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La Réunion, Guadeloupe, Guyane: la bataille du sucre

DOM 1-Sucre 0. Peu de gens le savent en France métropolitaine, mais les départements d’outre-mer mènent contre l’obésité et le diabète une guerre longue et difficile. Et inégale. La faute à des teneurs en sucre explosives dans les aliments qui sont vendus dans les départements d’Outremer. Claudine Robert-Hoarau[1], diététicienne-nutritionniste à Saint-Denis de La Réunion donne quelques exemples:

«Selon une étude effectuée par l’ARS et la DAAF[2], les “tonics et bitters” auraient une teneur en sucre à la Réunion de plus 28% que celle contenue dans les produits fabriqués en Métropole et les yaourts aux fruits de +12%.»

Des écarts qui pouvaient osciller entre 34,66% et 48,59% sur un produit tel que le Fanta orange[3].

L’adoption, en mai dernier, d’une loi visant à aligner le taux de sucre des aliments sur celui de la Métropole s’avère donc une étape décisive dans ce combat. Toutefois, pour que la victoire soit complète, il faut parvenir à modifier des pratiques et des habitudes ancrées depuis des décennies.

Pourquoi les produits sont-ils plus sucrés?

Comme nous le rappelle la députée guadeloupéenne Hélène Vainqueur-Christophe[4]«il n’existait aucune loi, ni en France métropolitaine, ni dans les départements d’outre-mer, réglementant le taux de sucre dans les aliments ou encore les dates de péremption. Il y avait simplement des pratiques […] Ce texte obligera les industriels à baisser le taux de sucre de tous les produits». Dans la mesure où les usages des industriels sont fréquemment différents dans les départements d’outre-mer, les produits de consommation courante avaient une concentration en sucre supérieure à celle des mêmes produits de mêmes marques vendus en France hexagonale.

Pour expliquer l’importance de ces écarts, tout le monde y va de son interprétation: «C’est peut-être dû au fait que nous sommes producteur de sucre. Nous avons donc une relation au sucre différente que les pays qui n’en produisent pas», suppose la diététicienne-nutritionniste guyanaise Armide Lafortune. Pour Claudine Robert-Hoarau, «deux raisons expliquent cette différence. La première est liée à des contraintes industrielles: La Réunion ne produisant pas assez de lait, le recours au lait reconstitué à base de lait en poudre est nécessaire. De ce fait, la teneur en lactose est plus importante et par là même la teneur en glucides sur le produit fini. La deuxième se situerait au niveau gustatif, des tests d’acceptabilité ayant été effectués sur des consommateurs».

Et la députée guadeloupéenne Hélène Vainqueur-Christophe de rappeler l’argument que les industriels aiment à lui répéter:

«Bien que départements français, les Antilles-Guyane sont dans la zone Amérique et celle-ci répond à des normes particulières.»

Comment expliquer dans ce cas que Mayotte et La Réunion aient pu constater des écarts équivalents?

Le surpoids, l’obésité et le diabète atteignent des niveaux record dans les DOM comparativement à la situation de l’Hexagone. Selon une enquête menée par l’ARS sur des enfants de CM2 pour l’année scolaire 2011-2012,  26,2% d’entre eux sont en surpoids contre 19,7% en France métropolitaine et 8,7% en situation d’obésité contre 3,7% en Métropole.

D’autre part, un adulte sur deux serait en surpoids ou obèse à la Réunion. Aux Antilles-Guyane, la situation est quasiment équivalente. En 2009, on recensait 9,3% d’obèses chez les 5-14 ans en Martinique, 8,9% en Guadeloupe et 6,4% en Guyane. Quant aux taux de prévalence du diabète, ils sont également plus élevés dans les DOM avec notamment 8,8% à La Réunion en 2009 contre 4% pour la moyenne française[5].

Toutefois, Claudine Robert-Hoarau réfute l’idée que le sucre puisse être à lui seul responsable de ce fléau:

«Ce n’est pas un produit particulier qui est à l’origine du diabète et de l’obésité mais l’alimentation globale associée à d’autres facteurs. L’obésité est une maladie multifactorielle. Il s’agit d’une interaction entre le facteur génétique et les facteurs environnementaux, c’est-à-dire une alimentation trop riche et un manque d’activité physique.»

Alors, plus de cari ou d’accras?

Bien sûr, il n’est nullement question de dire adieu à un bon cari, aux accras, aux samossas, ni même aux nombreux plats en sauce ou encore aux sorbets coco, aux tourments d’amour et au ti punch… Non, le défi consiste à conserver ces traditions mais avec le souci de l’équilibre et de la modération. Selon Armide Lafortune, «il s’agit de réconcilier les pratiques culturelles et les besoins vitaux en sucre».

S’il est vrai que la loi va dans le bon sens en englobant tous les produits fabriqués par l’industrie agro-alimentaire y compris les préparations locales, les diététiciens restent mesurés quant à son impact sur la santé publique: «Je ne pense pas qu’elle aura un impact direct sur la réduction de l’obésité, mais elle permet une sensibilisation au problème», explique Armide Lafortune. Pour sa part, Claudine Robert-Hoarau affirme:

«Cette loi ne change en rien ma pratique […] Un produit sucré (qu’il soit plus ou moins sucré) reste un produit sucré qu’il faut apprendre à consommer. Il est donc nécessaire de modifier les comportements et les habitudes alimentaires tout en gardant le plaisir de manger. C’est ce que je préconise à mes patients[6]».

Aussi, la nécessaire réforme du bol alimentaire est en marche; à pas lents certes, mais en marche. Il semblerait que les instances régionales aient parié sur l’éducation du jeune public. En Guyane, par exemple, «des actions sont faites auprès des écoles pour sensibiliser les enfants». «En Guadeloupe, nous dit Hélène Vainqueur-Christophe, des programmes d’éducation à l’alimentation sont mis en place par la région dans le cadre scolaire mais aussi associatif» et à La Réunion «l’Agence de santé de l’Océan Indien a entrepris de mettre en place de nouvelles mesures pour favoriser une alimentation plus équilibrée en restauration scolaire où l’obésité infantile est préoccupante», nous indique Claudine Robert-Hoarau.

En attendant que s’installent de meilleures habitudes alimentaires, les industriels s’activent pour proposer des produits moins sucrés. Au passage, puisque la loi l’exige désormais, ils devront mettre fin à ce que Hélène Vainqueur-Christophe appelle une «arnaque alimentaire». Les dates de péremption des aliments qui pouvaient selon la député «atteindre jusqu’à trois cents jours de différence» devront désormais être alignées sur celles de la Métropole. Le mois prochain, la DGCCRF se verra confier la mission de sanctionner les éventuels contrevenants.

Harry Eliezer


[1] Auteur de Diététique gourmande, les bons réflexes pour une alimentation équilibrée aux éditions Dangles. Retourner à l’article

[2] ARS: Agence Régionale de la Santé – DAAF: Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de la Réunion. Retourner à l’article

[3] Rapport de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale du 28 septembre 2011. Retourner à l’article

[4] Maire de la commune de Trois-Rivières et rapporteur du projet de loi voté le 21 mai 2013. [5] Source: Institut de Veille Sanitaire – novembre 2010. [6] in Diététique gourmande, les bons réflexes pour une alimentation équilibrée.

A votre santé! – Slate.fr

Épidémie de bronchiolite à la Réunion

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Depuis la semaine du 24 décembre 2012, l’activité médicale liée à la bronchiolite est en baisse dans les services d’urgences. Toutefois, les effectifs atteints se situent toujours au-dessus des moyennes saisonnières.

Par ailleurs, les analyses virologiques montrent que la circulation du VRS s’est intensifiée sur l’île au cours du mois de décembre 2012. La surveillance de ces indicateurs sera poursuivie dans les semaines à venir afin de déterminer si la tendance à la diminution observée dans les services d’urgences se confirme et
annonce la fin de l’épidémie.

Dans tous les cas, il convient de souligner l’importance de maintenir les mesures de prévention adéquates pour lutter contre la transmission de la bronchiolite (cf ci-dessous).

En zone tropicale, la recrudescence des cas de bronchiolite est habituellement observée pendant la saison des pluies, mais peut parfois survenir plus précocement. Cette maladie virale touche principalement les enfants avant l’âge de 2 ans. Dans la très grande majorité des cas, la bronchiolite évolue de manière favorable, spontanément ou plus souvent avec l’aide d’une kinésithérapie. Dans de rares cas, cette pathologie impose l’hospitalisation, afin de pouvoir surveiller la fonction respiratoire et, éventuellement, de mettre en oeuvre des mesures de réanimation. Les décès imputables à la bronchiolite aiguë sont très rares.

40 % de cancers pourraient être évitésDans plus de 7 cas sur 10, la bronchiolite de l’enfant est due au virus respiratoire syncytial (VRS). Les autres agents responsables sont les virus parainfluenza, adénovirus… Le virus se transmet par la salive, les éternuements, la toux, le matériel souillé par une personne enrhumée et par les mains. Ainsi, un rhume de l’enfant et de l’adulte peut être à l’origine d’une bronchiolite chez le nourrisson. La bronchiolite qui est facilement diagnostiquée par le médecin ou le pédiatre relève dans la très grande majorité des cas (95 %) d’une prise en charge en ville.

L’application de mesures d’hygiène simples permet de prévenir la transmission de la maladie : le lavage des mains à l’eau et au savon de toute personne qui approche le nourrisson; l’aération correcte de la chambre du nourrisson tous les jours; le nettoyage régulier des objets avec lesquels le nourrisson est en contact (jeux, tétines…); et éviter le contact du nourrisson avec les personnes enrhumées et les lieux enfumés.

Les mesures à prendre en période d’épidémie ou quand on est enrhumé : porter un masque avant de s’occuper d’un nourrisson et éviter d’embrasser les enfants sur le visage.

Quand l’enfant est malade, il faut désencombrer le nez du nourrisson avec du sérum physiologique, donner à boire régulièrement au nourrisson et l’emmener rapidement chez le médecin en cas de gêne respiratoire et difficulté à s’alimenter. Si besoin, le médecin prescrira des séances de kinésithérapie respiratoire.

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