réduire l’inflammation et diminuer la douleur et l’enflure.

  • Indice de masse corporelle (IMC) plus faible

    Les régimes à base de plantes sont efficaces pour la perte de poids.

    Des études montrent qu’un excès de poids augmente le risque de polyarthrite et diminue la probabilité de rémission si la maladie est déjà présente. Une analyse publiée en 2018 a montré que les personnes atteintes de la maladie qui ont perdu plus de 5 kg étaient trois fois plus susceptibles de connaître une amélioration que celles ayant perdu moins de 5 kg.

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  • Santé des bactéries intestinales (microbiote)

    Certaines études suggèrent que le microbiote pourrait jouer un rôle clé dans la polyarthrite rhumatoïde et l’inflammation. Les auteurs notent que les régimes à haute teneur en fibres à base de plantes peuvent modifier la composition des bactéries intestinales et augmenter leur diversité, laquelle est faible chez les personnes atteintes de la maladie. (Le microbiote intestinal en cause dans des formes d’arthrite)

    Comment les fibres maintiennent la santé du microbiote intestinal

« Une alimentation à base de fruits, de légumes, de céréales et de légumineuses peut s’avérer extrêmement utile pour les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde », conclut Hana Kahleova, coauteure et directrice de la recherche clinique du PCRM.

D’autres recherches sont cependant nécessaires pour tester l’efficacité d’une alimentation à base de plantes sur la douleur articulaire, l’inflammation et la qualité de vie, indiquent les auteurs.

Des études ont déjà aussi montré qu’une alimentation à base de plantes pourrait protéger contre d’autres maladies d’origine auto-immune telles que des hypothyroïdies, des hyperthyroïdies et la sclérose en plaques, mentionne le communiqué des chercheurs.

Pour plus d’informations sur la polyarthrite rhumatoïde et l’alimentation, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Physicians Committee for Responsible Medicine, Frontiers in Nutrition.
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Fibromyalgie : le microbiote varie avec la sévérité de la douleur (étude montréalaise)

Les personnes atteintes de fibromyalgie auraient un microbiome différent, selon une étude québécoise publiée en juin la revue Pain.

« La fibromyalgie est une maladie incurable touchant de 2 à 4 % de la population. Elle entraîne fatigue, troubles du sommeil et difficultés cognitives, mais les douleurs chroniques diffuses constituent son principal symptôme. »

Amir Minerbi du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et ses collègues ont mis en lumière, pour la première fois, des différences dans les bactéries peuplant les voies digestives des personnes atteintes de fibromyalgie.

Ils ont mené cette étude avec 156 personnes de la région montréalaise, dont 77 atteintes de fibromyalgie. Certaines personnes du groupe de comparaison vivaient avec les personnes atteintes ou étaient des parents (père, mère, enfant, frère ou sœur). Les participants ont été interviewés et ont fourni des échantillons de selles, de sang, de salive et d’urine.

« Nous avons scruté une multitude de données et repéré 19 espèces bactériennes dont la quantité variait à la hausse ou à la baisse chez les personnes atteintes de fibromyalgie », explique Emmanuel Gonzalez, du Centre canadien de génomique computationnelle et du Département de génétique humaine de l’Université McGill.

« Nous avons eu recours à diverses techniques, dont l’intelligence artificielle, pour confirmer que les changements observés dans le microbiome des sujets atteints de fibromyalgie n’étaient pas causés par des facteurs qui modifient le microbiome, par exemple l’alimentation, les médicaments, l’activité physique et l’âge », explique le Dr Amir Minerbi.

« Grâce à l’apprentissage machine, notre ordinateur a pu diagnostiquer la fibromyalgie à partir de la seule composition du microbiome avec un taux d’exactitude de 87 %. Forts de cette première découverte, nous entendons poursuivre nos travaux dans le but d’augmenter ce taux et, peut-être, de changer la donne en matière de diagnostic. »

La fibromyalgie est difficile à diagnostiquer. Parfois, les patients attendent leur diagnostic pendant quatre ou cinq ans. (Douleur chronique généralisée : 15 maladies à ne pas confondre avec la fibromyalgie)

« Nous avons constaté que la fibromyalgie et ses symptômes – douleurs, fatigue et troubles cognitifs – étaient, de tous les facteurs qui agissaient sur le microbiome des personnes atteintes, ceux dont l’effet était le plus marqué, indique le Dr Minerbi. Nous avons également fait une observation inédite, à savoir une corrélation directe entre la gravité des symptômes et la présence ou l’absence plus marquée de certaines bactéries. »

« Pour l’instant, on ne saurait dire avec certitude si les variations du microbiome observées chez les patients fibromyalgiques ne sont que des marqueurs de la maladie ou jouent un rôle dans son apparition », précise le communiqué du CUSM.

Des recherches futures viseront à déterminer « si les bactéries peuvent provoquer la douleur et la fibromyalgie, et si leur présence peut les orienter vers un éventuel traitement curatif et accélérer la démarche diagnostique ».

« Les chercheurs devront maintenant vérifier s’ils obtiennent des résultats semblables dans une autre cohorte, éventuellement recrutée ailleurs dans le monde, et réaliser des études chez l’animal pour déterminer si la variation de la composition bactérienne contribue à l’apparition de la maladie. »

Ils devront aussi vérifier « si le microbiome intestinal subit le même type de changements en présence d’autres douleurs chroniques, par exemple des lombalgies, des céphalées et des douleurs neuropathiques. »

Pour plus d’informations sur la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : CUSM.
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Lyrica et Neurontin sont beaucoup trop prescrits contre la douleur malgré une efficacité insuffisamment démontrée

Les prescriptions de médicaments gabapentinoïdes, un type d’anticonvulsivants commercialisé à l’origine pour traiter l’épilepsie, augmentent en Amérique du Nord, avec une utilisation hors indication fréquente malgré un manque de preuve d’efficacité, soulignent les auteurs d’une étude québécoise publiée en mai dans le Journal of Hospital Medicine (JHM).

Cette fréquente utilisation hors indications pourrait mettre certains patients en danger, estiment les auteurs.

Les Drs Marc-Alexandre Gingras et Emily G. McDonald du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ont, avec leurs collègues, mené cette étude avec les patients consécutifs hospitalisés au site Glen du CUSM de 2013 à 2017.

Sur 4 103 patients hospitalisés, 550 (13,4 %) s’étaient fait prescrire des gabapentinoïdes avant leur admission, et deux patients avaient même reçu une coprescription de gabapentine et de prégabaline.

Une minorité seulement (94/552, soit 17 %) avait reçu ces prescriptions pour des indications approuvées. Bien qu’il soit rare que les gabapentinoïdes soient nouvellement prescrits à l’hôpital, ceux prescrits avant l’admission étaient rarement déprescrits (65/495 patients, soit 13 %).

« Si dans certains cas, l’utilisation des gabapentinoïdes hors indication peut être bénéfique, le public devrait connaître leurs possibles dangers. Cette classe de médicaments devient de plus en plus courante, malgré la faiblesse des preuves d’efficacité pour diminuer la douleur et les preuves qu’elle augmente les risques de chutes, de fractures et de pertes de mémoire, », indique la Dre McDonald.

Les participants à cette étude étaient des personnes plus âgées souffrant de plusieurs problèmes de santé. Ces personnes courent donc un plus grand risque de développer des complications liées à la prise inutile de médicaments, souligne le Dr Gingras.

Même lorsqu’il s’agissait d’indications approuvées, les doses étaient souvent plus faibles que ce qui est jugé efficace. De plus, ces médicaments étaient coprescrits avec des benzodiazépines et des opioïdes, ce qui augmente le risque de décès, a montré une étude précédente.

« Ces médicaments devraient être réévalués régulièrement et leur prise devrait être arrêtée progressivement afin d’éviter des complications telles que les crises convulsives », indique la Dre McDonald.

Étant donné la prévalence élevée d’utilisation, l’efficacité limitée et les méfaits potentiels, les gabapentinoïdes peuvent représenter une cible idéale pour la réévaluation de l’indication et de l’efficacité chez les adultes hospitalisés, en vue de leur déprescription.

Au CUSM, précise-t-elle, les gabapentinoïdes sont maintenant signalées au médecin traitant, afin qu’il puisse procéder à cette réévaluation et considérer leur déprescription afin d’aider à réduire la polypharmacie (utilisation concomitante de plusieurs médicaments par un patient).

Pour plus d’informations sur la prégabaline (Lyrica) et la gabapentine (Neurontin), voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Centre universitaire de santé McGill, Journal of Hospital Medicine.
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Le manque de sommeil cause une augmentation de la douleur

Le cerveau réagit différemment à la douleur chez les personnes qui manquent de sommeil, montre une étude publiée dans le Journal of Neuroscience. La qualité du sommeil influence la sensibilité à la douleur dès le lendemain.

Des études précédentes ont déjà montré que le manque de sommeil amplifie l’expérience de douleur.

Mais les mécanismes cérébraux qui sous-tendent cette altération du traitement cérébral de la douleur demeurent inconnus. Et il n’est pas clair si cette relation se manifeste au jour le jour et si des changements modestes du sommeil ont un impact sur la douleur ressentie dès le lendemain.

Pour répondre à ces questions, Matthew Walker de l’Université de Californie à Berkeley et ses collègues ont mené deux études, l’une avec de jeunes adultes dans un laboratoire du sommeil et l’autre en ligne.

Lorsque les participants étaient gardés éveillés toute la nuit en laboratoire, des changements dans la réactivité cérébrale à un stimulus douloureux (chaleur) étaient observés.

La réactivité était augmentée dans le cortex somatosensoriel primaire et diminuée dans les régions du striatum et du cortex insulaire, qui effectuent un traitement de plus haut niveau de la douleur.

En accord avec cette signature neurale modifiée, la privation de sommeil abaisse le seuil de douleur (une température plus basse est considérée comme douloureuse). De plus, le degré de réactivité amplifiée dans le cortex somatosensoriel est en corrélation avec le seuil de perception d’une douleur.

La 2e étude, menée avec des participants en ligne, a montré que même de modestes changements de la qualité du sommeil déterminaient des changements quotidiens de la douleur ressentie.

Ces résultats mettent en lumière l’interrelation entre le sommeil et la douleur, qui diminue et augmente, respectivement, dans les sociétés du monde entier, concluent les chercheurs.

Ils suggèrent que l’amélioration de la qualité du sommeil pourrait être une approche efficace pour la gestion de la douleur.

Pour plus d’informations sur la relation entre le sommeil et la douleur, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Society for Neuroscience, Journal of Neuroscience.
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