Archives par mot-clé : fibromyalgie

Fibromyalgie et microbiote : espoir d’un outil diagnostic et de traitements

Des altérations des bactéries intestinales et des acides biliaires sanguins chez les femmes atteintes de fibromyalgie sont liées à la sévérité de leurs symptômes, montre une étude publiée en mai 2022 dans la revue Pain.

Ces résultats pourraient mener au développement d’outils diagnostiques et thérapeutiques, soulignent les chercheurs.

« La fibromyalgie, un syndrome qui provoque des douleurs, de la fatigue et des troubles cognitifs, touche jusqu’à 4 % de la population, principalement les femmes », précisent les chercheurs. « Cette maladie peu comprise demeure sans traitement et difficile à diagnostiquer. ».L’équipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), de l’Université McGill et de l’Université de Montréal a été la première à démontrer en 2019 que la fibromyalgie était associée à des altérations du microbiote intestinal.

Dans cette nouvelle étude, menée avec 42 femmes atteintes de fibromyalgie et 42 femmes en bonne santé, elle fournit les premières données démontrant que, comparativement aux personnes en bonne santé, celles atteintes du syndrome présentent des différences de quantités et d’espèces de bactéries intestinales métabolisant la bile et des différences de concentrations sanguines d’acides biliaire. Certaines de ces différences sont corrélées à la sévérité des symptômes.

Sécrétés par le foie, les acides biliaires aident l’organisme à digérer les graisses et remplissent aussi plusieurs fonctions dans d’autres systèmes du corps. Une fois métabolisés dans l’intestin, ils sont réacheminés vers le foie et le sang et deviennent des acides biliaires secondaires.

Les bactéries métabolisant la bile qui sont les plus abondantes dans l’intestin n’étaient pas identiques dans les deux groupes. De plus, chez les femmes atteintes de fibromyalgie, la concentration sérique d’acides biliaires secondaires présentait des altérations considérables.

Au moins quelques-unes des différences observées dans la composition du microbiote et dans les bactéries métabolisant la bile étaient vraisemblablement attribuables à la fibromyalgie, et non à d’autres facteurs individuels ou environnementaux.

« Par exemple, les personnes atteintes de fibromyalgie souffrent fréquemment du syndrome du côlon irritable et de troubles dépressifs, mais nous avons pu démontrer que les altérations des acides biliaires associées à la fibromyalgie n’étaient pas corrélées à ces pathologies », explique Emmanuel Gonzalez, expert en bio-informatique et coauteur.

La présence de six acides biliaires secondaires particuliers suffisait à déterminer avec plus de 90 % de précision si une participante était atteinte de fibromyalgie.

« Il s’agit d’une avancée importante, puisque diagnostiquer la fibromyalgie est un procédé souvent laborieux qui exige d’écarter d’autres maladies pouvant causer des symptômes semblables », explique le Dr Amir Minerbi, co-premier auteur.

Un acide biliaire secondaire, l’α-muricholique (α-MCA), était en moyenne cinq fois moins présent chez les participantes atteintes de fibromyalgie que chez celles en bonne santé. Cette différence était associée à la plupart des symptômes du syndrome, notamment la douleur, la fatigue, le sommeil non réparateur et les troubles cognitifs.

L’alimentation étant un facteur qui agit sur la composition du microbiote intestinal, les scientifiques ont également mené des analyses sur les habitudes nutritionnelles. Aucune corrélation n’a été observée entre les aliments consommés et les symptômes.

(1) Amir Minerbi, Emmanuel Gonzalez, Nicholas Brereton, Mary-Ann Fitzcharles, Stéphanie Chevalier, Yoram Shir.

Fibromyalgie et autres douleurs chroniques : quels sont les traitements psychologiques ?

Dans un article publié en septembre 2021 dans la revue Psychological Science in the Public Interest, des chercheurs des universités Yale et Harvard passent en revue les interventions psychologiques pour le traitement de la douleur chronique.

Dans de nombreux cas, les mécanismes biologiques qui sous-tendent la douleur chronique sont inconnus, et le recours à des interventions médicales (par exemple, l’utilisation d’analgésiques, la chirurgie) pourrait ne pas être bénéfique, soulignent Mary A. Driscoll de l’Université Yale et ses collègues (1).

Dans des conditions telles que la fibromyalgie ou la lombalgie non spécifique, la douleur chronique peut être conçue comme une maladie en soi, expliquent-ils. Autrement, elle est généralement considérée comme un symptôme d’une affection sous-jacente.

Driscoll et ses collègues (1) se basent sur le modèle biopsychosocial de la douleur chronique. Proposé en 1978 par Engel, ce modèle souligne l’interdépendance des facteurs biologiques (par ex., lésions tissulaires, santé physique, vulnérabilités génétiques), des facteurs psychologiques (par ex., attention, attitudes, catastrophisme) et des facteurs sociaux (par ex., influences culturelles, apprentissage social).

Ils énumèrent une série de facteurs, jouant un rôle dans l’apparition, le maintien et l’exacerbation de la douleur chronique, sur lesquels les interventions psychologiques peuvent agir.

Traitements psychologiques

Ils décrivent les interventions psychologiques les plus largement acceptées. Pour chacune, ils discutent des théories et des mécanismes sous-jacents, examinent les données probantes et les résultats attendus (p. ex. réduction de l’utilisation des analgésiques, effets sur l’humeur, réduction de la détresse…).

Les interventions examinées sont les suivantes :

  • Psychothérapie de soutienMet l’accent sur l’acceptation inconditionnelle et la compréhension empathique.
  • Entraînement à la relaxationUtilise la respiration, la relaxation musculaire et l’imagerie visuelle pour contrer la réponse du corps au stress.
  • BiofeedbackUtilise un équipement de biofeedback pour surveiller les réponses physiologiques au stress et à la douleur (par exemple, le rythme cardiaque, la transpiration) et enseigne comment réguler à la baisse les réponses physiologiques du corps.
  • HypnoseConsiste en une suggestion hypnotique du clinicien pour réduire la douleur et intègre un entraînement à la relaxation.
  • Thérapie comportementale opéranteCherche à remplacer les comportements inadaptés correspondant au rôle de « malade » par des comportements plus sains correspondant au rôle de « bien portant ».
  • Thérapie cognitivo-comportementaleIdentifie et cherche à modifier les pensées mésadaptées concernant la douleur qui provoquent de la détresse et des comportements inutiles, comme l’isolement et le repli sur soi ; encourage le développement de stratégies comportementales utiles pour faire face à la situation (par exemple, la relaxation).
  • Thérapie d’acceptation et d’engagementEncourage l’acceptation de la douleur chronique et se concentre sur les stratégies d’identification et de renforcement des comportements cohérents avec les objectifs souhaités.
  • Interventions basées sur la pleine conscienceVise à dissocier la douleur physique de la douleur émotionnelle par une prise de conscience accrue du corps, de la respiration et de l’activité.
  • Thérapie par la conscience et l’expression des émotionsMet en évidence l’interconnexion des régions du cerveau responsables du traitement de la douleur physique et des émotions ; encourage la confrontation des émotions évitées pour réduire le lien entre les émotions et la douleur.
  • Physiothérapie psychologiquement informéeIntègre la thérapie physique et la thérapie cognitivo-comportementale.

Pour une description plus détaillée de certaines de ces interventions, voyez :

Soins intégrés de la douleur

En 2016, le ministère américain de la Santé et des Services sociaux a publié sa « stratégie nationale contre la douleur » qui mettait en évidence les insuffisances et les lacunes des approches actuelles des soins de la douleur chronique, souvent limitées aux médicaments ou aux procédures médicales invasives.

Pour combler ces lacunes, et conformément au modèle biopsychosocial, la stratégie recommandait « un traitement intégré, fondé sur des données probantes, centré sur le patient, multimodal et interdisciplinaire comme norme de soins de la douleur chronique ». Elle définissait les soins intégrés de la douleur comme étant « la coordination systématique des aspects médicaux, psychologiques et sociaux des soins de santé ».

Dans un commentaire accompagnant l’article, Beth D. Darnall (Université de Stanford) soutient que les traitements psychologiques devraient être des traitements de première ligne, appliqués tôt, et pas seulement recommandés après l’échec des traitements pharmacologiques et/ou physiques.

De plus, « plutôt que de décrire le traitement psychologique comme des “compétences d’adaptation à la douleur”, ce que les patients entendent comme “apprendre à faire face à la douleur”, le traitement psychologique peut être décrit plus précisément comme réduisant directement l’intensité de la douleur et orientant favorablement le système nerveux vers le soulagement », écrit-elle. Mme Darnall souligne également la nécessité de comprendre l’hétérogénéité de la douleur, les avantages des approches centrées sur le patient.

Il est à noter que le modèle biopsychosocial n’implique pas que l’origine ou la cause de la douleur chronique puisse être psychologique (psychosomatique) ; la douleur est définitivement d’origine biologique, soulignent des chercheurs : Diagnostiquer les douleurs et maladies comme étant d’origine psychologique est non fondé et dépassé.

(1) Robert R. Edwards, William C. Becker, Ted J. Kaptchuk, Robert D. Kerns.

Fibromyalgie et autres douleurs chroniques : l’implication du microbiote

Les recherches indiquent de plus en plus que les bactéries intestinales pouvaient jouer un rôle dans la douleur chronique et plus particulièrement dans la fibromyalgie, ont rapporté Amir Minerbi et Mary-Ann Fitzcharles de l’Université McGill (Montréal, Canada) en février dans la revue Clinical and Experimental Rheumatology.

La composition de la communauté bactérienne intestinale est modifiée chez les personnes atteintes de fibromyalgie, avec une abondance modifiée d’un petit sous-ensemble d’espèces bactériennes.

Certaines de ces espèces, dont l’abondance est diminuée ou augmentée, « ont une activité métabolique établie qui pourrait avoir une pertinence dans l’expression des symptômes de la fibromyalgie ».

Les mécanismes potentiels qui pourraient permettre à ces espèces bactériennes d’agir sur la douleur, la fatigue, l’humeur et d’autres symptômes incluent la rupture de la barrière intestinale, l’activation immunitaire et la sensibilisation des neurones sensoriels.

Les chercheurs détaillent les recherches publiées à ce jour sur le sujet ainsi que les résultats de leurs propres travaux. (Fibromyalgie : le microbiote varie avec la sévérité de la douleur)

Bien qu’il ne s’agisse que des premières étapes dans la compréhension du rôle du microbiome intestinal dans la douleur chronique et plus particulièrement dans la fibromyalgie, il est possible d’envisager des perspectives d’avenir encourageantes pour une meilleure compréhension des mécanismes de la fibromyalgie, le développement d’aides objectives au diagnostic et éventuellement de nouvelles modalités de traitement, concluent les auteurs.

En attendant d’en connaître davantage, les auteurs suggèrent que consommer plus de fibres et moins de sucres et de gras ne peut faire de tort et peut contribuer à améliorer la santé du microbiote.

Pour plus d’informations sur la fibromyalgie et sur le microbiote et la santé, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Clinical and Experimental Rheumatology.
Tous droits réservés

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia

Fibromyalgie : l’hypothèse d’un déséquilibre de certains neurotransmetteurs

Des études ont montré que la fibromyalgie est liée à un déséquilibre entre la neurotransmission excitatrice (qui déclenche une activité neuronale) et inhibitrice (qui inhibe l’activité).

La spectroscopie par résonance magnétique (SRM) a montré des niveaux accrus du neurotransmetteur glutamate (excitateur) dans le cortex cingulaire insulaire et postérieur ainsi que des niveaux insulaires réduits du neurotransmetteur GABA (1) (inhibiteur).

Ces deux changements ont été associés à une sensibilité accrue à la douleur. (Fibromyalgie : un déséquilibre cérébral causerait une neuropathie des petites fibres)

Cependant, il n’est pas clair si la neurotransmission excitatrice et/ou inhibitrice est altérée dans l’ensemble du cerveau.

Afin de répondre à cette question, Florence Pomares de l’Université McGill (Québec, Canada) et ses collègues (2) ont mené une étude, dont les résultats sont publiés dans la revue Pain, visant à quantifier la concentration des récepteurs GABAA dans l’ensemble du cerveau.

Ils ont mené cette étude avec 51 femmes ménopausées, dont 26 étaient atteintes de fibromyalgie. Les participantes ont subi des évaluations de la sensibilité à la douleur, de l’attention et de la mémoire, du statut psychologique et du fonctionnement. Elles ont notamment rempli l’Inventaire de dépression de Beck et le Questionnaire d’impact de la fibromyalgie. Elles ont également passé une tomographie par émission de positrons (imagerie cérébrale) utilisant un traceur pour les récepteurs GABAA.

Les participantes atteintes de fibromyalgie présentaient une sensibilité accrue à la douleur, une mémoire immédiate altérée et une concentration accrue des récepteurs corticaux GABAA dans les réseaux du mode de l’attention et du mode par défaut.

Dans les deux groupes (fibromyalgie et témoin), la concentration des récepteurs GABAA était liée aux scores fonctionnels et à la douleur actuelle.

Les changements de concentration étaient généralisés et n’étaient pas limités aux régions de traitement de la douleur. Ces résultats suggèrent que le système GABAergique est altéré, indiquant potentiellement un déséquilibre entre la neurotransmission excitatrice et inhibitrice.

Comme le GABA est le neurotransmetteur le plus abondant dans le cerveau et participe à une myriade de fonctions cérébrales, une régulation haussant les récepteurs GABAA dans plusieurs régions du cerveau pourrait avoir des conséquences importantes. Plusieurs mécanismes pourraient expliquer cette augmentation. Toutes les explications ont en commun une diminution de la concentration des neurotransmetteurs GABA (1), laquelle entraînerait une augmentation compensatoire de la concentration des récepteurs.

« Nous montrons que la concentration corticale des récepteurs GABAA est régulée à la hausse dans la fibromyalgie et associée au niveau de douleur et au fonctionnement », résument les chercheurs. « Cette régulation à la hausse se produit dans un vaste réseau de régions du cerveau et ne se limite pas aux régions typiques du traitement de la douleur. Ces résultats s’ajoutent aux données en faveur de l’hypothèse d’un déséquilibre entre la neurotransmission excitatrice et inhibitrice, qui semble s’appliquer à différentes affections de douleur chronique. »

Les études futures devraient tester les niveaux des neurotransmetteurs glutamate et GABA ainsi que l’expression des récepteurs chez les mêmes patients, idéalement dans des études longitudinales, afin d’étudier plus avant l’hypothèse du déséquilibre, concluent les chercheurs.

Pour plus d’informations sur la fibromyalgie et sur les hypothèses de causes (pathogénie) de la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.

(1) Les médicaments somnifères et anxiolytiques de la classe des benzodiazépines tels que le Xanax agissent sur le neurotransmetteur inhibiteur GABA afin de calmer l’activité du cerveau.

(2) Florence Pomares, Steve Roy, Thomas Funck, Natasha Feier, Alexander Thiel, Mary-Ann Fitzcharles, Petra Schweinhardt.

Psychomédia avec sources : Pain, Pain (Ovid).
Tous droits réservés

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia

Fibromyalgie : une pathologie des petites fibres nerveuses dans la moitié des cas

Une étude de plus grande envergure a été publiée en août dans la revue Annals of Neurology.

Nurcan Uceyler du laboratoire de neuroscience de l’Université de Wuerzburg (Allemagne) et ses collègues ont mené cette étude avec 117 personnes atteintes de fibromyalgie.

Les données ont été comparées à celles de participantes souffrant de dépression majeure ou de douleur généralisée chronique ainsi que de femmes en santé.

La densité des petites fibres dans la peau a été évaluée au moyen de 5 tests portant sur la morphologie, la fonction et les propriétés électrophysiologiques : biopsie de la peau, microscopie confocale cornéenne, microneurographie, tests sensoriels quantitatifs et potentiels évoqués par la douleur.

La sévérité des symptômes était notamment évaluée au moyen du Questionnaire de l’impact de la fibromyalgie révisé (faites le test).

La densité des fibres nerveuses était réduite à différents sites de biopsie chez 63 % des participantes atteintes de fibromyalgie. (Critères diagnostiques de la fibromyalgie)

Comparativement à celles atteintes de fibromyalgie dont l’innervation cutanée était normale, celles qui présentaient une réduction généralisée de la densité des petites fibres présentaient une plus grande intensité de la douleur, une invalidité plus grande, plus de paresthésie et plus d’anxiété. Elles avaient également une densité et une longueur de fibres nerveuses cornéennes plus faibles.

Ces résultats soulignent l’importance du système nerveux périphérique pour les symptômes de la fibromyalgie, concluent les chercheurs.

Le fait que les participantes atteintes de fibromyalgie présentant une réduction généralisée de l’innervation cutanée avaient également une réduction plus importante de l’innervation cornéenne indique une neurodégénérescence étendue, soulignent-ils.

Les mécanismes par lesquels cette réduction de l’innervation causerait les douleurs de la fibromyalgie demeurent à préciser.

Les résultats d’une revue systématique de la littérature scientifique, publiée en avril 2019 dans la revue Seminars in Arthritis and Rheumatism, a recensé 935 études portant sur la pathologie des petites fibres dans la fibromyalgie. De ce nombre, 8 articles complets répondaient aux critères pour être inclus dans une méta-analyse combinant les données de 222 participants. Cette analyse a montré une prévalence de la pathologie chez la moitié des personnes fibromyalgiques (49 %).

Des anomalies dans le traitement de la douleur par le système nerveux central sont également démontrées dans la fibromyalgie, rappelaient les auteurs de cette analyse. (Sensibilisation cérébrale à la douleur dans la fibromyalgie : actualités)

Les contributions relatives des systèmes nerveux central et périphérique à la pathogenèse de la fibromyalgie font toujours l’objet de débats.

Pour plus d’informations sur la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Annals of Neurology.
Tous droits réservés

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia

Fibromyalgie : le microbiote varie avec la sévérité de la douleur (étude montréalaise)

Les personnes atteintes de fibromyalgie auraient un microbiome différent, selon une étude québécoise publiée en juin la revue Pain.

« La fibromyalgie est une maladie incurable touchant de 2 à 4 % de la population. Elle entraîne fatigue, troubles du sommeil et difficultés cognitives, mais les douleurs chroniques diffuses constituent son principal symptôme. »

Amir Minerbi du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et ses collègues ont mis en lumière, pour la première fois, des différences dans les bactéries peuplant les voies digestives des personnes atteintes de fibromyalgie.

Ils ont mené cette étude avec 156 personnes de la région montréalaise, dont 77 atteintes de fibromyalgie. Certaines personnes du groupe de comparaison vivaient avec les personnes atteintes ou étaient des parents (père, mère, enfant, frère ou sœur). Les participants ont été interviewés et ont fourni des échantillons de selles, de sang, de salive et d’urine.

« Nous avons scruté une multitude de données et repéré 19 espèces bactériennes dont la quantité variait à la hausse ou à la baisse chez les personnes atteintes de fibromyalgie », explique Emmanuel Gonzalez, du Centre canadien de génomique computationnelle et du Département de génétique humaine de l’Université McGill.

« Nous avons eu recours à diverses techniques, dont l’intelligence artificielle, pour confirmer que les changements observés dans le microbiome des sujets atteints de fibromyalgie n’étaient pas causés par des facteurs qui modifient le microbiome, par exemple l’alimentation, les médicaments, l’activité physique et l’âge », explique le Dr Amir Minerbi.

« Grâce à l’apprentissage machine, notre ordinateur a pu diagnostiquer la fibromyalgie à partir de la seule composition du microbiome avec un taux d’exactitude de 87 %. Forts de cette première découverte, nous entendons poursuivre nos travaux dans le but d’augmenter ce taux et, peut-être, de changer la donne en matière de diagnostic. »

La fibromyalgie est difficile à diagnostiquer. Parfois, les patients attendent leur diagnostic pendant quatre ou cinq ans. (Douleur chronique généralisée : 15 maladies à ne pas confondre avec la fibromyalgie)

« Nous avons constaté que la fibromyalgie et ses symptômes – douleurs, fatigue et troubles cognitifs – étaient, de tous les facteurs qui agissaient sur le microbiome des personnes atteintes, ceux dont l’effet était le plus marqué, indique le Dr Minerbi. Nous avons également fait une observation inédite, à savoir une corrélation directe entre la gravité des symptômes et la présence ou l’absence plus marquée de certaines bactéries. »

« Pour l’instant, on ne saurait dire avec certitude si les variations du microbiome observées chez les patients fibromyalgiques ne sont que des marqueurs de la maladie ou jouent un rôle dans son apparition », précise le communiqué du CUSM.

Des recherches futures viseront à déterminer « si les bactéries peuvent provoquer la douleur et la fibromyalgie, et si leur présence peut les orienter vers un éventuel traitement curatif et accélérer la démarche diagnostique ».

« Les chercheurs devront maintenant vérifier s’ils obtiennent des résultats semblables dans une autre cohorte, éventuellement recrutée ailleurs dans le monde, et réaliser des études chez l’animal pour déterminer si la variation de la composition bactérienne contribue à l’apparition de la maladie. »

Ils devront aussi vérifier « si le microbiome intestinal subit le même type de changements en présence d’autres douleurs chroniques, par exemple des lombalgies, des céphalées et des douleurs neuropathiques. »

Pour plus d’informations sur la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : CUSM.
Tous droits réservés

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia

12 mai : journée mondiale de la fibromyalgie et du syndrome de fatigue chronique (qui ont beaucoup de points communs)

Ces deux affections ont plusieurs symptômes en commun et il n’est pas rare qu’une personne rencontre les critères diagnostiques de ces deux syndromes. La prédominance de la douleur dirige vers un diagnostic de fibromyalgie.

Dans les deux cas, malgré des recherches prometteuses, les causes ne sont pas encore identifiées et il n’existe pas de test diagnostique biologique. Le diagnostic est donc posé sur la base des symptômes cliniques.

Il n’existe pas de traitements qui guérissent ces maladies. Les traitements et la prise en charge visent, avec souvent une faible efficacité, à soulager les symptômes.

Fibromyalgie

La fibromyalgie est caractérisée par des douleurs musculo-squelettiques diffuses (généralisées) chroniques qui ne sont pas expliquées par des lésions aux tissus musculo-squelettiques, des troubles du sommeil, une fatigue et des troubles cognitifs.

En 2010, la Haute Autorité de Santé (HAS) estimait qu’entre 1,4 % et 2,2 % de Français, dont plus de 80 % de femmes, en seraient atteints.

Différents critères diagnostiques (ensemble de symptômes qui définissent la maladie) ont été proposés.

Les critères proposés en 2010 par l’ARC (American College of Rheumatology) sont ceux actuellement généralement reconnus. (TEST : Rencontrez-vous les critères 2010 de la fibromyalgie)

Mais les critères précédents de 1990, notamment caractérisés par les 18 points douloureux à la pression, demeurent très utilisés.

Parce que ces deux ensembles de critères présentent certaines problématiques, un groupe de 37 experts internationaux ont proposé de nouveaux critères en 2018.

Une expertise collective de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur la fibromyalgie, demandée par la Direction générale de la Santé, est en cours de réalisation. Les résultats seront publiés d’ici la fin de l’année 2019, indique l’Inserm à l’occasion de la journée mondiale. (Fibromyalgie : où en est le gouvernement français ? La ministre fait le point – 2018)

Syndrome de fatigue chronique

Le syndrome de fatigue chronique (SFC) n’est pas qu’une simple fatigue excessive chronique. Il est caractérisé par une fatigue et plusieurs autres symptômes (malaise post-exercice, difficultés de concentration, troubles du sommeil, douleurs généralisées…) qui ne sont pas améliorés par le repos au lit et qui peuvent être aggravés par une activité physique ou un effort mental.

En 2015, des chercheurs ont proposé le nouveau nom, plus représentatif, de « maladie de l’intolérance systémique à l’effort » et de nouveaux critères diagnostiques.

Mais les précédents, ceux de 1994 – dits de Fukuda, demeurent très utilisés. (TEST : Pourriez-vous être atteint(e) du syndrome de fatigue chronique ? – Critères de Fukuda, 1994)

Causes potentielles

Pour ces deux troubles, les recherches identifient différentes causes potentielles.

Traitements

Pour la fibromyalgie, le meilleur traitement reconnu serait l’exercice physique alors que pour le syndrome de fatigue chronique, l’exercice pourrait souvent au contraire empirer la condition.

Pour plus d’informations sur la fibromyalgie et sur le syndrome de fatigue chronique, voyez les liens plus bas.

Psychomédia
Tous droits réservés

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia

Lombalgie, fibromyalgie et autres douleurs chroniques : une thérapie de pleine conscience comparée à la thérapie cognitivo-comportementale

La méditation de la pleine conscience est une option prometteuse pour aider les personnes atteintes de douleur chronique, selon une étude canadienne publiée dans la revue Evidence Based Mental Health.

Elle aide à atténuer la sévérité et l’impact sur la vie quotidienne de la douleur chronique ainsi que la détresse qui l’accompagne

C’est important, disent les chercheurs, car l’approche psychologique la plus utilisée pour traiter la douleur chronique est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Mais elle n’est pas efficace pour tous ceux qui en souffrent.

Eve-Ling Khoo de l’Hôpital d’Ottawa et Patricia Poulin de l’Université d’Ottawa ont, avec leurs collègues, comparé la thérapie de réduction du stress basée sur la pleine conscience à la TCC.

Ils ont recensé 21 essais randomisés qui comparaient l’efficacité de l’une ou l’autre de ces deux psychothérapies à un groupe contrôle (qui recevait les soins médicaux habituels ou ne recevait aucun traitement). Les aspects mesurés étaient le fonctionnement physique, l’intensité de la douleur et la détresse.

La pleine conscience est un type de méditation qui met l’accent sur la conscience des pensées, des émotions, des sensations corporelles et de l’environnement immédiat dans le moment présent. L’élément de réduction du stress vise à aider à trouver des moyens de mieux composer avec la douleur.

La plupart des participants étaient des femmes âgées de 35 à 65 ans. Les conditions qui leur causaient de la douleur étaient en grande partie musculo-squelettiques. Parmi ces études, 9 portaient sur la fibromyalgie, 3 sur la lombalgie chronique, 2 sur la polyarthrite rhumatoïde, 1 sur l’arthrose du genou et 1 sur le trouble temporo-mandibulaire.

Aucune différence importante n’a été constatée entre les deux approches. Les deux amélioraient le fonctionnement physique et diminuaient la sévérité de la douleur et la dépression associée, comparativement aux soins habituels ou à l’absence de soins.

Les chercheurs interprètent leurs résultats avec prudence, car un seul des 21 essais comparait directement la TCC à la pleine conscience, et seulement 12 essais étaient jugés de qualité raisonnable ou bonne.

Il est trop tôt pour déterminer laquelle des deux approches est la meilleure pour les personnes qui présentent différents types de douleur et de symptômes psychologiques, soulignent-ils. Les recherches doivent se poursuivre.

Pour plus d’informations sur ces psychothérapies et la douleur chronique (mal de dos, fibromyalgie…), voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : BMJ, Evidence Based Mental Health.
Tous droits réservés

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia

Fibromyalgie et douleurs généralisées inexpliquées : résultats positifs d’une réduction de la pression du liquide céphalorachidien

En février 2018, M. Hulens de l’Université de Louvain (Belgique) et ses collègues

ainsi que plusieurs syndromes douloureux généralisés inexpliqués pourraient, dans de nombreux cas, être causés par une hypertension chronique du liquide céphalorachidien qui aurait pour conséquence une compression de la racine des

dans la moelle épinière.

M. Hulens a publié, dans le numéro de juillet de la revue Annals of Physical and Rehabilitation Medicine, les résultats d’une étude portant sur les effets d’une réduction de cette pression sur les symptômes de la fibromyalgie.

« La douleur chronique généralisée inexpliquée et la fibromyalgie sont généralement considérées comme des troubles douloureux centralisés », c’est-à-dire dont l’origine se situe dans le système nerveux central (cerveau et moelle épinière), indique-t-il.

« Mais la FM présente des caractéristiques de troubles neurologiques (impliquant le système nerveux périphérique). De plus, il y a des similitudes entre la fibromyalgie, la douleur généralisée et les syndromes de dysrégulation de la pression cérébrospinale tels que l’hypertension intracrânienne idiopathique et l’hydrocéphalie idiopathique avec pression normale. »

Lorsque la pression intracrânienne augmente, le drainage de l’excès de liquide céphalorachidien par les nerfs crâniens et spinaux (ou nerfs rachidiens) augmente. L’augmentation de la pression du liquide céphalorachidien à l’intérieur des nerfs irrite les fibres nerveuses et provoque par conséquent une douleur radiculaire généralisée.

Hulens et son équipe ont émis l’hypothèse que le retrait de liquide céphalorachidien pourrait soulager la douleur chez les personnes souffrant de fibromyalgie et de douleur généralisée inexpliquée.

Les mesures de pression du liquide céphalorachidien suivies de prélèvements de liquide dans le but de soulager la douleur ont été examinées chez 30 personnes (12 hommes et 18 femmes, âgés en moyenne de 42) souffrant de douleur généralisée ou de fibromyalgie.

La pression au début de l’étude variait de 12 à 32 cm H20 (moyenne 19,7). Chez 21 patients (70 %), le retrait du liquide céphalorachidien a eu un effet favorable sur la douleur après quelques heures jusqu’à 8 semaines.

D’autres améliorations étaient : le soulagement des douleurs lombaires, des douleurs aux jambes et/ou coccygiennes ; la disparition des maux de tête ; l’amélioration de la concentration ; l’amélioration de l’humeur ; l’amélioration du sommeil ; la capacité de s’asseoir plus longtemps sans douleur ; l’amélioration de la capacité de marcher ; la diminution de la fréquence urinaire ; une plus grande facilité de vider l’intestin ou la vessie et moins de douleurs dans la mâchoire.

Ces résultats peuvent ouvrir des perspectives pour le diagnostic et le traitement, estime le chercheur. Chez les patients souffrant de douleurs chroniques, lors d’une ponction lombaire pour des raisons diagnostiques, la pression devrait être mesurée.

Pour plus d’informations sur la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Annals of Physical and Rehabilitation Medicine.
Tous droits réservés.

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia

Plus de fibromyalgie et de syndrome du côlon irritable chez les personnes qui recevront un diagnostic de sclérose en plaques

Au cours des cinq années qui précèdent l’apparition des premiers signes cliniques reconnus de la

(SEP), les personnes atteintes sont jusqu’à quatre fois plus susceptibles d’être traitées pour des troubles du système nerveux comme la douleur ou des troubles du sommeil, et 50 % plus susceptibles de consulter un psychiatre, selon une étude canadienne publiée dans le

.

Dans la SEP, le système immunitaire attaque la gaine de myéline, la matière qui isole les neurones et permet une transmission rapide des signaux électriques.

Lorsque la myéline est endommagée, la communication entre le cerveau et d’autres parties du corps est perturbée, ce qui entraîne des problèmes de vision, une faiblesse musculaire, des difficultés d’équilibre et de coordination et des troubles cognitifs.

Étant donné que les symptômes sont variés, souvent associés à d’autres troubles et qu’ils peuvent être transitoires, le diagnostic de SEP peut s’avérer difficile. La confirmation de la maladie se fait habituellement au moyen de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), un test d’impulsions nerveuses ou un examen du liquide céphalorachidien.

Le Canada a l’un des taux de SEP les plus élevés au monde, pour des raisons qui échappent aux scientifiques.

Les chercheurs, dirigés par Helen Tremlett de l’Université de la Colombie-Britannique, ont examiné les dossiers médicaux de 14 000 personnes atteintes de sclérose en plaques de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan, du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse et les ont comparés aux dossiers médicaux de 67 000 personnes n’ayant pas la maladie.

Tremlett et José Wijnands ont, avec leurs collègues, découvert que la fibromyalgie, une affection caractérisée par des douleurs musculo-squelettiques généralisées, était plus de 3 fois plus fréquente chez les personnes qui ont reçu un diagnostic de SEP par la suite, et que le syndrome du côlon irritable était presque 2 fois plus fréquent.

Deux autres affections dont les taux étaient nettement plus élevés chez les personnes atteintes de SEP étaient les migraines et les troubles de l’humeur ou d’anxiété, dont la dépression et le trouble bipolaire.

Les taux plus élevés de ces maladies correspondent également à une plus grande utilisation de médicaments pour les troubles musculo-squelettiques, les troubles du système nerveux et les troubles du tractus génito-urinaire, ainsi que les antidépresseurs et les antibiotiques.

L’étude montre que la SEP peut être précédée de symptômes précoces (prodrome) qui ne sont pas considérés comme des manifestations « classiques » de la maladie, comme une vision floue ou un engourdissement ou une faiblesse dans les membres. Alors qu’aussi récemment qu’en 2000, les manuels médicaux affirmaient que la SEP n’avait pas de prodrome.

« L’existence de tels “signes avant-coureurs” est bien acceptée pour la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson, mais il y a eu peu d’études sur un modèle similaire pour la SEP », souligne Helen Tremlett.

« Nous devons maintenant approfondir ce phénomène, peut-être à l’aide de techniques d’extraction de données. Nous voulons voir s’il y a des tendances discernables liées au sexe, à l’âge ou au type de SEP ».

Pour plus d’informations sur la sclérose en plaques, la fibromyalgie et le syndrome du côlon irritable, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : University of British Columbia, Multiple Sclerosis Journal.
Tous droits réservés.

Actualités (psychologie, santé) | Psychomédia