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Des niveaux élevés de nanoplastiques détectés dans l’eau embouteillée

Une récente étude, menée par des chercheurs des universités de Columbia et Rutgers, a révélé la présence alarmante de nanoplastiques dans l’eau embouteillée. Cette étude, pionnière dans l’utilisation d’un microscope à double laser, a détecté près de 240 000 morceaux de nanoplastiques par litre, soulignant un problème potentiellement grave.

Les chercheurs ont analysé cinq échantillons de trois marques d’eau embouteillée courantes, découvrant que les niveaux de particules variaient de 110 000 à 400 000 par litre. Cette taille de nanoplastiques, inférieure à un micron, est dix fois plus petite que celle des microplastiques précédemment étudiés. Les nanoplastiques sont principalement issus des bouteilles elles-mêmes et des filtres à membrane par osmose inverse utilisés pour éliminer les contaminants.

Bien que la question de savoir si ces nanoplastiques sont nuisibles à la santé soit encore en cours d’examen, des préoccupations subsistent. Les nanoplastiques, pénétrant dans les tissus des mammifères, dont les humains, soulèvent des interrogations quant à leur impact sur les cellules. Cependant, aucune conclusion définitive n’a été tirée quant à leur dangerosité.

Face à cette découverte, les chercheurs ont personnellement réduit leur consommation d’eau embouteillée. Toutefois, l’Association internationale de l’eau embouteillée a souligné le manque de méthodes normalisées et le manque de consensus scientifique sur les impacts potentiels des nanoplastiques. Les chercheurs préconisent l’utilisation de bouteilles réutilisables pour ceux qui s’inquiètent de cette situation.

Cette étude souligne le besoin d’une attention accrue sur la qualité de l’eau embouteillée. Alors que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les implications sur la santé, elle incite déjà à repenser l’utilisation quotidienne de bouteilles en plastique au profit de solutions plus durables

Pesticides dans l’eau du robinet : choc de la réalité

Un pesticide qui a été interdit en France en 2020 semble être largement présent dans l’eau du robinet, d’après les résultats de la récente campagne de mesure menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et publiés le 6 avril 2023.

Ce problème de dépassement des seuils ne se limite pas uniquement à ce pesticide, comme l’indiquent les données recueillies.

Au cours de cette campagne de mesure portant sur des composés chimiques peu ou pas régulièrement contrôlés, trois catégories de polluants ont été examinées : 157 pesticides et leurs métabolites, 54 résidus d’explosifs, ainsi qu’un solvant, le 1,4-dioxane. Parmi les 7 substances « émergentes » qui dépassent la limite de qualité de 0,1 µg/litre, le métabolite du chlorothalonil R471811, un fongicide soupçonné d’être cancérogène, est le plus fréquemment détecté, présent dans plus de la moitié des échantillons prélevés et dépassant la limite dans plus d’un tiers d’entre eux.

La décision d’inclure cette substance dans la campagne de mesures découle des données suisses publiées en 2019, qui avaient montré sa fréquente présence dans les eaux de consommation en Suisse. Par conséquent, la ville de Lausanne avait choisi d’utiliser l’eau du lac Léman, présentant des concentrations inférieures aux seuils fixés, pour remplacer les sources problématiques d’approvisionnement, d’après la Fédération romande des consommateurs.

Interrogé, le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), qui dessert 4 millions d’utilisateurs, a confirmé que plus de 3 millions d’entre eux reçoivent de l’eau contenant des niveaux de métabolite du chlorothalonil quatre à cinq fois supérieurs au seuil réglementaire.

Les coûts à venir pour traiter la présence de ce métabolite s’avèrent considérables. Selon le Sedif, la mise à niveau des installations de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) représenterait un investissement de 870 millions d’euros pour se conformer aux normes.

Une eau non conforme pour 20 % des Français

Le problème de dépassement des seuils de qualité pour les pesticides et leurs métabolites ne se limite pas uniquement au chlorothalonil R471811.

En septembre 2022, des données recueillies auprès des agences régionales de santé (ARS), des agences de l’eau et des préfectures ont révélé que 20 % des Français de métropole, soit 12 millions de personnes, avaient régulièrement ou occasionnellement reçu de l’eau non conforme via le robinet.

Ces chiffres « frappants » révèlent l’étendue de la contamination des ressources en eau par les pesticides et leurs produits de dégradation, et ils mettent en évidence des lacunes profondes, persistantes depuis de nombreuses années, dans la surveillance de l’eau potable. Ces chiffres contrastent avec les données du ministère de la Santé de 2020, qui faisaient état de 5,9 % de la population recevant une eau du robinet non conforme.

Il est expliqué que « Pourquoi le pourcentage d’eau potable non conforme est-il passé de moins de 6 % en 2020 à environ 20 % l’année suivante ? Il n’y a pas eu d’augmentation soudaine et récente de l’utilisation des pesticides ». « Il y a beaucoup d’autocensure au sein de l’administration, un manque d’aptitude à affronter la réalité ». On a également commenté que « Un jour, des comptes devront être rendus »