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Maigreur des mannequins : certificat médical et mention « photo retouchée » désormais obligatoires

Maigreur des mannequins : certificat médical et mention « photo retouchée » désormais obligatoires

Le 5 mai 2017.

La maigreur des mannequins est dans le viseur du gouvernement depuis de nombreuses années. La loi santé de 2016 s’est engagée à lutter contre ce fléau, qui pousse de nombreux jeunes à adopter des comportements alimentaires déséquilibrés. Désormais, les mannequins devront justifier d’un bon état de santé physique et leurs photos, si elles sont retouchées, devront en faire apparaître la mention.

Certificat médical obligatoire pour tous les mannequins

La France est bien décidée à lutter contre la maigreur excessive des mannequins. Dans un décret, publié le 4 mai 2017, le gouvernement a décidé de frapper fort pour ne pas encourager les jeunes à la maigreur et à l’anorexie. Désormais, les mannequins professionnels devront, afin d’exercer leur métier, fournir un certificat médical visant à prouver leur bon état de santé.

Toutes les photographies à usage commercial de ces mannequins devront en outre porter la mention « photographie retouchée » lorsque ce sera le cas. Dans ce décret, qui entrera officiellement en application le 1er octobre 2017, le ministère de la Santé précise que cette mention devra être « apposée de façon accessible, aisément lisible et clairement différenciée du message publicitaire ou promotionnel ».

Les troubles du comportement alimentaire touchent 600 000 personnes en France

Ces dispositions entrent dans le cadre de la loi Santé, qui a été votée en janvier 2016. Elle vise à accentuer la lutte contre les troubles du comportement alimentaire, qui font chaque année de nombreuses victimes en France.

Les troubles du comportement alimentaires touchent principalement les adolescentes et les jeunes femmes. Selon les chiffres de l’Assurance maladie, l’anorexie mentale toucherait jusqu’à 1,5 % des femmes, quand la boulimie affecterait environ la même proportion chez les 11-20 ans, qui représentent la population la plus concernée par cette maladie mentale. En tout, 600 000 jeunes seraient concernés par ce fléau, devenu la 2ème cause de mortalité chez les 15-24 ans.

Sybille Latour

En savoir plus sur les troubles de l’alimentation (anorexie, boulimie, hyperphagie)

Les Nouvelles de PasseportSanté.net

Et si les mannequins anorexiques étaient privées de podium?

regime-balanceHier, lundi 16 mars 2015, Marisol Touraine s’est exprimée sur BFM TV à propos des amendements qui vont être déposées dans le cadre du projet de loi Santé. Ils visent à lutter contre certaines images de maigreur trop souvent véhiculées par le milieu de la mode. Des amendements dont le but ultime est d’interdire purement et simplement le recours aux mannequins dénutris et l’apologie de l’anorexie.

C’est notamment le cas de celui du député PS de l’Isère Olivier Véran. S’il est adopté, les agences de mannequinat se verront interdire le recours à des mannequins s’ils sont diagnostiqués en état de dénutrition.

Même si elle a avoué ne pas avoir encore examiné ces textes dans le détail,  la ministre de la santé a déclaré «Je vais les soutenir (…) Je trouve que quand on est mannequin, on doit s’alimenter et prendre soin de sa santé. C’est un message important en direction des jeunes femmes, des jeunes filles qui voient en ces mannequins des modèles esthétiques».

Sur le même sujet : Anorexie / boulimie : une protéine bactérienne est mise en cause

Les TCA (troubles du comportement alimentaire) tels que l’anorexie mentale, la boulimie, l’hyperphagie touchent environ 5% à 10% de la population générale sans que l’on connaisse les mécanismes biologiques en cause. Des chercheurs de l’Unité Inserm 1073 « Nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau » (Inserm/Université de Rouen) ont récemment révélé l’implication d’une protéine produite par certaines bactéries intestinales qui serait à l’origine de ces troubles. Les anticorps produits par l’organisme contre cette protéine réagissent aussi avec la principale hormone de la satiété en raison d’analogies de structures. Selon les chercheurs, ce mécanisme qui induit des variations de la prise alimentaire pourrait à terme être corrigé. Ces résultats sont publiés dans la revue Translational Psychiatry.

L’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie sont des troubles du comportement alimentaire (TCA). Si l’on ajoute les formes moins bien définies ou atypiques, les TCA concernent 15-20% de la population, en particulier chez l’adolescent et l’adulte jeune. Malgré différentes études psychiatriques, génétiques ou neurobiologiques, le mécanisme moléculaire à l’origine de ces troubles reste mystérieux. La caractéristique commune aux différentes formes de TCA est la dérégulation de la prise alimentaire, diminuée ou augmentée selon les cas.

L’équipe de Sergueï Fetissov au sein de l’unité mixte de recherche 1073 « Nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau » (Inserm/Université de Rouen) dirigée par Pierre Déchelotte, étudie les liens entre l’intestin et le cerveau qui pourraient expliquer ce dérèglement.

Le sosie de l’hormone de la satiété

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont identifié une protéine qui s’avère être le sosie de l’hormone de la satiété (mélanotropine). Cette protéine (ClpB) est fabriquée par certaines bactéries telles qu’Escherichia coli présentes naturellement dans la flore intestinale. En présence de la protéine, des anticorps sont produits par l’organisme et dirigés contre celle-ci. Ils vont aussi se lier à l’hormone de la satiété du fait de son homologie de structure et donc modifier l’effet satiétogène de l’hormone. La sensation de satiété est atteinte (anorexie) ou n’est plus atteinte (boulimie – hyperphagie). Par ailleurs, la protéine bactérienne apparait elle-même avoir des propriétés anorexigènes.

Des variations de la prise alimentaire en présence de la protéine bactérienne

Pour aboutir à ces résultats, les chercheurs ont modifié la composition de la flore intestinale de souris pour étudier leur réponse immunologique et comportementale. La prise alimentaire et le taux d’anticorps contre la melanotropine du 1er groupe de souris, ayant reçu des bactéries E.coli mutées (pas de production de ClpB), n’ont pas changé. Au contraire, le taux d’anticorps et la prise alimentaire varient pour le 2ème groupe d’animaux ayant reçu des E. coli produisant des protéines ClpB.

L’implication probable de cette protéine bactérienne dans les troubles du comportement alimentaire chez l’homme a été établie grâce à l’analyse des données de 60 patients.

L’échelle standardisée « Eating disorders inventory-2 » a permis le diagnostic des patients et l’évaluation de la sévérité de leurs troubles à partir d’un questionnaire sur leurs comportements et leurs émotions (envie de maigrir, boulimie, peur de la maturité…). Les taux plasmatiques d’anticorps dirigés contre ClpB et la mélanotropine sont plus élevés chez ces patients. De plus, leur réponse immunologique va déterminer le développement des troubles alimentaires vers l’anorexie ou la boulimie.

Ces données valident ainsi l’implication de la protéine bactérienne dans la régulation de l’appétit et ouvre de nouvelles perspectives de diagnostic et de traitement spécifique des troubles du comportement alimentaire.

Corriger l’action du sosie de l’hormone de la satiété

« Nous travaillons actuellement au développement d’un test sanguin basé sur la détection de la protéine bactérienne ClpB. Si nous y arrivons, il permettrait la mise en place de thérapies spécifiques et individualisées des troubles du comportement alimentaire » soulignent Pierre Déchelotte et Sergueï Fetissov, auteurs de cette étude.

En parallèle, les chercheurs étudient chez la souris comment corriger l’action de la protéine bactérienne pour empêcher la dérégulation de la prise alimentaire qu’elle engendre. « D’après nos premières observations, il serait en effet possible de neutraliser cette protéine bactérienne par des anticorps spécifiques sans affecter l’hormone de la satiété » concluent-ils.

Cette étude a été réalisée en collaboration avec d’autres équipes et plateformes de l’Institut de Recherche et de l’Innovation de Normandie (IRIB) à Rouen et avec l’Université de Tartu (Estonie). Elle étude prolonge d’autres travaux de l’équipe de recherche publiés en 2013 qui révélaient des mécanismes moléculaires d’augmentation de l’appétit par des immunoglobulines protégeant l’hormone de la faim (ghréline) au cours de l’obésité.

Ces travaux ont fait l’objet de deux demandes de brevets déposés par Inserm Transfert.

Communiqué Salle de presse de l’Inserm – Anorexie / boulimie : une protéine bactérienne mise en cause


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