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Améliorer sa vie en recherchant la richesse psychologique

Après 20 années à étudier le bonheur et le bien-être, il est apparu à Shigehiro Oishi (Shige Oishi), chercheur en psychologie à l’Université de Virginie (États-Unis), qu’il devait y avoir autre chose dans une bonne vie que le bonheur et le sens, rapporte la psychologue Marianna Pogosyan dans Psychology Today. Une bonne vie, a-t-il estimé, peut être accessible, même quand le bonheur et le sens ne le sont pas.Afin d’élargir la notion de « vie bien vécue », il a proposé, avec Erin C. Westgate (Université de Floride) en 2021 dans Psychological Review, d’inclure la dimension de richesse psychologique, caractérisée par une variété d’expériences nouvelles, complexes et changeantes, dans les composantes d’une bonne vie.

Les trois facettes d’une bonne vie : heureuse, significative et psychologiquement riche

« En tant que dimension distincte, mais étroitement liée, d’une bonne vie, la vie psychologiquement riche diffère de la dichotomie hédonique-eudaimonique existante à plusieurs égards. Par exemple, si l’accent d’une vie heureuse est mis sur les émotions positives et la sécurité, et que l’accent d’une vie significative est mis sur les buts et la cohérence, alors les caractéristiques d’une vie psychologiquement riche sont la variété, l’intérêt et la perspective (Oishi & Westgate, 2021). Si un état d’esprit positif facilite une vie heureuse, et que les principes moraux facilitent une vie significative, alors la curiosité et la spontanéité faciliteront une vie psychologiquement riche. Si le résultat d’une vie heureuse est la satisfaction personnelle et que le résultat d’une vie significative est la contribution à la société, alors le résultat d’une vie psychologiquement riche, selon Oishi, est la sagesse. »

Marianna Pogosyan s’est entretenue avec le chercheur. Voici une traduction libre de cet interview.

À quoi ressemble une vie psychologiquement riche ?

« Une vie psychologiquement riche est une vie de curiosité et d’exploration. Il ne s’agit pas de courir sans cesse après des expériences nouvelles et passionnantes. Il s’agit plutôt d’une invitation à rester curieux de la vie dans sa plénitude, et à ne pas se limiter au confort de ce que l’on connaît déjà. »

Quel est le mécanisme qui permet à nos expériences, parfois même les plus difficiles, de s’ajouter à une vie bien vécue ?

« Considérez les différences entre la richesse matérielle et la richesse psychologique. La richesse matérielle, qui peut être de l’argent ou d’autres biens, est souvent tangible. Pour moi, l’équivalent psychologique de la richesse matérielle, ce sont nos histoires. Elles peuvent inclure nos souvenirs heureux et les contributions significatives que nous apportons à la vie d’autres personnes. Mais lorsqu’il s’agit de richesse psychologique, parfois même les expériences difficiles qui nous aident à grandir et à voir les choses sous un angle nouveau peuvent ajouter à notre richesse. En effet, il s’agit souvent d’expériences que nous traitons avec soin et réflexion, et qui se transforment en idées et en observations que nous pouvons emporter avec nous et partager avec d’autres.

Deux personnes peuvent avoir le même nombre d’expériences inhabituelles. Pour l’une d’entre elles, ces expériences s’additionneront pour donner lieu à de nouvelles idées et perspectives. Pour une autre personne, elles resteront des événements intéressants, mais disparates, qui ne contribuent pas à la croissance. Cette divergence est en partie liée à la personnalité, aux systèmes de valeurs et même à l’état d’esprit. Par exemple, si une personne souhaite vivre une vie esthétique, le fait de s’engager dans un art qui pousse à la réflexion peut être transformateur pour elle, par rapport à une personne qui n’est pas intéressée par ces valeurs. Le degré de réflexion est également important. La réflexion sur soi-même peut être ce qui lie les expériences entre elles pour qu’elles comptent dans une vie bien vécue. Lorsque nous réfléchissons profondément à nos expériences, les liens et les idées que nous recueillons peuvent s’accumuler pour former un tout plus riche. »

Vous affirmez qu’une vie psychologiquement riche se compose d’expériences dans lesquelles la nouveauté et la complexité sont suivies de changements de perspective. Pourquoi un changement de perspective est-il si important ?

« Un changement de perspective est précisément ce qui permet de saisir une partie de la croissance. Par exemple, la raison pour laquelle certaines expériences, comme les programmes d’études à l’étranger, peuvent être si transformatrices, est qu’elles nous font souvent découvrir de nouvelles façons de penser la vie. En retour, nous pouvons être encouragés à nous engager dans la nouveauté et la complexité de l’expérience d’une manière qui affecte notre compréhension du monde et conduit à la croissance.

D’un autre côté, une personne peut faire du saut à l’élastique pour rechercher des sensations, et cela ne changera peut-être rien à sa façon de voir la vie. Ainsi, le changement de perspective indique que nous avons été capables d’intégrer la nouveauté, la complexité et la profondeur de l’expérience d’une manière nouvelle et perspicace. »

Les expériences de seconde main, par exemple à travers la littérature et le cinéma, peuvent-elles contribuer à une vie psychologiquement riche ?

« La littérature, la poésie, le cinéma, la musique et l’art peuvent considérablement enrichir nos vies. Je pense que les humains ont créé l’art et la culture essentiellement pour s’aider à vivre une foule d’expériences de seconde main. Comme l’a écrit Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu, un roman peut nous aider à vivre les joies et les peines de toute une vie en l’espace de quelques heures. Si les expériences de première main sont évidemment plus réelles, les mondes imaginaires créés par les romanciers sont parfois tout aussi vivaces. »

Comment ajouter de la richesse psychologique à nos vies ?

« Une bonne leçon peut être tirée des études sur le regret. D’après les recherches, le regret à court terme concerne généralement quelque chose que vous avez fait, tandis que le regret à long terme concerne quelque chose que vous n’avez pas fait. Si vous demandez à des personnes âgées quels sont leurs regrets, il s’agit souvent de ne pas avoir vécu diverses expériences, de ne pas avoir accepté une offre d’emploi, de ne pas avoir fait ceci ou cela. Cet état d’esprit peut nous aider à être plus disposés à faire des changements. »

Que peut nous apprendre la recherche sur la richesse psychologique à propos de la bonne vie ?

« Parfois, les gens sont tellement obsédés par le bonheur qu’ils s’efforcent activement d’orienter leur vie dans une seule direction : celle des émotions positives et du confort. Mais la vie est imprévisible et, malheureusement, pas toujours agréable. La richesse psychologique implique d’accepter la vie telle qu’elle se présente, dans sa globalité. Si nous considérons les histoires que nous accumulons et partageons avec d’autres comme la monnaie de la richesse psychologique, nombre de nos expériences peuvent nous apporter de nouvelles perspectives et nous propulser vers la croissance, ce qui constitue une richesse. »

« Pour moi, cette recherche diversifie les façons dont les gens peuvent mener une bonne vie », conclut le chercheur. « Parfois, lorsque le bonheur et le sens sont difficiles à trouver, ou si vous n’y êtes pas prédisposé, vous pouvez quand même éprouver du bien-être et avoir une vie bonne et admirable en menant une vie psychologiquement riche. »

Pour se faire des amis : montrer des signes de richesse et de statut social ou pas ?

Lorsqu’il s’agit de se faire de nouveaux amis, les symboles de richesse ou de statut social rendent une personne moins attrayante, selon une étude publiée dans la revue Social Psychological and Personality Science (SPPS).

« Souvent, nous pensons que les symboles de statut, tels que des produits de luxe, nous rendront socialement plus attrayants aux yeux des autres », note Stephen Garcia, chercheur en psychologie sociale à l’Université du Michigan.

« Mais nos recherches suggèrent que ces signaux de statut nous rendent moins attrayants socialement », rapporte-t-il.

Garcia et ses collègues ont mené six expériences dans lesquelles les participants se présentaient comme des amis potentiels pour les autres, ou bien évaluaient d’autres personnes pour déterminer avec qui ils voudraient être amis.

Les personnes se présentant à un nouveau groupe comme amis potentiels avaient tendance à choisir d’afficher des éléments de statut social plus élevé. Pourtant, elles préféraient être amies avec des personnes affichant des symboles de statut inférieur ou neutre.

Afin de contrôler la possibilité que des produits de luxe particuliers puissent jouer un rôle dans les réactions des participants, les chercheurs ont mené une expérience dans laquelle ils ont demandé aux gens lequel de deux t-shirts ordinaires ils porteraient lors d’un pique-nique pour se faire de nouveaux amis. Un t-shirt portait l’inscription « Walmart », et l’autre, l’inscription « Saks Fifth Avenue ».

76 % des participants qui se présentaient comme nouveaux amis potentiels ont choisi de porter le t-shirt « Saks Fifth Avenue », alors que 64 % ont choisi une personne portant le t-shirt « Walmart » comme ami potentiel.

Les résultats semblent cohérents d’un groupe socioéconomique à l’autre. La seule différence est que ce qui est considéré comme signe d’un statut élevé dépend du statut socio-économique d’une personne.

« Au niveau sociétal, nous gaspillons peut-être des milliards de dollars en symboles de statut coûteux qui, en fin de compte, empêchent les autres de vouloir s’associer avec nous », souligne Kimberlee Weaver Livnat de l’Université de Haïfa, coauteure. « Et dans la mesure où les amitiés proches sont importantes pour le bien-être, il se peut que nous nous fassions du tort par inadvertance ».

Une prochaine étape de recherche consiste à examiner le mécanisme qui explique pourquoi les gens commettent cette erreur, rapportent les auteurs. Est-ce qu’ils échouent à adopter le point de vue des autres qui les évaluent comme des amis potentiels ? Ou bien comprennent-ils exactement le point de vue des amis potentiels, mais pour une raison quelconque, choisissent-ils de toute façon des symboles de statut lorsqu’ils se présentent ?

Les symboles de statut social ne sont pas toujours nuisibles, soulignent les auteurs. Les résultats de cette étude ne s’appliquent qu’à la formation de nouvelles amitiés. Les symboles de statut peuvent très bien être bénéfiques à d’autres moments et dans d’autres contextes, par exemple lorsqu’il s’agit d’établir de nouveaux contacts d’affaires.

Pour plus d’informations sur la psychologie de l’amitié et du statut social, voyez les liens plus bas.

Voyez également :

Psychomédia avec sources : Society for Personality and Social Psychology, SPPS.
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