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Diabète : fabriquer de l'insuline avec des cellules souches

Diabète : fabriquer de l'insuline avec des cellules souches

Le 5 février 2019

Les chercheurs explorent des solutions pour restaurer la production d’insuline chez les diabétiques de type 1. Les cellules souches ont le vent en poupe pour cela, mais il demeure encore plusieurs obstacles.

Produire de l’insuline avec des cellules souches est possible

Ils sont 500, peut-être 600 millions dans le monde. Et leur nombre ne fait qu’augmenter tous les ans, victimes notamment de la mal-bouffe et de la sédentarité, mais aussi des nombreux perturbateurs endocriniens apparus dans notre environnement ces cinquante dernières années. Autant dire que les diabétiques attendent avec impatience qu’une équipe de chercheurs trouve un moyen de rétablir la fonction naturelle de production d’insuline qui incombe au pancréas.

On le sait, le diabète de type 1, qui impose aux malades de s’injecter plusieurs fois par jour de l’insuline, est provoqué par la destruction des cellules du pancréas chargés de la produire, et donc de réguler la concentration de sucre dans le sang. Plusieurs équipes cherchent donc à faire produire l’insuline par des cellules souches. Problème : même si le succès est au rendez-vous, les cellules produisant effectivement de l’insuline, impossible de réguler pour autant la glycémie !

Diabète : succès chez la souris, à quand chez l’homme ? 

Heureusement, une équipe de chercheurs de l’université de San Francisco semble avoir trouvé la solution. Comment ? Tout simplement en mimant l’organisation des cellules chargées de produire l’insuline dans le pancréas : celles-ci en effet se regroupent et forment des îlots, appelés îlos de Langerhans, du nom de leur découvreur. 

Les cellules souches programmées pour produire de l’insuline ont donc été agencées de la même manière, avant transplantation chez des souris qui avaient été privées de leurs îlots de Langerhans. Et ces cellules se sont mises à produire de l’insuline et à contrôler la glycémie de la souris, correctement. 

Ce progrès est énorme, mais il reste encore à passer à l’expérimentation humaine de cette technique. Ce qui prendra, forcément, encore quelques années, notamment en raison des risques de réactions immunitaires des transplantés. 

Jean-Baptiste Giraud

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Parkinson : une première transplantation de cellules souches réalisée

Des chercheurs de l’Université de Kyoto ont annoncé avoir transplanté des cellules souches dites « iPS » dans le cerveau d’un patient âgé d’une cinquantaine d’années atteint de la maladie de Parkinson.

Il s’agit de la première fois, au niveau mondial, que des cellules souches sont implantées dans le cerveau humain, rapporte la revue Nature.

Les cellules souches iPS (« cellules souches à pluripotence induite ») sont des cellules matures traitées pour revenir à un stade précoce de développement à partir duquel elles peuvent se différencier en n’importe quel type de cellules spécialisées de l’organisme.

Jun Takahashi et ses collègues ont dérivé les cellules précurseurs du neurotransmetteur dopamine en reprogrammant des cellules cutanées prélevées sur un donneur anonyme.

Le neurochirurgien Takayuki Kikuchi a implanté 2,4 millions de cellules précurseurs de la dopamine dans le cerveau du patient. Au cours de l’intervention de trois heures, les cellules ont été déposées dans 12 sites, connus pour être des centres d’activité de la dopamine.

Il a été démontré, chez le singe, que les cellules précurseurs de la dopamine améliorent les symptômes de la maladie de Parkinson.

Si l’essai se déroule bien, a indiqué Takahashi, le traitement pourrait être commercialisé dès 2023 dans le cadre du système d’approbation accéléré du Japon pour les traitements régénératifs.

Il s’agit de la deuxième utilisation de cellules souches chez l’humain au Japon. La première a constitué en cellules rétiniennes dérivées de cellules iPS pour remplacer le tissu oculaire endommagé par la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).

Pour plus d’informations sur la maladie de Parkinson et la médecine régénérative au moyen de cellules souches, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Scientific American, Nature.
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Des cellules souches pour soigner la maladie de Parkinson

Des cellules souches pour soigner la maladie de Parkinson

Lundi 12 novembre 2018.

La maladie de Parkison est un véritable fléau qui touche au minimum 10 millions de personnes dans le monde. Ou plus exactement, 10 millions de malades ont été dépistés, car dans les pays où le système de soins n’est pas suffisament développé, les victimes de cette dégénérescence neuronale sont tout simplement considérées comme séniles.

La thérapie génique à l’assaut de la maladie de Parkinson

Des dizaines d’équipes de par le monde tentent donc de trouver le remède miracle, capable au moins déjà de ralentir voire de stopper le développement de la maladie. D’autres s’orientent plutôt vers une autre voie : celle consistant à réparer les dommages provoqués par Parkinson. 

Au Japon, une équipe de chercheurs a initié un protocole expérimental d’un genre nouveau. Après manipulation génétique, elle est parvenue à transformer des cellules d’un patient malade en cellules souches pluripotentes. Ces cellules ont ensuite été injectées directement dans le cerveau malade d’un patient atteint de Parkinson. 

Des cellules souches pour réparer le cerveau

Le pari des chercheurs, audacieux, est que les cellules ainsi injectées vont aller directement s’installer dans les zones endommagées par la maladie et contribuer à réparer, restaurer, les fonctions cognitives détruites. 

Pour l’instant, l’équipe n’a communiqué que sur le succès de l’intervention et de la transformation des cellules du malade en cellules souches pluripotentes. Il faudra attendre plusieurs mois avant de savoir si l’injection a amélioré l’état de santé du malade. 

À lire aussi : À propos de la maladie de Parkinson

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Parkinson : un premier essai de traitement par cellules souches

Les iPS sont des cellules matures manipulées pour revenir à un stade précoce de développement à partir duquel elles peuvent se différencier en n’importe quelle des cellules spécialisées de l’organisme.

Dans cet essai, dirigé par Jun Takahashi de l’Université de Kyoto, un type de cellules qui se développent en neurones produisant de la dopamine (des progéniteurs dopaminergiques) sera injecté directement dans une région du cerveau jouant un rôle clé dans la dégénérescence neuronale associée à la maladie de Parkinson.

La maladie de Parkinson résulte de la mort de cellules cérébrales spécialisées qui produisent le neurotransmetteur dopamine. Un manque de dopamine entraîne une diminution de la motricité, ce qui entraîne des difficultés à marcher et des tremblements involontaires. Au fur et à mesure que la maladie progresse, elle peut mener à la démence.

La stratégie de l’essai consiste à dériver des progéniteurs dopaminergiques à partir de cellules iPS et à les injecter dans le putamen, une structure située à la base du cerveau antérieur (prosencéphale). Les chirurgiens perceront deux petits trous dans le crâne d’un patient et utiliseront un dispositif spécialisé pour injecter environ 5 millions de cellules.

Le groupe de Takahashi a rapporté l’an dernier que le traitement sur des singes a montré une amélioration significative toujours présente 2 ans après des injections de neurones préparés à partir de cellules iPS humaines.

Plutôt que de fabriquer des cellules iPS spécifiques aux patients, les chercheurs ont adopté la stratégie consistant à dériver les stocks de cellules iPS de donneurs sains ayant des types de cellules spécifiques qui sont moins susceptibles de provoquer un rejet immunitaire. « En utilisant des stocks de cellules, nous pouvons procéder beaucoup plus rapidement et à moindre coût », a déclaré Shinya Yamanaka, qui a remporté une part du prix Nobel de médecine en 2012 pour avoir découvert comment créer des cellules iPS. Comme précaution supplémentaire, les patients recevront un immunosuppresseur en même temps que les progéniteurs.

L’équipe prévoit recruter sept patients et les suivre pendant deux ans.

Il s’agit du troisième essai sur l’humain utilisant des cellules iPS approuvé au Japon. Le premie utilise des cellules rétiniennes dérivées de cellules iPS pour remplacer le tissu oculaire endommagé par la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Plus tôt cette année, une équipe de l’Université d’Osaka a obtenu l’approbation conditionnelle d’une étude sur les cellules iPS pour les cardiopathies ischémiques.

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Science Magazine.
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Des cellules souches pour soigner la DMLA, une première au Japon

La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie courante chez les personnes âgées. Une maladie qui pourrait sans doute bientôt être soignée grâce à des cellules souches. La science progresse et une nouvelle étape vient d’être franchie en ce sens au Japon.

Des chercheurs transforment des cellules de la peau en cellules rétiniennes

Les exploits scientifiques réalisés grâce à des cellules souches se multiplient dans le monde et une dernière prouesse, réalisée au Japon, vient récemment d’être relayée par Le Figaro Santé. Le quotidien révèle en effet que des chercheurs sont parvenus à transformer des cellules prélevées sur un donneur en cellules rétiniennes, pour soigner un patient atteint de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).

Cette intervention chirurgicale s’est déroulée dans les locaux du Centre de biologie du développement de l’institut Riken, au Japon, le 28 mars 2017, et selon les premières conclusions des médecins, cette transplantation s’est déroulée avec succès, bien que le patient qui avait accepté de se faire opérer ait été atteint d’une DMLA bien trop avancée pour espérer un quelconque changement.

15 % des plus de 80 ans présentent les symptômes d’une DMLA grave

Bien avant cette opération – et c’est là la réelle prouesse technique de cette opération -, les chercheurs sont parvenus à créer des cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR) à partir de cellules souches, elles-mêmes créées depuis les cellules matures de la peau d’un donneur anonyme. Cette étude permet à la science de faire un pas de plus dans le domaine. Il y a trois ans, une précédente intervention avait en effet permis la réalisation d’une greffe identique sur une femme de 77 ans, également atteinte de DMLA, mais les cellules utilisées ne provenaient pas d’un donneur extérieur mais d’elle-même.

La prochaine étape de cette étude clinique devra désormais prouver que ces cellules transformées peuvent améliorer la vue des personnes atteintes de DMLA à un stade où des progrès peuvent être réalisés. La dégénérescence maculaire liée à l’âge est la principale cause de malvoyance chez l’adulte de plus de 50 ans et actuellement, selon les chiffres de l’Assurance maladie, environ 15 % de la population de plus de 80 ans présentent une DMLA grave.

 

Cancer du sein : identification d’un interrupteur moléculaire contrôlant les cellules souches cancéreuses

Certaines cellules cancéreuses, qui sont des cellules souches, « sont résistantes au traitement et persistent. Si elles ont la capacité de proliférer à nouveau, même un très petit nombre de ces cellules peut suffire à reconstituer une tumeur après ou malgré le traitement. »

Pour éliminer ces cellules, « différentes approches ont été tentées au cours des dernières années : thérapies ciblées, vaccination, privation d’alimentation des tumeurs ».

Des chercheurs français de l’Inserm, dont les travaux sont publiés dans la revue Cell Reports, ont identifié une molécule d’ARN particulier qui joue le rôle d’interrupteur moléculaire capable « d’éteindre » ou « d’allumer » la prolifération des cellules souches cancéreuses (CSC) dans les cancers du sein.

Des travaux ont montré que les CSC « ont la capacité, quand elles sont isolées puis injectées dans des modèles animaux, de former une tumeur identique à celle d’origine. Ces cellules (…) peuvent proliférer (et ainsi s’auto-renouveler), se différencier (et ainsi donner naissance aux différentes populations qui composent la tumeur), ou encore entrer en dormance de façon momentanée, ce qui leur permet d’échapper à la plupart des traitements, puisque ceux-ci ciblent majoritairement des cellules en cours de division ».

Pour éliminer complètement la tumeur de façon à ce qu’elle ne puisse plus croître à nouveau, il faut neutraliser les CSC.

Or les micro ARNs ont été décrits comme des régulateurs capables d’orienter le « destin cellulaire » des cellules souches en général (notamment au cours de l’embryogenèse). Les chercheurs ont donc fait l’hypothèse qu’ils pourraient représenter des acteurs majeurs de la biologie des cellules souches cancéreuses.

« Les micro ARNs sont de petites molécules d’ARN qui, contrairement aux ARN messagers, ne servent pas d’intermédiaires dans la production d’une protéine à partir de l’information encodée dans les gènes, mais qui régulent l’activité d’autres ARNs ou de protéines. »

Christophe Ginestier et Emmanuelle Charafe-Jauffret de l’Inserm et leurs collègues ont criblé l’ensemble des micro ARNs présents dans le génome afin d’identifier des microARNs capables d’orienter le choix pour une CSC entre auto-renouvèlement ou différentiation.

« Ils ont ainsi observé que l’inactivation d’un micro ARN particulier, appelé miR-600 provoque une augmentation des CSC, alors que sa surexpression réduit la tumorigénicité. »

« Ils ont ensuite montré que le miR-600 fonctionne en agissant sur une enzyme nécessaire à l’activation d’une protéine (WNT) connue pour activer une cascade de signalisation impliquée dans l’embryogenèse. Quand ils inactivent le miR-600, les chercheurs observent l’expansion des CSC. A l’inverse, en augmentant la production de miR-600, la différenciation des CSC est favorisée aux dépens de leur prolifération : la progression tumorale est stoppée.

Ce mécanisme mis en évidence de façon expérimentale semble bien jouer un rôle dans le développement des cancers du sein, puisque les chercheurs ont aussi pu montrer, en analysant un panel de 120 tumeurs mammaires humaines, qu’un faible niveau de miR-600 est retrouvé associé à une forte activation de la protéine WNT et à un mauvais pronostic des patientes dont les tumeurs présentent ces caractéristiques.

“Si miR-600 est un interrupteur de l’agressivité tumorale, il peut donc constituer une excellente cible thérapeutique”, concluent les chercheurs. “Nos données tendent aussi à prouver que la résistance au traitement et la rechute après traitement pourraient être dues au fait que les thérapies utilisées ne ciblent pas les bonnes cellules cancéreuses”. »

Psychomédia avec sources : Inserm, Cell Reports.
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Des cellules souches pour soigner le cœur

Le 13 octobre 2016.

Une équipe de chercheurs de l’université Shinshu de Matsumoto au Japon est parvenue à greffer à des singes des cellules souches de cœur issues d’autres primates. Une première.

Pas de rejet par le système immunitaire

Régénérer des cœurs endommagés de singes en leur greffant des cellules cardiaques dérivées de cellules souches d’un autre primate. Telle est la prouesse scientifique que viennent d’accomplir des chercheurs japonais. Selon leurs travaux, parus dans la revue Nature, cette greffe n’entraînerait pas de rejet par le système immunitaire des singes.

Cette expérience ouvre de belles perspectives pour les scientifiques. Certains envisagent en effet déjà le développement de banques de cellules souches humaines, compatibles avec la majorité de la population pour réparer un cœur après un infarctus, par exemple. Cette découverte permettrait, par ailleurs, d’éviter « le long processus qui consiste à reprogrammer les cellules du patient », selon le Pr Sian Harding, un spécialiste de la médecine régénératrice de l’Imperial College de Londres.

Le cœur pompait en moyenne 8 % de sang en plus

Dans le détail, les chercheurs ont prélevé des cellules de peau chez un singe, qu’ils ont reprogrammées pour obtenir des cellules de muscle cardiaque. Ces cellules ont été ensuite « implantées dans le cœur de cinq macaques souffrant d’un infarctus artificiellement provoqué ». 12 jours après la greffe, le cœur des singes était en meilleure santé et pompait en moyenne 8 % de sang en plus. Petite ombre au tableau : des tachycardies ont été observées chez les animaux greffés.

Il est encore trop tôt pour espérer voir se développer ces banques de cellules souches humaines, cependant les chercheurs japonais espèrent pouvoir tester leur découverte chez l’homme d’ici quelques années. « Nous avons encore quelques obstacles, comme le risque de formation d’une tumeur ou encore d’arythmie (rythme cardiaque irrégulier) », a fait savoir le Pr Yuji Shiba, l’un des co-auteurs de l’étude.

À lire aussi : AVC : des cellules souches pour retrouver ses fonctions motrices

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Les cellules souches pour le traitement des maladies auto-immunes

Un nouveau traitement contre les maladies auto-immunes, développé par des chercheurs de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’AP-HP est en cours d’essai clinique de phase 1 chez l’homme, rapporte un communiqué de l’Inserm.

Les maladies auto-immunes peuvent toucher de nombreux organes et tissus : articulations, pancréas, peau, œil… Dans ces maladies, des lymphocytes T (des cellules du système immunitaire) attaquent spécifiquement des cellules de l’organisme. Ce qui entraîne un processus inflammatoire et la destruction progressive des cellules ciblées.

Ces maladies sont traitées avec des anti-inflammatoires ou des biothérapies permettant de limiter l’inflammation. Mais les échecs thérapeutiques et les rechutes sont fréquents.

La nouvelle approche, fondée sur l’utilisation de la thérapie cellulaire pour corriger la réponse immunitaire anormale, utilise les cellules T régulatrices (Treg).

« Il s’agit d’un type particulier de lymphocytes T qui régulent l’amplitude des réponses immunitaires et inflammatoires. Pour être efficaces, les Treg doivent reconnaitre des antigènes spécifiques à la surface des cellules d’un organe donné, afin de s’infiltrer dans le tissu inflammatoire et y être activées, explique Benoit Salomon, responsable de la validation préclinique de ces travaux. »

Les cellules Treg circulent naturellement dans le sang et les organes lymphoïdes. Mais elles s’y trouvent sous forme polyclonale, c’est-à-dire sous la forme d’un mixte de cellules Treg qui reconnaissent différents antigènes très variés.

Afin d’obtenir des Treg spécifiques du tissu cible, les chercheurs ont testé une stratégie consistant à court-circuiter les étapes d’activation et de recirculation des Tregs spécifiques qui ont physiologiquement lieu dans l’organisme. L’idée, précise le chercheur, est d’activer des Treg polyclonaux ex vivo pour mettre en route leur fonction régulatrice, puis de les réinjecter directement dans le tissu malade.

Les chercheurs ont choisi de travailler sur l’uvéite auto-immune, une inflammation de l’uvée, tunique intermédiaire de l’œil comprenant l’iris, le corps ciliaire et la choroïde, située en arrière de la rétine. « Il est plus facile de tester notre concept sur ce modèle car les cellules Treg activées sont injectées dans la cavité oculaire. Confinée et petite, la cavité permet de contenir les cellules injectées et de ne devoir recourir qu’à de faibles doses de cellules ».

Après avoir injecté des cellules Treg activées dans le corps vitré de souris souffrant d’uvéites, une nette amélioration du niveau d’inflammation de l’œil et des signes de la maladie a été constatée et s’est maintenue trois semaines après l’injection.

Un essai clinique de phase I/II a démarré chez des personnes présentant une forme très avancée d’uvéite. « L’objectif est pour l’instant de vérifier l’innocuité des cellules Treg préactivées. Si un effet bénéfique est observé, on pourrait envisager de tester cette nouvelle approche thérapeutique dans d’autres maladies auto-immunes, en espérant soulager durablement les patients », conclut le chercheur.

Psychomédia avec source : Inserm.
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1ère mondiale : des cellules souches pour réparer le coeur

Un espoir pour les insuffisants cardiaques. Le 21 octobre 2014, le Professeur Philippe Menasché et son équipe du service de chirurgie cardio-vasculaire de l’hôpital européen Georges Pompidou, AP-HP ont pratiqué une greffe de cellules cardiaques dérivées de cellules souches embryonnaires humaines*, selon un procédé développé par le Département de Biothérapies Cellulaires et Tissulaires de l’hôpital Saint-Louis, dirigé par le Pr Jérôme Larghero et grâce aux recherches menées par ce groupe au sein de l’Inserm. L’opération, couplée à un pontage coronaire* a été pratiquée chez une femme de 68 ans atteinte d’insuffisance cardiaque sévère. Dix semaines après l’intervention, la patiente se porte bien, son état s’est nettement amélioré, sans qu’aucune complication n’ait été observée. Cette avancée prometteuse a été présentée ce vendredi 16 janvier 2015 aux 25èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie. .

La greffe a été réalisée dans le cadre d’un essai clinique promu par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et grâce au travail d’équipes de l’AP-HP, de l’Inserm et des universités Paris-Descartes et Paris-Diderot. Les cellules cardiaques ont été préparées selon une technique mise au point par le Département de Biothérapies Cellulaires et Tissulaires de l’hôpital Saint-Louis. Le laboratoire de cytogénétique de l’hôpital Antoine Béclère et l’Agence Générale des Equipements et Produits de Santé, AGEPS de l’AP-HP ont également contribué à la préparation de cet essai de phase I, qui doit permettre de vérifier la sécurité et la faisabilité de la procédure.

Depuis 20 ans, le Professeur Menasché, aujourd’hui co-directeur d’une équipe Inserm au sein du PARCC (Paris-Centre de recherche Cardiovasculaire) et ses collaborateurs sont impliqués dans la thérapie cellulaire* de l’insuffisance cardiaque.
L’équipe a d’abord testé en laboratoire l’implantation de cellules souches de muscle squelettique dans des zones nécrosées du cœur. Le 15 Juin 2000, ces cellules ont été pour la première fois au monde greffées dans le cœur d’un patient insuffisant cardiaque. A la suite d’une première série de ces greffes, toujours couplées à des pontages coronaires, l’équipe a coordonné un essai multicentrique européen, randomisé et contre placebo dont les résultats n’ont toutefois pas permis d’établir un bénéfice significatif de ces cellules sur la fonction contractile du cœur des patients.

L’une des conclusions tirées de cet essai a été que pour être pleinement efficaces, les cellules greffées devaient ressembler autant que possible à celles du tissu à réparer, en l’occurrence le tissu cardiaque. Il a alors été décidé d’explorer la piste des cellules souches embryonnaires.
Issues d’embryons conçus dans le cadre d’une fécondation in vitro, ces cellules ont en effet la propriété d’être pluripotentes, c’est-à-dire qu’elles peuvent donner naissance à tous les types cellulaires de l’organisme, y compris naturellement les cellules cardiaques, dès lors qu’elles reçoivent les signaux appropriés pendant une période de culture au laboratoire.

En 2007, l’équipe alors composée entre autres, de Michel Pucéat, Directeur de Recherche Inserm et Philippe Menasché, montrait que des cellules souches embryonnaires humaines pouvaient se différencier en cellules cardiaques après leur implantation dans des cœurs défaillants de rats.
Depuis, de multiples expérimentations ont été conduites dans diverses espèces animales pour valider l’efficacité de ces cellules et optimiser les conditions permettant d’en garantir la sécurité maximale. Au terme de cette étape, une banque de cellules souches embryonnaires pluripotentes a été constituée dans des conditions satisfaisant à toutes les contraintes réglementaires qui s’appliquent aux produits biologiques à usage humain.
Puis, le Département de Biothérapies Cellulaires et Tissulaires de l’hôpital Saint-Louis toujours en lien avec des équipes Inserm a développé et testé les procédures de « spécialisation » de ces cellules pour en faire de « jeunes » cellules cardiaques.
La mise au point a ensuite porté sur la purification des cellules ainsi orientées afin de s’assurer que le produit final est expurgé de cellules qui auraient pu rester pluripotentes et seraient donc potentiellement tumorigènes.

L’expérience initiale avec les cellules souches musculaires ayant aussi montré les limites de l’administration des cellules sous forme d’injections multiples, leur transfert est désormais effectué sous forme d’un patch au sein duquel les cellules sont incorporées. Ce patch est alors déposé sur la zone de l’infarctus. A cette fin, après l’étape de purification, les cellules cardiaques sont incluses dans un gel circulaire de fibrine qui est appliqué, au cours de l’intervention chirurgicale, sur la région nécrosée et dont l’ancrage au tissu cardiaque est simplement assuré par quelques sutures.

« Ce type d’opération s’adresse aux insuffisants cardiaques graves qui ne répondent pas aux traitements médicamenteux habituels mais ne sont pas au stade d’un remplacement complet du cœur. Il s’agit d’une avancée prometteuse, dont nous espérons qu’elle enrichira l’arsenal thérapeutique aujourd’hui disponible pour traiter l’insuffisance cardiaque » explique le Pr Menasché. « Nous poursuivons l’essai clinique, qui nous autorise encore à pratiquer quatre autres greffes. D’ores et déjà, il semblerait que les bénéfices des cellules sont principalement liés aux substances qu’elles sécrètent. L’administration directe de ces substances, sans passer par une greffe des cellules productrices, est une piste à explorer ».

* Glossaire

Thérapie cellulaire : elle désigne les greffes de cellules visant à restaurer les fonctions d’un tissu ou d’un organe lorsqu’elles sont altérées par un accident, une pathologie ou le vieillissement. Ces thérapies ont bénéficié des avancées scientifiques récentes sur les cellules souches et nourrissent chez des millions de patients l’espoir d’une médecine régénérative.

Cellules souches embryonnaires ou pluripotentes : elles peuvent se répliquer indéfiniment (autorenouvellement), proliférer en culture et se différencier en plus de 200 types de cellules. Au cours du développement, elles ont vocation à former tous les tissus de l’organisme.

Pontage coronaire : technique qui permet de rediriger la circulation du sang vers le muscle cardiaque, en utilisant un greffon (provenant de la veine saphène, d’une artère du thorax…).L’une des extrémités du greffon est raccordée à l’aorte, la grande artère qui alimente les artères coronaires ; l’autre extrémité est raccordée à un endroit de l’artère coronaire, situé juste après le site d’obstruction. Ceci crée un détour permettant au sang chargé en oxygène de circuler vers le cœur.

Communiqué de presse de l’AP-HP
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