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Antidépresseurs Prozac et Luvox contre la COVID-19 : le mode d’action se précise

Un mécanisme par lequel certains antidépresseurs, et d’autres médicaments, pourraient protéger contre l’infection par le SARS-CoV-2 responsable de la COVID-19 se précise, montrent des chercheurs qui ont publié, en octobre 2021 dans la revue ».

Des données in vitro, rapportent-ils, montrent qu’une enzyme présente dans les cellules, la sphingomyélinase acide (ASM), est activée par le virus lors de sa fixation au récepteur cellulaire ACE-2, induisant la synthèse de « céramides » dans la membrane des cellules. Ces études démontrent que ces céramides servent de porte d’entrée au virus pour infecter les cellules.

Des données cliniques indiquent aussi « que des taux plasmatiques élevés de céramides sont significativement et fortement associés à la gravité clinique de l’infection et à la sévérité de l’inflammation chez des patients atteints de COVID-19. »

Réduire l’activité de cette enzyme protège contre l’infection, montrent Nicolas Hoertel de l’Université de Paris (Inserm) en collaboration avec Johannes Kornhuber et Erich Gulbins des universités Erlangen-Nuremberg et Duisburg-Essen (Allemagne).

La diminution de la quantité de céramides ou le blocage des céramides par des inhibiteurs de l’ASM, la régulation génétique de l’ASM, des anticorps anticéramides ou la dégradation par la céramidase neutre protège contre l’infection. Alors que l’ajout de céramide rétablit l’infection.

Plusieurs médicaments déjà approuvés, dits FIASMA (pour « functional inhibhibiteurs fonctionnels de la sphingomyélinase acide »), inhibent l’ASM.

L’antidépresseur fluvoxamine (Luvox, Floxyfral) a montré des effets bénéfiques sur la COVID-19 dans une étude prospective randomisée et une étude prospective ouverte en conditions réelles, rapportent les chercheurs. Des études rétrospectives et observationnelles ont aussi montré des effets favorables des antidépresseurs FIASMA, dont la fluoxétine (Prozac), ainsi que de l’antihistaminique hydroxyzine (Atarax) sur l’évolution de la COVID-19.

Plusieurs essais cliniques utilisant la fluvoxamine ou la fluoxétine, « nécessaires pour confirmer ces résultats très encourageants », sont en cours dans plusieurs pays (États-Unis, Canada, Afrique du Sud, Brésil et Croatie), rapporte le communiqué de l’Inserm.

« Cette publication conclut que l’activité de l’enzyme ASM et les taux plasmatiques de céramides pourraient permettre une meilleure compréhension de cette infection et de ses facteurs de risque de mauvais pronostic, ainsi que des effets antiviraux, anti-inflammatoires et cliniques observés avec les médicaments inhibiteurs fonctionnels de l’ASM, et notamment la fluoxétine et la fluvoxamine », résument les chercheurs.

 

Le sommeil, plus actif que le Prozac pour lutter contre la dépression?

Alors que la dépression concerne plus de 350 millions de personnes dans le monde selon les données de l’OMS, les recherches d’un laboratoire américain sur ce trouble mental pourraient bien aboutir au traitement, «le plus efficace depuis l’introduction du Prozac en 1987», rapporte le New York Times. Et ça passe par le traitement de l’insomnie.

Les personnes dépressives sont en général sujettes à l’insomnie. En 2012, le Figaro Santé notait, qu’entre insomnie et dépression, «plus qu’un lien de cause à effet, il s’agirait d’une association, d’une comorbidité».

Par exemple aux Etats-Unis, la dépression touche 18 millions de personnes chaque année, et plus de la moitié d’entre elles ont des insomnies, rapporte le NYT. En France, près de 9 millions de personnes ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie, selon des chiffres de l’INPES de 2005. On ne sait pas combien d’entre eux sont insomniaques. En revanche, de manière plus générale, selon le Figaro, un Français sur cinq souffre d’insomnie chronique, dont 9% d’insomnie sévère.

L’idée est simple:

«Soigner des personnes dépressives de leur insomnie pourrait doubler leur chance de guérir complètement.»

Le Dr Colleen E.Carney, l’auteure du rapport présentant les premiers résultats d’une série de quatre études, explique sur son blog:

«Améliorer le sommeil chez les personnes atteintes de dépression produit de bien meilleurs taux de guérison de la dépression que notre approche actuelle de la dépression qui consiste à ne traiter que la dépression, nos résultats pourraient donc améliorer concrètement le traitement de la dépression.»

La thérapie utilisée par Carney s’appelle la Cognitive behavioral therapy for insomnia (thérapie cognitive et comportementale pour l’insomnie). Elle consiste à apprendre aux patients à respecter un horaire fixe de lever, à sortir de leur lit pendant les périodes d’éveil, éviter des activités comme manger, lire ou regarder la télévision dans son lit, et éliminer les siestes pendant la journée.

Et les premiers résultats sont probants:

«87% des patients qui ont résolu leur insomnie en quatre sessions de “talk therapy”, à raison de deux par semaine, ont aussi vu les symptômes de la dépression disparaître après 8 semaines de traitement, que ce soit avec des antidépresseurs ou un placebo, soit à peu près deux fois la proportion de ceux qui n’ont pas réussi à venir à bout de leur insomnie.»  

Pour l’instant pourtant ces conclusions sont à relativiser, puisque l’enquête du Dr Carney n’a été menée que sur 66 patients. Il va donc falloir attendre les résultats des autres équipes de scientifiques (Stanford, Duke et l’université de Pittsburgh) pour avoir une idée plus précise de l’efficacité réelle du dispositif.

Pour patienter, il y a toujours les pâtisseries qui semblent être assez efficaces. 

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