Archives par mot-clé : Hypnose

Fibromyalgie et autres douleurs chroniques : quels sont les traitements psychologiques ?

Dans un article publié en septembre 2021 dans la revue Psychological Science in the Public Interest, des chercheurs des universités Yale et Harvard passent en revue les interventions psychologiques pour le traitement de la douleur chronique.

Dans de nombreux cas, les mécanismes biologiques qui sous-tendent la douleur chronique sont inconnus, et le recours à des interventions médicales (par exemple, l’utilisation d’analgésiques, la chirurgie) pourrait ne pas être bénéfique, soulignent Mary A. Driscoll de l’Université Yale et ses collègues (1).

Dans des conditions telles que la fibromyalgie ou la lombalgie non spécifique, la douleur chronique peut être conçue comme une maladie en soi, expliquent-ils. Autrement, elle est généralement considérée comme un symptôme d’une affection sous-jacente.

Driscoll et ses collègues (1) se basent sur le modèle biopsychosocial de la douleur chronique. Proposé en 1978 par Engel, ce modèle souligne l’interdépendance des facteurs biologiques (par ex., lésions tissulaires, santé physique, vulnérabilités génétiques), des facteurs psychologiques (par ex., attention, attitudes, catastrophisme) et des facteurs sociaux (par ex., influences culturelles, apprentissage social).

Ils énumèrent une série de facteurs, jouant un rôle dans l’apparition, le maintien et l’exacerbation de la douleur chronique, sur lesquels les interventions psychologiques peuvent agir.

Traitements psychologiques

Ils décrivent les interventions psychologiques les plus largement acceptées. Pour chacune, ils discutent des théories et des mécanismes sous-jacents, examinent les données probantes et les résultats attendus (p. ex. réduction de l’utilisation des analgésiques, effets sur l’humeur, réduction de la détresse…).

Les interventions examinées sont les suivantes :

  • Psychothérapie de soutienMet l’accent sur l’acceptation inconditionnelle et la compréhension empathique.
  • Entraînement à la relaxationUtilise la respiration, la relaxation musculaire et l’imagerie visuelle pour contrer la réponse du corps au stress.
  • BiofeedbackUtilise un équipement de biofeedback pour surveiller les réponses physiologiques au stress et à la douleur (par exemple, le rythme cardiaque, la transpiration) et enseigne comment réguler à la baisse les réponses physiologiques du corps.
  • HypnoseConsiste en une suggestion hypnotique du clinicien pour réduire la douleur et intègre un entraînement à la relaxation.
  • Thérapie comportementale opéranteCherche à remplacer les comportements inadaptés correspondant au rôle de « malade » par des comportements plus sains correspondant au rôle de « bien portant ».
  • Thérapie cognitivo-comportementaleIdentifie et cherche à modifier les pensées mésadaptées concernant la douleur qui provoquent de la détresse et des comportements inutiles, comme l’isolement et le repli sur soi ; encourage le développement de stratégies comportementales utiles pour faire face à la situation (par exemple, la relaxation).
  • Thérapie d’acceptation et d’engagementEncourage l’acceptation de la douleur chronique et se concentre sur les stratégies d’identification et de renforcement des comportements cohérents avec les objectifs souhaités.
  • Interventions basées sur la pleine conscienceVise à dissocier la douleur physique de la douleur émotionnelle par une prise de conscience accrue du corps, de la respiration et de l’activité.
  • Thérapie par la conscience et l’expression des émotionsMet en évidence l’interconnexion des régions du cerveau responsables du traitement de la douleur physique et des émotions ; encourage la confrontation des émotions évitées pour réduire le lien entre les émotions et la douleur.
  • Physiothérapie psychologiquement informéeIntègre la thérapie physique et la thérapie cognitivo-comportementale.

Pour une description plus détaillée de certaines de ces interventions, voyez :

Soins intégrés de la douleur

En 2016, le ministère américain de la Santé et des Services sociaux a publié sa « stratégie nationale contre la douleur » qui mettait en évidence les insuffisances et les lacunes des approches actuelles des soins de la douleur chronique, souvent limitées aux médicaments ou aux procédures médicales invasives.

Pour combler ces lacunes, et conformément au modèle biopsychosocial, la stratégie recommandait « un traitement intégré, fondé sur des données probantes, centré sur le patient, multimodal et interdisciplinaire comme norme de soins de la douleur chronique ». Elle définissait les soins intégrés de la douleur comme étant « la coordination systématique des aspects médicaux, psychologiques et sociaux des soins de santé ».

Dans un commentaire accompagnant l’article, Beth D. Darnall (Université de Stanford) soutient que les traitements psychologiques devraient être des traitements de première ligne, appliqués tôt, et pas seulement recommandés après l’échec des traitements pharmacologiques et/ou physiques.

De plus, « plutôt que de décrire le traitement psychologique comme des “compétences d’adaptation à la douleur”, ce que les patients entendent comme “apprendre à faire face à la douleur”, le traitement psychologique peut être décrit plus précisément comme réduisant directement l’intensité de la douleur et orientant favorablement le système nerveux vers le soulagement », écrit-elle. Mme Darnall souligne également la nécessité de comprendre l’hétérogénéité de la douleur, les avantages des approches centrées sur le patient.

Il est à noter que le modèle biopsychosocial n’implique pas que l’origine ou la cause de la douleur chronique puisse être psychologique (psychosomatique) ; la douleur est définitivement d’origine biologique, soulignent des chercheurs : Diagnostiquer les douleurs et maladies comme étant d’origine psychologique est non fondé et dépassé.

(1) Robert R. Edwards, William C. Becker, Ted J. Kaptchuk, Robert D. Kerns.

Un homme de 88 ans a été opéré du coeur sous hypnose

Un homme de 88 ans a été opéré du coeur sous hypnose

Le 26 septembre 2018

Un homme âgé de 88 ans a été opéré du coeur à Lille pour la première fois, sans anesthésie lourde, mais sous hypnose. 

Un octogénaire opéré de l’aorte sous hypnose 

Gérard Courtois, âgé de 88 ans, a été opéré du coeur sous hypnose, au CHU de Lille. L’intervention délicate, qui consistait à changer une valve aortique, nécessite en principe une lourde anesthésie locale ou générale, et l’utilisation notamment de morphine et d’anxiolytiques. Or, les patients âgés sont « plus sensibles aux effets secondaires » de ces médicaments, comme l’explique le professeur Arnaud Sudre, chef du service chirurgie interventionnelle au CHU de Lille, à nos confrères de France Bleu Nord, pouvant aller jusqu’à « entraîner une confusion neurologique ». 

Les médecins étaient prêts à injecter au patient à tout moment les anesthésiques habituels, au cas où l’hypnose ne fonctionne pas. « On est parti un peu dans l’inconnu pour être honnête. Finalement, l’intervention s’est déroulée comme d’habitude pour moi, les gestes étaient les mêmes. Et le patient va très bien », raconte le professeur Sudre au micro d’Europe 1. L’hypnose permet par ailleurs au patient de récupérer immédiatement, précise-t-il.

8 patients sur 10 seraient réceptifs à l’hypnose 

Selon les journalistes de France Bleu Nord, « 80% des patients peuvent être réceptifs à l’hypnose ». Et ce fut le cas pour Gérard Courtois, qui raconte que si c’était à refaire, il recommencerait ! Hélène Sergent, l’infirmière qui a pratiqué l’hypnose durant l’intervention, a pris le temps de discuter avec l’octogénaire pour lever ses appréhensions avant l’opération. « Je suis allée le voir la veille. Nous avons discuté de son environnement, de ses passions, ce qui m’a permis de l’amener dans un monde qu’il aimait », explique-t-elle.

Le patient était tellement détendu que pendant l’intervention, qui a duré une heure, il a raconté ses nombreux voyages avec son épouse, parlé de sa passion pour le jardinage et a même dormi sans s’en rendre compte. « En parlant de tout ça, on oublie totalement ce qu’il se passe, on est transféré ailleurs », confie-t-il, 2 jours après son opération. Une première dans ce CHU de Lille, qui devrait poursuivre l’hypnothérapie puisque « quatre infirmières de ce service de chirurgie interventionnelle du CHU vont être formées prochainement à l’hypnose » selon France Bleu Nord.

Aurélie Giraud

À lire aussi Pour quoi pouvez-vous faire de l’hypnose ?

Les Nouvelles de PasseportSanté.net

Hypnose médicale : quand est-elle efficace ? (rapport remis au ministère de la Santé, France)

Dans un rapport remis à la Direction Générale de la Santé, des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont évalué l’efficacité de l’hypnose dans le traitement de plusieurs pathologies.

L’hypnose, précisent-ils, n’est ni un état de vigilance ni un état de sommeil, mais un état modifié de conscience. À l’échelle biologique, des techniques d’imagerie cérébrale ont mis en évidence des modifications de l’activité de certaines régions cérébrales lors de suggestions chez une personne sous hypnose.

Sont distingués trois types d’hypnose médicale : l’hypnoanalgésie qui est utilisée comme méthode antalgique, l’hypnosédation qui couple l’hypnose à des produits anesthésiques et enfin l’hypnothérapie à visée psychothérapeutique.

En plus de ces pratiques, le rapport s’intéresse à la technique de l’EMDR – « Eye Movement Desensitization and Reprocessing » ou « désensibilisation et retraitement par mouvements oculaires » – car elle fait intervenir certaines pratiques issues de l’hypnose. Elle a été développée pour traiter le syndrome de stress post-traumatique.

En France, le terme d’hypnothérapeute n’est pas protégé et les formations à l’hypnose sont dispensées autant par les universités (diplômes non reconnus par l’ordre des médecins) que par des associations ou des organismes privés.

L’étude menée par Bruno Falissard et ses collègues (1) a analysé 52 essais cliniques portant sur l’hypnose ainsi que 17 essais concernant l’usage de l’EMDR.

Les études, concluent-ils, confirment le potentiel de l’hypnose pour le traitement du syndrome du côlon irritable. Des séances régulières d’hypnothérapie limiteraient les symptômes digestifs.

Elles montrent aussi que, grâce à l’hypnose, l’usage de médicaments antalgiques ou sédatifs peut être réduit lors d’interventions chirurgicales sous anesthésie locale ou générale.

Les données actuelles, rapportent-ils, n’assurent pas l’avantage de l’hypnose par rapport aux traitements classiques du syndrome de stress post-traumatique, mais l’EMDR aurait fait ses preuves. Les thérapies cognitivo-comportementales centrées sur le traumatisme et l’EMDR seraient même les plus efficaces des psychothérapies dans ce cas.

Mais les données actuelles sont insuffisantes pour la majorité des autres applications de l’hypnose telles que la prise en charge de la douleur pendant l’accouchement, la prévention de la dépression post-partum, la schizophrénie, le sevrage tabagique et les soins dentaires chez l’adulte et l’enfant.

Aucun effet indésirable grave ne paraît attribuable à l’hypnose.

Le rapport recommande la « création d’un système de surveillance pour recueillir les données issues du terrain, mais surtout pour éviter le risque inhérent à tout recours alternatif aux thérapeutiques non conventionnelles : celui de retarder ou d’entraver l’accès à des soins conventionnels qui seraient par ailleurs nécessaires ».

(1) Juliette Gueguen, Caroline Barry et Christine Hassler

Psychomédia avec sources : Inserm (communiqué), Inserm (rapport).
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Hypnose : elle est aussi efficace chez les enfants

Chez le psychologue ou chez le dentiste, l’hypnose a montré son efficacité sur les enfants. Ils sont même souvent plus réceptifs que les adultes !

Les techniques utilisées sont un peu différentes. Les suggestions passent plus par des gestes, des jeux, de la musique ou un échange sur leur film préféré, que par un discours du médecin. En interprétant un personnage, l’enfant peut, sans s’en rendre compte, exprimer ses angoisses plus facilement, puis s’en libérer avec l’appui du thérapeute. « La clef est de capter leur intérêt. Quand je fais de la thérapie par le jeu, les signes d’une transe hypnotique apparaissent très rapidement. Je vais donc pouvoir arriver avec une suggestion et là, c’est très efficace », précise Marie-Andrée Gougeon, psychologue.

« Un enfant entre en hypnose facilement, mais en ressort aussi vite. Donc lorsque je soigne une carie, par exemple, s’il ressent de la douleur, il sortira de sa transe immédiatement et sera difficile à calmer. C’est pourquoi il faut dès le départ donner un peu d’anesthésique, même si les doses restent plus faibles que sans l’hypnose », précise le Dr Jan Rienhoff, dentiste et orthodontiste à Hanovre (Allemagne). L’enfant, plus calme, se laisse alors soigner plus facilement, ce qui permet de réduire le nombre et la durée des consultations.

Autre intérêt : donner un rôle aux parents. « Pendant la consultation, je demande parfois à l’adulte présent de tenir la tête de son enfant et de la caresser doucement pour qu’il sache que sa mère ou son père est là. Ça le rassure et ça renforce l’action de l’hypnose », ajoute le Dr Rienhoff. Les parents peuvent aussi apprendre quelques exercices pendant les séances, qu’ils peuvent ensuite réutiliser à la maison avec leur enfant, pour calmer ses angoisses.

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