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Quelle est l’efficacité du botox contre la douleur de l’arthrose du pouce

L’injection de Botox (toxine botulique de type A) dans l’articulation permet une certaine réduction de la douleur de l’arthrose de la base du pouce, selon une étude française publiée en juillet 2022 dans le Lancet Rheumatology.

En dehors de l’orthèse de repos rigide sur mesure, aucun traitement médicamenteux ou non médicamenteux n’a démontré son efficacité avec un haut niveau de preuve dans le traitement de l’arthrose de la base du pouce, indique le communiqué de l’Inserm.

 Pour les phases aigüe et subaiguë de la maladie, les injections intra-articulaires de corticoïdes peuvent être proposées, mais sont moins efficaces que dans le genou.La toxine botulique de type A est utilisée en neurologie et en médecine esthétique pour ses propriétés parésiantes. Les études précliniques et cliniques ont montré que la toxine botulique de type A avait également des propriétés analgésiques par inhibition de certains neurotransmetteurs de la douleur (substance P, glutamate, peptide relié au gène calcitonine) à la fois au niveau périphérique et central. L’équipe de recherche a donc émis l’hypothèse que son injection intra-articulaire pourrait réduire la douleur à court terme. »Des chercheurs de l’hôpital Cochin-Port Royal AP-HP, de l’Inserm et de l’Université Paris Cité, coordonnée par la professeure Christelle Nguyen, ont mené un essai randomisé contrôlé en double aveugle comparant l’injection de Botox à celle d’un placebo (sérum salé) chez des personnes souffrant d’arthrose douloureuse de la base du pouce (rhizarthrose).L’étude a inclus 60 participants dont la moitié a reçu une injection d’1 ml de Botox (50 unités d’Allergan dans l’articulation trapézo-métacarpienne) et l’autre moitié a reçu le placebo. Les participants des deux groupes avaient une orthèse de repos rigide sur mesure.À l’inclusion, l’âge moyen était de 64,9 ans, la douleur moyenne était de 60 points sur 100 et 80 % des participants étaient des femmes.À 3 mois, la réduction moyenne de la douleur de la base du pouce a été de 25,7 points sur 100 dans le groupe ayant reçu le traitement contre 9,7 dans le groupe témoin (placebo), soit une différence absolue de 16 points sur 100.Aucune différence n’a été détectée dans la douleur à 1 et à 6 mois et, à 3 et 6 mois, dans les limitations d’activité spécifiques à la main et dans la consommation d’antalgiques et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Aucun effet indésirable considéré comme sévère n’a été observé. La moitié (47 %) des participants du groupe de traitement et 7 % des participants du groupe témoin ont signalé un léger déficit moteur transitoire du muscle thénar.« L’injection intra-articulaire de 50 unités de Botox associée au port d’une orthèse de repos rigide sur mesure permet de réduire la douleur à 3 mois chez les patients ayant une arthrose douloureuse de la base du pouce », concluent les chercheurs qui comptent poursuivre les travaux pour optimiser la dose de Botox et le schéma d’injection.

Rhume : quelle efficacité du médicament « Échinacée pourpre Humexphyto » ? (Prescrire)

« On ne connait pas de médicament, phytothérapie ou autre, ayant une balance bénéfices-risques favorable pour réduire l’intensité ou la durée des symptômes d’un rhume », indique la revue Prescrire dans son numéro de septembre.

Le rhume est « en général d’origine virale et sans gravité ».

« Les manifestations cliniques, difficulté à respirer par le nez, écoulement nasal et éternuements, disparaissent spontanément en général en 1 à 2 semaines. Un écoulement nasal épais et purulent fait partie de l’évolution normale d’un rhume. »

« Les traitements de premier choix consistent à : boire régulièrement, éviter la fumée de tabac, humidifier ou dégager les voies nasales avec du sérum physiologique, et éventuellement prendre du paracétamol en cas de douleurs ou de fièvre. »

« Échinacée pourpre Humexphyto est un médicament à base de jus déshydraté des parties aériennes fleuries d’Echinacea purpurea. Il est autorisé en France sous forme de comprimés dans le traitement et la prévention du rhume chez les adultes et les enfants à partir de l’âge de 12 ans. »

« L’efficacité clinique de ce médicament par rapport au placebo n’est pas démontrée étant donné les limites de ces essais : faibles effectifs, résultats discordants, conflits d’intérêts, doute sur le respect du double aveugle dans un groupe, etc. »

« Les préparations à base d’Echinacea purpurea exposent à peu d’effets indésirables. Mais de rares réactions allergiques graves ont été rapportées, et sont à mettre en balance avec la bénignité du rhume et l’absence d’efficacité démontrée au-delà de celle d’un placebo. »

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Prescrire.
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Lyrica et Neurontin sont beaucoup trop prescrits contre la douleur malgré une efficacité insuffisamment démontrée

Les prescriptions de médicaments gabapentinoïdes, un type d’anticonvulsivants commercialisé à l’origine pour traiter l’épilepsie, augmentent en Amérique du Nord, avec une utilisation hors indication fréquente malgré un manque de preuve d’efficacité, soulignent les auteurs d’une étude québécoise publiée en mai dans le Journal of Hospital Medicine (JHM).

Cette fréquente utilisation hors indications pourrait mettre certains patients en danger, estiment les auteurs.

Les Drs Marc-Alexandre Gingras et Emily G. McDonald du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ont, avec leurs collègues, mené cette étude avec les patients consécutifs hospitalisés au site Glen du CUSM de 2013 à 2017.

Sur 4 103 patients hospitalisés, 550 (13,4 %) s’étaient fait prescrire des gabapentinoïdes avant leur admission, et deux patients avaient même reçu une coprescription de gabapentine et de prégabaline.

Une minorité seulement (94/552, soit 17 %) avait reçu ces prescriptions pour des indications approuvées. Bien qu’il soit rare que les gabapentinoïdes soient nouvellement prescrits à l’hôpital, ceux prescrits avant l’admission étaient rarement déprescrits (65/495 patients, soit 13 %).

« Si dans certains cas, l’utilisation des gabapentinoïdes hors indication peut être bénéfique, le public devrait connaître leurs possibles dangers. Cette classe de médicaments devient de plus en plus courante, malgré la faiblesse des preuves d’efficacité pour diminuer la douleur et les preuves qu’elle augmente les risques de chutes, de fractures et de pertes de mémoire, », indique la Dre McDonald.

Les participants à cette étude étaient des personnes plus âgées souffrant de plusieurs problèmes de santé. Ces personnes courent donc un plus grand risque de développer des complications liées à la prise inutile de médicaments, souligne le Dr Gingras.

Même lorsqu’il s’agissait d’indications approuvées, les doses étaient souvent plus faibles que ce qui est jugé efficace. De plus, ces médicaments étaient coprescrits avec des benzodiazépines et des opioïdes, ce qui augmente le risque de décès, a montré une étude précédente.

« Ces médicaments devraient être réévalués régulièrement et leur prise devrait être arrêtée progressivement afin d’éviter des complications telles que les crises convulsives », indique la Dre McDonald.

Étant donné la prévalence élevée d’utilisation, l’efficacité limitée et les méfaits potentiels, les gabapentinoïdes peuvent représenter une cible idéale pour la réévaluation de l’indication et de l’efficacité chez les adultes hospitalisés, en vue de leur déprescription.

Au CUSM, précise-t-elle, les gabapentinoïdes sont maintenant signalées au médecin traitant, afin qu’il puisse procéder à cette réévaluation et considérer leur déprescription afin d’aider à réduire la polypharmacie (utilisation concomitante de plusieurs médicaments par un patient).

Pour plus d’informations sur la prégabaline (Lyrica) et la gabapentine (Neurontin), voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Centre universitaire de santé McGill, Journal of Hospital Medicine.
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Pentoxyvérine (sirop Vicks et autre) : risques graves et efficacité non démontrée selon Prescrire

« La pentoxyvérine expose à de nombreux effets indésirables dont des réactions allergiques et des troubles cardiaques », indique la revue Prescrire dans son numéro d’avril.

« La pentoxyvérine (Vicks sirop pectoral 0,15 %, Clarix toux sèche 0,15 %) est un antitussif autorisé dans les années 1950 en France. Son efficacité n’est pas démontrée au-delà d’un effet placebo », peut-on lire.

Prescrire précise :

« La pentoxyvérine a des effets atropiniques (1) exposant à des glaucomes par fermeture de l’angle, des troubles de l’accommodation (2), des sècheresses de la bouche, des nausées, des constipations, des rétentions urinaires notamment en cas de surdose, des confusions, des somnolences, des agitations, des désorientations et des hallucinations visuelles.

Les patients âgés sont particulièrement sensibles aux effets indésirables des atropiniques. Les patients ayant un adénome de la prostate sont exposés davantage à la rétention urinaire, les patients ayant un angle iridocornéen étroit sont exposés davantage à un glaucome aigu par fermeture de l’angle. De très nombreux médicaments ont des effets atropiniques qui s’additionnent lorsque ces médicaments sont associés.

Début 2019, des cas de dépressions respiratoires et de détresses respiratoires sont connus avec la pentoxyvérine, ainsi que des troubles allergiques (éruptions cutanées, angiœdèmes, syndromes de Stevens-Johnson, chocs anaphylactiques) et des troubles du rythme cardiaque (et des morts subites). »

(1) Ayant une action inhibitrice du neurotransmetteur acétylcholine. (2) Trouble de l’œil.

« La pentoxyvérine expose à des effets indésirables parfois graves, alors qu’elle n’est pas plus efficace qu’un placebo. Sa balance bénéfices-risques est défavorable. Autant ne pas l’utiliser », conclut la revue.

Quatre antitussifs font partie de la liste 2019 de 93 médicaments plus dangereux qu’utiles de la revue.

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Prescrire.
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Lunettes antilumière bleue : une efficacité décevante selon UFC-Que Choisir (vidéo)

« Les verres supposés protéger les yeux de la lumière bleue ne la filtrent que très peu », indique l’association de consommateurs française UFC-Que Choisir dans un article publié le 21 février.

« Et ce ne sont pas les prétendues preuves apportées par des expériences menées à l’aide de lasers qui doivent convaincre du contraire. »

Les gens qui achètent des lunettes, se font proposer un traitement antilumière bleue. Certains opticiens (voir la vidéo plus bas) démontrent même, à l’aide d’un laser, l’efficacité des verres ainsi traités. « En réalité ces expériences ne prouvent strictement rien », explique l’association.

La lumière bleue présente en grande quantité dans la lumière qui émane des écrans d’ordinateur ou des smartphones est soupçonnée d’effets nocifs sur la rétine et les rythmes chronobiologiques.

Les verres filtrants sont disponibles sur les lunettes de vue mais les opticiens vendent aussi des modèles antilumière bleue sans correction.

L’association a testé deux de ces modèles : celui de Krys (eProtect, 39 €) et celui d’Afflelou (Blueblock, 39 €). En suivant la norme servant à déterminer la dangerosité des ampoules LED, elle « a mesuré la différence entre la lumière bleue émanant de l’écran d’un ordinateur et d’une tablette sans, puis avec, ces verres filtrants. Les résultats ont été convertis en temps pendant lequel il est possible de regarder l’écran avant que cela devienne dangereux pour la rétine. »

Les résultats sont «  très décevants » : « on gagne seulement entre 14 % (Krys) et 17 % (Afflelou) de temps avant dangerosité. Autrement dit, si le temps avant dangerosité calculé selon la norme est de 1 heure sur un écran, il sera d’à peine 1 h 10 avec ces lunettes. »

L’association n’a pu tester les traitements de verre proposés par Essilor dans ses lunettes de vue, car il aurait fallu mesurer sur les mêmes verres avec et sans traitement. Mais le fabricant précise « que la protection de ses verres Eye Protect System s’élevait à 20 % environ. »

Deux scientifiques, Sylvie Zanier et Julien Delahaye, ont commenté ces résultats. « Il est impossible de filtrer la lumière bleue avec un verre transparent. Pour absorber efficacement la composante bleue de la lumière, il faut un verre jaune, c’est une notion de physique tout à fait basique », explique Sylvie Zanier, professeure agrégée de physique à l’université Grenoble Alpes.

« Sans surprise, les tests que nous avons faits montrent que ces verres ne filtrent quasiment pas la lumière bleue des écrans », ajoute Julien Delahaye, chercheur en physique au CNRS.

« De toute façon, les fabricants sont confrontés à un casse-tête : la lumière bleue violet, qui serait responsable d’un vieillissement prématuré de la rétine, devrait être filtrée en permanence, tandis que la bleue turquoise, qui a un impact sur le rythme veille-sommeil, ne devrait l’être que le soir. »

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : UFC-Que Choisir, Acuité.
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Dépression résistante aux antidépresseurs : efficacité de la stimulation du nerf vague

La stimulation électrique du nerf vague serait efficace pour le traitement de la dépression majeure résistante aux antidépresseurs, selon une étude publiée en août dans le Journal of Clinical Psychiatry.

Charles R. Conway, professeur de psychiatrie à l’Université de Washington à St-Louis, et ses collègues ont mené cette étude avec près de 600 personnes souffrant de dépression qui n’ont pu être soulagées par quatre antidépresseurs ou plus, pris séparément ou en combinaison

Parmi celles-ci, 328 ont reçu le traitement de stimulation (tout en poursuivant ou non leur traitement par antidépresseurs) et 271 ont poursuivi leur traitement habituel (antidépresseurs, psychothérapie, stimulation magnétique transcrânienne, thérapie électroconvulsive…).

Les stimulateurs du nerf vague, implantés chirurgicalement sous la peau dans le cou ou la poitrine, envoient de légères impulsions électriques régulières au cerveau par l’intermédiaire du nerf vague. Celui-ci prend naissance dans le cerveau, passe par le cou et descend dans la poitrine et l’abdomen.

La Food and Drug Administration (FDA) américaine a approuvé la stimulation du nerf vague pour la dépression résistante au traitement en 2005.

« Beaucoup de patients prennent jusqu’à trois, quatre ou cinq antidépresseurs, et ils s’en sortent à peine. Mais quand vous ajoutez un stimulateur de nerf vague, cela peut vraiment faire une grande différence dans la vie quotidienne des gens », rapporte le chercheur.

Jusqu’à deux tiers des 14 millions d’Américains souffrant de dépression clinique ne sont pas aidés par le premier antidépresseur qui leur est prescrit, et jusqu’à un tiers d’entre eux ne répondent pas aux tentatives ultérieures avec d’autres antidépresseurs, rapporte le communiqué des chercheurs.

La qualité de vie était évaluée selon 14 composantes dont la santé physique, les relations familiales, la capacité de travailler et le bien-être général.

Sur environ 10 des 14 mesures, telles que l’humeur, la capacité de travailler, les relations sociales, les relations familiales et les activités de loisirs, les personnes portant un stimulateur du nerf vague ont fait mieux, indique le chercheur.

« Pour qu’une personne soit considérée comme ayant répondu à un traitement de la dépression, il faut qu’elle subisse une baisse de 50 % de son score de dépression à un test standard. Mais nous avons remarqué, de façon anecdotique, que certains patients ayant reçu un stimulateur déclaraient se sentir beaucoup mieux, même si leurs scores ne baissaient que de 34 à 40 % ».

Conway croit qu’une meilleure capacité de concentration peut être une clé des avantages que certains patients tirent de la stimulation.

« Quand une personne se sent plus alerte et plus énergique et a une meilleure capacité d’accomplir une routine quotidienne, les niveaux d’anxiété et de dépression diminuent. »

Pour plus d’informations sur le traitement de la dépression, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Washington University School of Medicine, Journal of Clinical Psychiatry.
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Rhinite allergique saisonnière : efficacité modeste des désensibilisations et risques (Prescrire, conseils)

Dans la rhinite allergique saisonnière, alias « rhume des foins », « l’efficacité des désensibilisations sous-cutanées et sublinguales est modeste », indique la revue Prescrire dans son numéro d’août. Et, « elles exposent à des réactions d’hypersensibilité graves ».

« La rhinite allergique saisonnière est une affection gênante mais bénigne. Ses symptômes diminuent au cours de la vie chez la moitié des patients. »

Pendant la saison des pollens, rappelle la revue, « appliquer certaines mesures visant à réduire l’exposition à l’allergène semble limiter les symptômes » :

  • fermer les fenêtres,
  • limiter les sorties dans la journée par temps sec et chaud, ou après un orage, fermer les vitres en voiture,
  • changer de vêtements et se doucher, y compris les cheveux, après être sorti,
  • éviter de faire sécher le linge à l’extérieur.

« Lorsque la gêne est importante, le cromoglicate de sodium en pulvérisation nasale (Lomusol ou autre) est une option de premier choix. »

« Quand la gêne persiste malgré les traitements symptomatiques, une désensibilisation est parfois proposée si le ou les pollens en cause ont été identifiés.

La désensibilisation consiste à administrer, par voie sous-cutanée ou par voie sublinguale, des doses croissantes de l’allergène ou des allergènes en cause, pour réduire les symptômes du patient lors de l’exposition à cet allergène.

La désensibilisation par voie sous-cutanée est contraignante, et son efficacité est faible pour réduire les symptômes et diminuer la consommation de médicaments. Elle expose à des réactions d’hypersensibilité graves parfois mortelles. Même si ces réactions sont exceptionnelles, il n’est pas justifié de prendre de tels risques pour une affection bénigne.

L’efficacité de la désensibilisation par voie sublinguale est au mieux modeste. Elle expose aussi à des effets indésirables graves. Quand elle est envisagée, les patients ou l’entourage des enfants ont à être avertis du risque de réaction grave et de la conduite à tenir lors de la survenue d’une telle réaction. »

Les symptômes spécifiques des allergies croisées pollens-aliments

Pour plus d’informations sur les allergies respiratoires, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Prescrire.
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La progression du reiki et de la kinésiologie, sans efficacité démontrée, inquiète en France

Le reiki et la kinésiologie sont « deux techniques qui connaissent un développement sans précédent en France, alors qu’elles sont porteuses de risques et non éprouvées », relève la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) dans son rapport annuel remis le 22 mars au gouvernement.

Ces pratiques, souligne le rapport, sont susceptibles de « faire perdre des chances d’amélioration ou de guérison aux personnes malades ».

Le reiki

Le reiki, décrit le rapport, est une « méthode thérapeutique promue et développée par le japonais Mikao Usui (1865-1926) à la suite d’une révélation mystique qui l’aurait conduit à la fin du xixe siècle à recevoir les “clefs de la guérison”, cette technique de guérison par imposition des mains fait du praticien initié à la technique un simple médium permettant au patient de rétablir la force vitale garante de sa bonne santé.

Pour en résumer brièvement le principe : cette technique, nécessairement précédée d’une phase initiatique, entraînerait un mouvement énergétique intérieur. La détente des muscles accélèrerait la guérison et ouvrirait la conscience aux causes de la maladie ou de la douleur. Elle accroîtrait également les capacités d’auto-guérison physique et psychoaffective, en cas de blocages, dépression, anxiété, échecs. »

La kinésiologie

« Fondée dans les années 1960 par un chiropracteur américain, la kinésiologie est une méthode de thérapie holistique inspirée par la médecine chinoise.

Cette technique psycho-corporelle recourt à un test musculaire de communication au plan physique et émotionnel. Proposée à tous les âges de la vie et à tous les publics elle permettrait d’optimiser le capital de “ressources personnelles” avec l’accompagnement d’un thérapeute, et de parvenir à l’auto-guérison des difficultés existentielles et des maladies.

Mouvance née dans le sillage du New Age, ses adeptes et sympathisants prônent de manière plus ou moins radicale la rupture avec des habitudes de vie jugées néfastes, au profit de choix naturels et authentiques comme l’alimentation biologique, les médecines douces, les thérapies non médicamenteuses ou encore l’écologie. Il existe de nombreuses déclinaisons de cette méthode. »

L’Inserm qui a évalué cette méthode, indique le rapport, conclut que « ni la
kinésiologie appliquée professionnelle, ni la kinésiologie énergétique n’ont fait à ce jour la preuve de leur efficacité
 ».

Formations et diplômes non reconnus

Les formations et les diplômes délivrés aussi bien pour le reiki que pour la kinésiologie ne sont pas reconnus par l’État. N’importe qui peut se déclarer « kinésiologue » ou « maître reiki » et enseigner ces techniques, souligne le rapport.

Mise sous emprise

Le rapport décrit des techniques de mise sous emprise rodées :

« Dans la majorité des cas le processus de mise sous emprise est le même : valoriser la victime pour mieux asseoir l’emprise du gourou thérapeute.

Il s’agira de convaincre l’adepte qu’il est exceptionnel et que pour aller mieux et retrouver son énergie, sa joie de vivre et tout son potentiel, il devra se séparer de son conjoint, se couper de ses amis, et surtout suivre des stages, généralement coûteux, mais nécessaires pour accéder au bien-être.

On fait également miroiter à l’adepte la possibilité de devenir lui-même “praticien” voire formateur, ce qui est en soi très valorisant et réconfortant pour une personne en perte de repères ou qui porte en elle le refoulement des traumatismes psychiques de la vie infantile auxquels le pseudo thérapeute prétend pouvoir donner sens et les surmonter.

Cette phase d’approche qu’on pourrait qualifier de “période de réconfort dans l’adversité” se fonde sur une offre séductrice de spiritualité et de thérapie.

Dans un second temps, l’environnement sectaire est présenté comme étant chaleureux, familial, souvent proche de la nature et de considérations “environnementales” permettant “un retour aux sources”. Petit à petit la relation va se baser sur l’admiration du patient envers son thérapeute, qui pourra imposer toutes ses exigences, allant jusqu’à la soumission totale de l’adepte qui aura subi des pressions réitérées afin d’altérer son jugement.

Il est possible de devenir maître reiki en trois ou quatre stages de formation accélérée les week-ends. Certains témoignages font état de séances de guérison à distance et dans certains cas par téléphone ou visioconférence. »

« Ces techniques font (…) leur apparition dans quelques établissements de santé avec tous les risques que cela peut représenter pour les patients (déstabilisation, perte de chance de guérison). »

Sur le site de la Miviludes : Rapport annuel d’activité 2016-2017.

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

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Anxiété liée à la santé : efficacité d’une psychothérapie testée par le gouvernement britannique

Une forme spécifique de psychothérapie aide à surmonter l’anxiété liée à la santé, selon une étude financée et publiée par le National Institute for Health Research (NIHR) gouvernemental britannique dans la revue Health Technology Assessment.

L’anxiété portant sur la santé a récemment été reconnue comme une affection distincte, étroitement liée, mais non identique au diagnostic antérieur d’hypocondrie.

La plupart des personnes souffrant d’une anxiété liée à la santé sont atteintes d’hypocondrie, mais une proportion de celles atteintes d’hypocondrie n’est pas significativement anxieuse. L’une des raisons pour distinguer l’anxiété liée à la santé des autres formes d’hypocondrie est qu’elle peut se prêter à des interventions psychologiques, en particulier la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), explique le communiqué des chercheurs.

Les personnes souffrant d’anxiété liée à la santé craignent constamment d’avoir une maladie non diagnostiquée. Elles surveillent et vérifient fréquemment leur corps. Elles consultent fréquemment des médecins, d’autres professionnels de la santé et des proches, à la fois pour se rassurer et pour faire des tests afin d’exclure la maladie redoutée.

Il est estimé que jusqu’à une personne sur cinq qui consulte dans les cliniques médicales souffrirait d’une anxiété anormale, qui peut être aggravée par des recherches en ligne sur les symptômes, d’où le terme « cybercondrie ». Seulement une personne sur dix souffrant d’anxiété liée à la santé recevrait un diagnostic.

« L’état de santé est souvent déclenché par un événement, et la combinaison d’une plus grande vulnérabilité personnelle, rehaussée par une sensibilisation accrue du public aux maladies, renforce l’anxiété. Avec la disponibilité immédiate d’Internet, les gens sentent qu’il est de leur responsabilité de veiller à leur santé, ce que les experts de la santé publique encouragent. »

« Le problème est que les symptômes de l’anxiété de santé sont mal interprétés comme étant ceux d’une maladie physique et donc la plupart des patients vont chez un médecin, de soins primaires ou secondaires, pour demander de l’aide dans la recherche d’un diagnostic physique, ignorant ainsi le noyau mental de la condition ».

Le professeur de psychiatrie Peter Tyrer et ses collègues de l’Imperial College London et du King’s College London ont mené cette étude avec 444 personnes souffrant d’une anxiété sévère liée à la santé, recrutées dans cinq hôpitaux généraux. Elles ont été assignées au hasard à recevoir une moyenne de six sessions de 60 minutes de thérapie cognitivo-comportementale spécifiquement adaptée pour l’anxiété de santé (TCC-AS) ou à des soins continus en clinique, leur médecin ayant été informé qu’une anxiété anormale a été reconnue.

L’anxiété liée à la santé était fréquente chez des personnes atteintes de maladies physiques, par exemple des personnes s’étant rétablies d’une crise cardiaque et interprétant des symptômes mineurs comme étant des avertissements d’autres crises et réduisant ainsi toutes leurs activités. Les symptômes incluaient des douleurs thoraciques ou des maux de tête persistant malgré le fait que le médecin assurait qu’il n’y avait pas de cause physique à leur détresse.

La TCC-AS aide les patients à remettre leurs pensées en question et à reconnaître la façon dont leur anxiété est maintenue par la recherche de réassurance et la surveillance excessive de leur corps, ainsi que la vérification des symptômes en ligne. Cette démarche est soutenue par des expériences comportementales pour tester les nouvelles façons de penser.

Après un an, la condition des patients ayant reçu la TCC-AS s’était améliorée, passant de sévère à modérée, comparativement à celle des participants ayant reçu les soins standards. Les symptômes d’anxiété et de dépression s’étaient également améliorés. La différence s’est atténuée avec le temps mais le niveau de sévérité est demeuré modéré après 5 ans.

Le traitement était aussi efficace lorsque dispensé par des infirmières que par des psychologues et d’autres professionnels de la santé.

Les décès ont été semblables dans les deux groupes, mais ceux du groupe ayant reçu les soins standards sont survenus plus tôt, ce qui donne à penser que la TCC-AS n’a pas mis la vie en danger en empêchant l’identification de maladies graves.

Les coûts du traitement ont été plus que compensés par les économies réalisées dans les services de santé, soulignent les chercheurs.

« La TCC-AS permet à des thérapeutes sans expérience préalable d’être formés relativement facilement. Elle a donc le potentiel de pouvoir être largement utilisée en milieu hospitalier général sous une supervision appropriée », concluent-ils.

Pour plus d’informations sur l’anxiété liée à la santé, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Imperial College London, Health Technology Assessment, NIHR.
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